Faqat Litresda o'qing

Kitobni fayl sifatida yuklab bo'lmaydi, lekin bizning ilovamizda yoki veb-saytda onlayn o'qilishi mumkin.

Kitobni o'qish: «Quelques créatures de ce temps», sahifa 13

Shrift:

PEYTEL

«Cour d'Assises de l'Ain. – Audience du 30 août.-M. le Président prononce l'arrêt qui condamne Benoît-Sébastien Peytel à la peine de mort. – Au moment même où M. le Président vient de prononcer la peine terrible, on entend une voix du milieu de la foule s'écrier: «Vivent les jurés!»

Le pourvoi en cassation fut rejeté le 10 octobre.

Bourg, mardi 15 octobre 1839.

«Le 13, Peytel a appris de M. le curé le rejet de son pourvoi. Cette affreuse nouvelle ne lui a fait perdre ni son calme ni son énergie. Le curé était tellement ému que Peytel s'en aperçut et lui dit: Vous êtes agité, Monsieur le curé; pourquoi?.. Voyez, moi, je suis calme, jugez-en. Puis déboutonnant son gilet et sa chemise, il prit une de ses mains qu'il posa sur son cœur en lui disant: «Voyez si mon cœur bat plus vite que de coutume.

Gui…»

Bourg, le 16 octobre 1839.

«Croiriez-vous que ce matin, lorsque M. le curé est entré auprès de ce malheureux, il lui a dit presque souriant: Vous ne devineriez pas, Monsieur le curé, de quoi j'ai parlé hier pendant tout mon dîner avec le concierge? – Non. – De mon exécution… Et là-dessus, il est entré avec son calme ordinaire dans des détails vraiment inconcevables.

Gui…»

Si l'annonce du rejet de son pourvoi avait laissé Peytel calme, la possibilité de commutation de peine et la perspective du bagne le trouvaient plus ému et moins préparé; et avant de le décider à tenter un recours en grâce, son avocat, M. Margerand, et ses amis eurent à soutenir contre lui des luttes et des combats pendant lesquels cette lettre s'échappait de sa plume:

«Je n'ai pas changé de manière de voir, et n'en changerai pas, quoi qu'il advienne… Déshonoré met le comble à mes maux: je doute qu'il soit au monde un homme qui le sente mieux que moi. Lorsque votre lettre d'hier m'a été remise, je voulais faire une réponse en quatre mots; cette réponse sera encore faite de même sur votre papier. Ici vont se trouver quelques explications. Hier soir, j'ai lu à la lumière votre lettre; on a eu pour la première fois la complaisance de me donner un morceau de bougie gros comme un canon de plume, long d'un demi-pouce. Cette lumière m'a suffi pour lire deux fois votre épître et m'en bien pénétrer. A huit heures la fièvre m'a pris. A neuf, j'avais sept pulsations et demie dans l'espace de temps qui s'écoule entre deux coups frappés à l'horloge de la ville. Le mouvement habituel de mon pouls est de quatre et demi. C'est donc trois de plus qu'à l'ordinaire; cet état a duré jusqu'à deux heures du matin. Alors j'ai eu un redoublement de fièvre, j'ai eu une espèce d'hallucination; j'ai vu autour de moi mon père, mes oncles décédés, mes parents vivants. Je me suis levé, j'ai cherché à comprendre où j'étais, ce que j'étais, et j'ai fini par tomber sur les cadettes qui pavent mon cachot.

»A cinq heures, un fou qui est dans un cachot voisin m'a réveillé en frappant à coups redoublés contre la porte. Je me suis relevé, mis au lit et l'abattement m'a assoupi jusqu'à six heures et demie. Alors, j'ai lu et relu votre lettre, y ai fait un mot de réponse. C'est le seul mot précédé de points ci-dessus qui a produit cet effet. Car dimanche j'ai connu le rejet, et je n'ai pas changé de manière de faire ni de dire. Que m'importe la vie aujourd'hui? La vie du bagne est pour moi impossible, j'aime mieux la mort. Je serai si je vis encore un fardeau pour ma famille, pour ceux de mes enfants qui conserveront encore quelques sentiments pour moi, il vaut mieux que je meure. Qu'importe quelques jours de plus ou de moins avec le déshonneur? La prolongation de l'existence devient pesante, quelque énergie que l'homme se sente, quelque purs que soient ses sentiments, quelque peu mérités que soient les jugements portés contre lui, quelle que soit enfin la force et la grandeur de ce qu'il ferait dans la suite. L'homme déshonoré ne peut rien espérer, il a souillé son nom, souillé la lignée dont il sort, il a fait une blessure qui non-seulement porte préjudice aux branches, mais encore attaque la souche de sa généalogie. Un bon horticulteur tranche au vif une branche pareille; quelques années après, la cicatrisation s'opère, et l'arbre n'est nullement endommagé. Mais si la branche viciée reste sur l'arbre tout périclitera. Il vaut mieux la couper. Qu'on me tranche donc la tête.»

Un peu plus tard, Peytel se décida. Tous les efforts de ce qui lui restait d'amis se tournèrent vers la clémence royale. On savait que le roi mettait comme une religion à dire oui ou non, quand il s'agissait de la tête d'un homme, et qu'il compulsait lui-même, et avec grand soin, le dossier des condamnés.

Ce qui avait ému le plus vivement la cour, c'était ce double homicide, et la mort de cette jeune femme bientôt mère. Une familière des Tuileries, madame d'Abrantès, écrivait: «On a parlé surtout de la position de madame Peytel, et ce qui exaspère le plus, c'est une femme grosse tuée en deux personnes.» – Toutes les démarches faites à Saint-Cloud, par la sœur du condamné, Madame Carraud, conduite par madame d'Abrantès, pour parvenir jusqu'au roi, furent inutiles. Le roi fit répondre par M. d'Houdetot, son premier aide de camp, «qu'il prenait en considération la position de cette pauvre sœur, mais qu'il ne pouvait pas la voir.» A une seconde tentative, le roi trouva encore une excuse dont il chargea le général Delort: «On ne peut plus poliment répondre non», dit madame d'Abrantès. Le premier mot du général avait été: «Les lettres de Balzac l'ont perdu dans l'opinion.» Ces lettres remarquables, cette défense discrète qui était presque toute dans ce qu'elle ne disait pas, cette plaidoirie qui laissait déduire au lecteur les conséquences vraisemblables du caractère bilieux-sanguin de Peytel, dans une circonstance habilement probabilisée, avaient indigné le roi. «Avant-hier, écrivait madame d'Abrantès, – le roi a parlé de Peytel avec amertume, et l'a appelé un monstre pour avoir permis qu'on calomniât ainsi une femme morte, et il a ajouté: «Cela seul prouve le crime.» La reine, en sa clémence de femme, touchée d'abord par la situation du malheureux, lui avait retiré bientôt après sa pitié. Je lis ceci dans une des lettres de madame d'Abrantès, qui s'employait avec dévouement à mieux disposer la cour pour le condamné, «On a beaucoup jasé de ma visite à Saint-Cloud.» Le roi a dit: «Cette pauvre madame d'Abrantès se donne là bien du mal pour une bien mauvaise cause.» La reine a dit dans le même sens; et madame d'Abrantès ajoutait: «Il vous est impossible de comprendre ce qu'on a d'opinion arrêtée à l'égard de Peytel au château. Je ne m'explique une animosité si positive que par une chose: les lettres de Balzac ont paru dans le Siècle; le Siècle est un journal de l'opposition. Cela a peut-être contribué à cette haine;» et plus loin: «Le roi a fait écrire à Bourg, à Belley; on a répondu que, s'il faisait grâce, il y aurait du bruit… La haine de la cour est tout à fait nouvelle pour ces sortes d'affaires. On dirait qu'on punit en lui un autre Alibaud.» Cette dernière phrase est curieuse. Le roi croyait Peytel coupable: il se refusait à lui faire grâce, et les esprits les plus justes et les plus calmes avaient je ne sais quel entraînement à lui prêter un ressentiment contre le condamné, et à mettre sur le compte d'une vengeance politique, ce qui était pour le roi une affaire de justice. C'est que Peytel avait, lui aussi, donné son coup d'épingle dans cette guerre charivarique que l'opposition avait commencée contre Louis-Philippe à peine assis sur le trône. Au temps où, actif et remueur, Peytel s'était essayé à être homme de lettres, au temps où il espérait, comme disait, devenir contemporain, au temps où germait déjà en lui le désir d'un nom, désir immense, insensé, délirant, qui le fit aller à l'échafaud presque consolé en songeant à la célébrité des causes célèbres, Peytel, las du journalisme et des petites batailles de la petite presse, avait frappé à la porte de la Muse du vigneron de la Chavonnière. Il avait fait-d'autres disent il avait fait faire par L. D., un homme d'esprit, -la Physiologie de la Poire. C'était l'époque de vogue et de premier succès de cette plaisanterie Philiponienne. L'allégorie eut tout le succès qu'elle pouvait espérer; et les allusions sur le calice à cinq divisions ouvertes comme qui dirait cinq ministères, les plaisanteries plus ou moins spirituelles sur les poires de Sainte-Lésine, d'Épargne, de Martin-Sec, furent trouvées délicates autant que récréatives par tous les boudeurs de la royauté nouvelle.

Quoi qu'il en soit des dispositions vraies ou supposées de la cour, quelques jours après le rejet du pourvoi, M. Teste, alors ministre de la justice, remit au roi, en conseil des ministres, un mémoire en faveur de Peytel.

Ce long mémoire débutait par une peinture du caractère de Peytel, appuyée de traits vifs et intimes. Puis Gavarni disait le mauvais vouloir de cette petite ville où Peytel avait fait l'inimitié autour de lui par des chansons, des couplets, deux rimes souvent ou un mot. Il s'étendait sur toutes ces rancunes un peu envieuses de province, réunies en faisceau, et formant une opinion locale ennemie de l'homme. Il joignait à son dire les lettres sur lesquelles avait travaillé M. de Balzac, celle par exemple qui retraçait la visite au domicile du prévenu: «… Ce fut un moment bien curieux pour un observateur que l'entrée de ces messieurs dans les appartements de Peytel, ce riche étranger, ce notaire inconnu qui était tombé un beau jour dans cette bonne petite ville de Belley avec sa réputation de fortune d'autant plus colossale, qu'on ne le connaissait en aucune façon. Arrivés dans le salon où quelques peintures, quelques dessins modernes assez richement encadrés dans de beaux cadres d'or, se trouvaient distribués avec goût sur une tapisserie rouge qui sans être neuve avait encore de la fraîcheur, ce fut une extase générale sur le luxe de l'ameublement; M. *** surtout ne pouvait s'empêcher d'admirer, et à chaque pas qu'il faisait on l'entendait s'exclamer: «C'est un mobilier de 40,000 livres de rente!» – Puis après ces prolégomènes, venant au fait même, Gavarni révélait une confession faite à lui seul par le condamné: «Le 21 août, Peytel m'écrivait: «Le 30 ou le 31, on me trouvera probablement libre; et si vous venez, nous partirons ensemble pour je ne sais où.» Le 31, j'étais à Bourg au petit jour. Peytel avait été condamné à mort à minuit. Je le vis à onze heures. Il me parla peu. Nous avions là deux témoins, un de ses avocats et le geôlier: «Mon ami, me dit-il, je vais mourir, et…» En sortant, M. Gui… me fit remarquer cette réticence de Peytel. Si je n'avais pas été là, il se serait ouvert à vous. – De retour à Paris, M. de Balzac me parla du désir qu'il avait de publier quelques observations à propos du procès de Bourg. Muni d'une permission de visiter le condamné, nous partîmes de compagnie. A Bourg, je pénétrai seul et le premier auprès de lui; et, le regardant en face, je provoquai brusquement sa confiance par quelques paroles nettes et pressantes. Peytel fut d'abord étourdi, ébranlé. Il regarda le geôlier qui s'était mis près de nous; et il me demanda en latin si je voulais parler cette langue. Je lui dis de parler français et de parler bas. Il me passa un bras autour du cou, et, collant sa bouche à mon oreille, il me dit…» Cette confession était-elle la vérité était-elle un nouveau mensonge?7

A ce mémoire soumis au roi était jointe avec cette suscription: Dernier billet du pauvre condamné pour le roi, le roi seul, une lettre de Peytel, jetée sans doute par-dessus les murs de la prison, et qui était parvenue à Gavarni par la petite poste. Sur l'enveloppe on lisait ceci:

Ne trompez pas un pauvre malheureux qui s'est confié à vous, qui n'a que vous pour lui être utile, et puisque vous avez rompu la première enveloppe de ce billet, arrêtez-vous; vous violeriez un secret important en allant au delà; recouvrez ce billet d'une autre enveloppe, et adressez à Gavarni, rue Fontaine-Saint-Georges, à Paris.

La lettre qui suivait, étrange, un peu folle et rabâcheuse en ses commencements, poignante à la fin, écrite d'une petite écriture fine, serrée, régulière, et sans tremblement; cette lettre où le malheureux, riant un instant, faisait allusion à sa pauvre Physiologie de la Poire, Gavarni la crut bonne pour l'attendrissement; et de cette allusion même, il espéra une impartialité plus bien-veillante du roi. Voici cette lettre:

«COMMENCEMENT

»Employer des moyens autres que ceux employés jusqu'à ce jour est une chose maladroite et imprudente. – Maladroite parce qu'on sanctionne ainsi toutes les erreurs des juges-instructeurs, des magistrats du parquet, et celles des médecins. Or, celles de ces derniers sont positives en fait à sa connaissance à lui. Il peut donc bien en juger. – Les erreurs des juges ressortent à chaque page de l'instruction. Il ne s'agit que de lire sa correspondance avec les magistrats. – En suivant la procédure depuis le premier jour jusqu'au dernier, la loi à la main, on verra partout que la loi a été évitée quand elle lui était avantageuse, qu'on s'est servi contre lui de tous les petits moyens de procédure; ainsi on lui a signifié la liste des témoins la veille des débats, dans ces témoins on avait substitué Jaudet, ouvrier, à Jaudet, maître-ouvrier. Ce dernier seul avait été interrogé dans l'instruction. – On avait refusé d'écrire quelque chose qu'il avait déposé en sa faveur, on a assigné son frère. Lui n'a vu cela qu'aux débats. On a refusé de vous laisser voir le dossier au greffe, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre, et nous n'avions pas copie de tout le dossier. – Ainsi donc changer de système serait maladroit; car on perdrait ainsi tous les avantages qu'on peut avoir sur la procédure et sur les médecins. – Ce serait imprudent parce qu'on irait du connu à l'inconnu: ainsi on dirait: Vous avez menti au passé, vous mentez aujourd'hui, tout ce que la défense a avancé est vrai. Il faut donc persister et dire simplement, pour prouver combien la défense a été généreuse. Il ne s'agit que de connaître telle lettre, telle déposition, tels faits, dont on pourrait tirer telles conséquences. – Par ce moyen on prouverait de la générosité au passé, on en ferait soupçonner au présent. – On se ferait craindre par ceux qui ont intérêt à voir mort un pauvre malheureux, – en leur faisant savoir que mort, rien ne sera épargné pour réhabiliter sa mémoire, et que vivant, -banni ou déporté, – on pourra se taire, on obtiendra leur appui par-dessous main, tandis qu'ils sont très-hostiles… On peut leur faire savoir que l'on a des pièces qui pourraient faire penser telle chose; que ces pièces émanent d'eux, sans qu'ils sachent en quoi elles consistent, qu'elles ne sont pas niables par eux: ils craindront; – il faut bien se garder de dire que la chose soit, mais qu'il est possible, très-possible d'y faire croire: on les aura alors pour soi. – Avec le caractère de générosité qu'on veut bien supposer au pauvre malheureux, il faut admettre les conséquences: ainsi, dans un premier moment, il aurait anéanti tout ce qui pouvait prouver ce qu'il voulait et veut encore nier. – Si quelques pièces existent encore, c'est qu'elles ont été oubliées dans la précipitation, et que trois autres lettres… n'ont été trouvées qu'après l'hostilité connue des… – Le malheureux peut n'avoir jamais pensé qu'il aurait soif à l'avenir et conséquemment n'avoir gardé aucune poire, les avoir au contraire fait disparaître, – et aujourd'hui il ne faudrait pas lui faire perdre, pour conserver ses jours, ce qu'il a de beau, de bien, dans ses actions, et on le laisserait perdre s'il avançait une chose pareille, qu'il ne pourrait peut-être plus prouver aujourd'hui, mais qu'il peut parfaitement laisser supposer. -D'après ce que le malheureux sent personnellement, il suppose tout ce que fait son bon frère G… Il l'en remercie on ne peut plus.

«Il le prie de lui faire parvenir de l'opium en quantité suffisante pour produire effet complet dans une heure et demi (sic) au plus; il n'en fera usage que lorsque tout espoir sera perdu. Lorsqu'on viendra lui mettre la camisole de force, ce qui aura lieu seulement deux heures avant, attendu qu'il ne sera prévenu que deux heures avant. – Pour lui faire tenir cet opium ou toute autre matière produisant le même effet, il faut lui envoyer de suite une Bible (il n'en a pas); cette Bible sera reliée à la Bradel; le carton de la couverture sera entaillé dans divers endroits, recouvert d'un carton mince pour empêcher de sentir les cavités, et ces cavités seront remplies de la matière, qui devra être solide et non liquide, comme on le voit. Ceci est pressé, car il a encore la possibilité de recevoir quelque chose comme une Bible, mais rien autre, et il peut arriver qu'on lui retire cette possibilité. – Pour ne compromettre personne, il laissera un écrit portant ces mots: «Étant à la prison de Belley, je me suis fait apporter une boîte de pharmacie; j'ai pris dedans ce qui m'a servi et je l'ai toujours porté sur moi; cela était caché sous la baudruche qui semblait retenir un taffetas sur des cors que j'ai aux pieds, et par ce moyen on ne l'a pas vu.» – Et, en effet, le malheureux a aux pieds du taffetas retenu par la baudruche. La couverture et le livre seront brûlées (sic), attendu qu'on lui fait du feu une fois par jour pendant deux heures. -Il promet de n'en faire usage qu'au dernier moment. Ce sera un vrai service à lui rendre, car il ne servira pas de spectacle à tout un pays et quel spectacle!… – Déjà il a demandé de l'opium à G…; il croyait que ce dernier lui en avait promis; il le croit encore, et le prie d'envoyer vite.

«Il devra y avoir dans la même couverture un papier explicatif de la nature de la matière et du temps nécessaire pour produire effet complet, et de la quantité à prendre en plus ou en moins pour arriver au but plutôt (sic) si cela devait (sic) nécessaire. – On peut envoyer le livre à M… ou à M… à Bourg, qui le feront parvenir. M… vaudrait mieux. – On peut se dispenser d'inscrire le nom de l'envoyant sur le registre des messageries. Le premier nom venu fera tout aussi bien. On aura seulement soin d'indiquer que ce livre est pour le malheureux (il ne veut plus écrire son nom). – Il prie avec instance, supplie à genoux G… de lui faire parvenir ce livre ainsi rangé dans la huitaine au plus tard, autrement il fera du vert-de-gris avec deux boutons en cuivre qui sont à son pantalon. – Il le répète, il ne fera usage de l'objet envoyé qu'au dernier moment, il le promet. – Après l'avoir avalé il se confessera et partira.»

Il n'y eut pas décision sur le recours en grâce au conseil des ministres. Le soir Gavarni reçut des mains de M. Teste la lettre de Peytel, et nous lisons sur l'enveloppe, recachetée du cachet du roi, ces mots de la main du roi: Fidèlement recachetée. L. P.

«Le roi, – écrit madame d'Abrantès à ce moment, – a été préoccupé quarante-huit heures au point de n'en pas manger ni dormir. Il est demeuré persuadé que Peytel avait tué sa femme par préméditation.»

Le 21, Gavarni apprit que le roi avait rejeté le recours en grâce. Chaque jour il ouvrait le journal avec une curiosité anxieuse, cherchant la nouvelle de l'exécution. Sept jours, – sept jours! – s'écoulèrent sans nouvelle. Enfin le 30 octobre, les journaux de Paris annoncèrent l'exécution capitale. La tête de Peytel était tombée sur la place de Bourg le 28. Contrairement à tout précédent judiciaire, huit jours s'étaient écoulés entre le rejet du recours en grâce et l'exécution. Louis-Philippe, en sa miséricorde, avait-il voulu laisser au condamné le temps de mourir, à l'ami le temps de l'y aider?

FIN
7.Au reste, que cette confession soit la vérité ou soit un mensonge, la justice et le jury ont jugé en toute conscience. Peytel, au cas où cette confession serait la vérité, se serait défendu sur un mensonge d'un bout à l'autre des débats. – Nous ne sommes en cette notice qu'éditeurs de pièces inconnues. Nous nous déclarons insolidaires de toutes récriminations et insinuations contenues dans la lettre qu'on va lire.
Yosh cheklamasi:
12+
Litresda chiqarilgan sana:
28 sentyabr 2017
Hajm:
210 Sahifa 1 tasvir
Mualliflik huquqi egasi:
Public Domain

Ushbu kitob bilan o'qiladi