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Kitobni o'qish: «Histoire littéraire d'Italie (3», sahifa 3

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L'Amorosa visione est un poëme d'un genre tout différent. C'est une vision, selon l'usage alors très-commun, et comme son titre l'annonce. Le poëte rêve qu'il est introduit dans un temple par une femme que l'on croit d'abord être la Sagesse; mais ce temple est divisé en cinq parties; il voit dans l'une le triomphe de la Sagesse, dans l'autre celui de la Gloire, dans la troisième celui de la Richesse; enfin, dans les deux dernières parties, le triomphe de l'Amour et celui de la Fortune. On ne sait donc plus quelle est sa conductrice. Peut-être est-ce sa maîtresse, à qui son poëme est adressé sans qu'il la nomme, et qu'il a fallu découvrir comme nous l'allons voir, sous le voile singulier qui la couvre. Toutes ces divinités sont assisses sur des trônes, ornés de tous leurs attributs, et environnés des personnages fameux dans l'histoire que leurs faveurs ont rendus célèbres. On croit voir ici une imitation évidente des Triomphes de Pétrarque; mais ce qui va suivre prouve que c'est une fausse apparence.

Ce poëme est en tercets ou terza rima, et partagé en cinquante chants ou chapitres assez courts, comme ceux du poëme du Dante. Une bizarrerie qui lui appartient, et dont Boccace n'avait trouvé l'idée ni dans le Dante ni dans Pétrarque, mais dans les poëtes provençaux, c'est que l'ouvrage, dans son entier, est un grand acrostiche. En prenant la première lettre du premier vers de chaque tercet, depuis le commencement du poëme jusqu'à la fin, on en compose deux sonnets et une canzone, en vers très-réguliers, que le poëte adresse à sa maîtresse, et dans lesquels se trouvent cachés leurs deux noms. Celui de Madama Maria y est tout entier, ainsi que celui du poëte, tel qu'il le signait toujours: Giovanni di Boccaccio da Certaldo, et ce nom forme le dernier vers d'un tercet ajouté au premier des deux sonnets. On voit par l'autre nom que ce poëme est encore un ouvrage de sa jeunesse, fait dans le temps de ses amours avec Fiammetta, ou la princesse Marie. Or, Pétrarque ne fit ses Triomphes que dans les dernières années de sa vie, et n'eut même pas le temps d'y mettre la dernière main. Si l'un des deux poëtes avait imité l'autre, ce qu'il n'est nullement nécessaire de supposer, ce serait donc ici Pétrarque qui serait l'imitateur.

Le roman de Boccace, intitulé Filocopo, paraît être le premier ouvrage qu'il composa en prose italienne. Il l'écrivit à Naples, comme nous l'avons vu, à la prière de cette même princesse Marie. Les croisades en Orient, et les expéditions contre les Sarrasins d'Espagne, avaient alors mis à la mode les récits extraordinaires et les faits merveilleux de chevalerie et d'amour. Quelques unes de ces histoires, sans être écrites, passaient de bouche en bouche, et amusaient les jeunes gens et les femmes. Les aventures de Florio et de Blanchefleur, qui n'ont aucun rapport avec un de nos fabliaux intitulé à peu près de même 60, étaient de ce nombre; et Boccace, dans son Filocopo, ne fit qu'enrichir de quelques inventions poétiques et romanesques, ces aventures, que sa maîtresse et lui avaient souvent entendu raconter.

L'action commence à Rome: mais en quel temps? il serait difficile de le deviner. Jupiter, Junon, Pluton et Vulcain, y figurent d'abord; puis Rome est désignée comme la ville où règne le successeur de Céphas. Le pape se trouve même être le vicaire de Junon. Elle lui envoie Iris; sa messagère, vient ensuite le trouver elle-même, et lui donne ses ordres. Les noms des principaux personnages sont anciens comme ceux des dieux. Quitus Lælius Africanus et Julia Topazia, son épouse depuis cinq ans, n'ont point d'enfants. Pour en obtenir, Lælius fait vœu d'aller en pélerinage au temple du Dieu qu'on adore en Ibérie; et c'est tout simplement Saint-Jacques en Gallice. Julia devient enceinte; le mari et la femme partent pour accomplir leur vœu, après avoir fait leur prière au souverain Jupiter, al sommo Giove. Le Dieu de l'Achéron est fâché de ce voyage, et entreprend de le traverser. Il prend la figure d'un chevalier, et va se jeter aux pieds de Félix, roi mahométan d'une partie de l'Espagne. Il lui fait un faux rapport de l'arrivée de guerriers romains dans ses états, qui ont déjà brûlé une de ses villes, et l'engage à les chasser et à les poursuivre avec ses troupes. Le roi marche à la tête de son armée. Lælius arrive avec sa suite. Le roi les prend pour l'armée ennemie. La bataille se donne, si l'on peut appeler ainsi la lutte d'une poignée d'hommes avec une armée entière. Lælius et ses compagnons d'armes se font tuer jusqu'au dernier. Julia vient sur le champ de bataille chercher le corps de son époux. Elle se précipite sur lui, se roule sur ses blessures, se baigne dans son sang, et remplit l'air de ses cris. Le roi vainqueur la traite avec humanité, et apprend d'elle que Lælius et ses amis, elle et ses compagnes, loin de venir avec des intentions hostiles, allaient en Gallice, accomplir un vœu que son mari avait fait au Dieu qu'on y adore, pour en obtenir un enfant. Le roi, fâché de la méprise, s'en retourne à Séville, et y emmène avec lui l'inconsolable veuve. Il la présente à la reine; ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour adoucir sa douleur. La reine était enceinte comme Julia, et au même terme qu'elle. Toutes deux accouchent le même jour; la reine d'un garçon, Julia d'une fille; la première très-heureusement, la seconde avec des douleurs qui la conduisent au tombeau. La reine lui fait faire des obsèques magnifiques, prend sous sa protection la fille qu'elle laisse orpheline, et la garde dans son palais, où elle la fait élever avec son fils.

Les deux enfants passent leurs premières années, nourris, vêtus, élevés de même, et ne se quittant jamais. Leur éducation commence. On leur apprend à lire, et dès qu'ils connaissent les lettres, on leur fait lire le saint livre d'Ovide, où ce grand poëte enseigne par quels soins on doit allumer dans les cœurs les plus froids, les saintes flammes de Vénus 61. Leurs dispositions naturelles, secondées par cette instruction, se développent avant l'âge. Florio et Blanchefleur sont amants avant de savoir ce que c'est que l'amour. Leur grave précepteur s'en aperçoit à la manière dont ils se regardent en prenant leur leçon dans le saint livre, et va en avertir le roi, qui en est très-fâché: le roi le dit à la reine, qui ne l'est pas moins. On sépare les deux jeunes gens, et l'on envoie Florio dans une ville voisine, sous prétexte de ses études. Il part après les adieux les plus tendres. Blanchefleur reste plongée dans le désespoir. Après leur séparation, chacun d'eux est éprouvé par une longue suite de malheurs. Florio supporte les siens avec courage. Il prend le nom de Filocopo, composé de deux mots grecs qui signifient ami du travail. Dans le cours de ses aventures, il est jeté par la tempête sur les côtes de Naples. Il est accueilli par Fiammetta et par Caléon, son amant. Boccace s'est désigné lui-même sous ce nom; on sait que la princesse Marie l'est sous celui de Fiammetta. Florio reçoit d'eux les meilleurs traitements, prend part à leurs amusements et à leurs jeux, autant que le lui permet sa tristesse, se rembarque, et passe à Alexandrie. Il y retrouve Blanchefleur, qui avait été prise par des corsaires et faite esclave. Ils se marient et s'unissent. On les surprend; ils sont condamnés au feu; mais Vénus et Mars les protègent et les sauvent. Ils reviennent en Italie, passent à Naples, vont jusqu'en Toscane, et reviennent à Rome, où Florio découvre que Blanchefleur était issue des plus illustres familles de l'ancienne république. Il s'instruit aussi des vérités du christianisme, est baptisé, repasse en Espagne, convertit le roi son père, sa cour et tous ses sujets, lui succède, et jouit d'un long et heureux règne avec sa fidèle Blanchefleur.

Ce roman est composé de neuf livres, et, dans le recueil des œuvres de Boccace, il remplit deux volumes entiers. Le style est boursoufflé, plein de déclamation et d'emphase; les événements sont ou extravagants ou communs, le merveilleux continuellement mêlé d'ancien et de moderne, de christianisme et de paganisme; l'intérêt presque nul, les épisodes ennuyeux, la lecture de suite impossible. Il a eu cependant seize ou dix-sept éditions en Italie, et les honneurs de la traduction en espagnol et en français. On a dit aussi que Boccace le préférait à tous ses autres ouvrages 62. Ce serait un exemple de plus des faux jugements de cette espèce. Mais ce ne peut être que dans sa première jeunesse qu'il commit cette erreur. Il en dut juger autrement quand son goût fut plus formé; et ce qui le prouve, c'est qu'il employa dans le Décaméron, deux Nouvelles tirées du Filocopo, en y faisant des changements considérables 63. Il eut l'air de les sauver comme d'un naufrage.

La Fiammetta, autre roman divisé en sept livres, beaucoup moins long que le premier, est écrit d'un style plus naturel, ou, si l'on veut, moins ampoulé. L'héroïne y raconte elle-même l'histoire de ses amours avec Pamphile. Si Boccace a voulu, comme on le croit, se désigner sous ce nom, il donne une haute idée de la passion qu'il avait inspirée à Fiammetta, et du bonheur dont il avait joui avec elle. Mais ce bonheur ne dure pas long-temps. Pamphile est obligé de la quitter. Ce qu'elle souffre pendant son absence, les alternatives d'espérance et de crainte, selon les nouvelles qu'elle en reçoit, sa tristesse quand elle le croit infidèle, sa joie aux moindres apparences de retour, remplissent le reste de ce triste ouvrage, auquel on a donné, dans quelques éditions, le titre d'Élégie, et qui souvent est moins un récit qu'une complainte.

Le Corbaccio, ou Laberento d'Amore, est une invective amère contre une veuve dont Boccace était devenu subitement amoureux à Florence, à l'âge de plus de quarante ans. Elle s'était moquée de son amour, de ses soins, d'une lettre qu'il avait eu l'imprudence de lui écrire; enfin elle l'avait rendu pendant quelques jours la fable de la ville. Dans son dépit, il écrivit cette invective. Il y attaque non seulement celle qui l'avait blessé, mais tout son sexe, dont il avait été si souvent le défenseur. Il imagine se voir transporté en songe dans un palais délicieux à l'entrée, mais dont l'aspect change bientôt, et qui devient un labyrinthe obscur, embarrassé de ronces et d'épines. Il voit paraître un spectre qu'il reconnaît pour l'ombre du mari de cette femme. Ce spectre le plaint de s'être engagé dans des routes dangereuses qui le conduiront à sa perte; pour l'aider à en sortir, il lui dit un mal affreux des femmes en général, et particulièrement de celle qui avait été la sienne. Il entre à son sujet, en mari qui sait tout et ne déguise rien, dans des détails qui ne sont pas plus galants que décents, et pas moins contraires au bon goût qu'aux bonnes mœurs. Le charme est rompu, le palais s'évanouit, le songe disparaît, et Boccace se trouve à son réveil guéri d'une passion insensée. Cet ouvrage, qu'il fit dans un âge mûr 64, est beaucoup mieux écrit que les précédents; quelques critiques en ont fait un cas particulier 65: les éditions en sont très-nombreuses, et il a été traduit en français plusieurs fois; il est pourtant difficile d'y reconnaître un mérite qui fasse pardonner, ou même supporter les saletés et les obscénités grossières qu'on y trouve dans l'horrible portrait de la veuve. On ne peut concevoir comment une plume spirituelle et délicate a pu s'y prêter, ni comment, dans un siècle où les femmes étaient respectées, cet ouvrage a trouvé des lecteurs.

L'Ameto, ou l'Admète, est d'un genre tout-à-fait différent. Il a, comme la Théséide, le mérite d'être le premier essai d'une invention nouvelle. C'est une pastorale mêlée de prose et de vers, genre qu'ont imité depuis Sannazar dans son Arcadie, le Bembo dans son Asolani, Menzini dans son Académie tusculane, etc. La scène est dans l'ancienne Étrurie. Sept jeunes nymphes racontent leurs amours. Chacune ajoute à son récit une espèce d'églogue chantée; et l'on trouve encore dans ces morceaux le premier modèle des églogues italiennes. Admète, jeune chasseur, préside cette assemblée charmante; quelques chasseurs ou autres bergers y sont admis, et leurs chants et les siens se mêlent à ceux des nymphes. Parmi ces nymphes, qui font toutes, par leur beauté, de vives impressions sur le cœur d'Admète, il en est une nommé Lia, dont il est éperduement épris. On croit, avec assez de fondement, que tout cela est allégorique, que sous les noms de ces chasseurs et de ces nymphes, sont cachés des personnages réels; et Sansovino a même expliqué, dans une lettre en tête de quelques éditions 66, l'intention de l'auteur, le sujet de l'ouvrage et le véritable nom des personnes; mais ces révélations ne seraient pas d'un grand intérêt pour nous, si ce n'est peut-être ce qui regarde Fiammetta. Elle se retrouve encore ici. Elle raconte ses amours avec son cher Caléon, nom sous lequel nous avons déjà vu que Boccace s'était désigné lui-même. Ce récit ne ressemble point aux autres. Caléon est heureux; mais il le devient d'une autre manière. Ce serait un beau sujet de dissertation que de vouloir concilier ces versions contradictoires. Si Boccace était un ancien, je ne doute point qu'il n'y eût déjà bien des volumes écrits sur ce point d'érudition, qui resterait, comme il arrive à beaucoup d'autres, tout aussi obscur qu'auparavant.

L'Urbano est le plus court des romans de l'auteur. L'empereur Frédéric Barberousse a, sans se faire connaître, un enfant d'une jeune villageoise. Urbain, qui est cet enfant, est élevé par un aubergiste et passe pour son fils. Cependant, par un enchaînement d'aventures, il obtient en mariage la fille du soudan de Babylone. Il éprouve ensuite de grands malheurs, revient en Italie et arrive à Rome, où l'empereur le reconnaît pour son fils. Quelques auteurs ont douté que ce petit roman fût de Boccace. Le titre, ou l'argument contient en effet une erreur qu'il ne peut avoir commise. C'est, comme on sait, Frédéric Ier qui eut le surnom de Barberousse, et c'est ici Frédéric III. Mais les critiques qui ont fait cette observation, et entr'autres le comte Mazzuchelli 67, auraient dû voir que cette faute n'a pu être faite que par les copistes, et qu'ainsi elle ne prouve rien. Boccace ne pouvait, ni dans un argument, ni ailleurs, parler de Frédéric III, qui ne régna que cent ans après sa mort.

L'habitude d'écrire des romans fit qu'en composant la vie du Dante, qui avait été son premier maître, et l'objet constant de son admiration, Boccace en fit plutôt un roman qu'une histoire. Il passe fort légèrement sur ses actions, ses infortunes et ses ouvrages, et parle fort au long de ses amours. Il traite ce sujet comme s'il était encore question de Florio, de Troïle ou de Fiammetta. On ne lit cependant pas sans plaisir cette vie, intitulée: Origine, vita, e costumi di Dante Alighieri; il ne peut être sans intérêt de voir ce que l'un de ces deux grands hommes a dit de l'autre; on n'y accorde, il est vrai, que peu de confiance, et l'historien, quoique contemporain de son héros, est presque sans autorité. Mais, comme l'observe fort bien M. Baldelli, un ouvrage où on lit l'éloquente apostrophe aux Florentins sur leur ingratitude envers la mémoire d'un grand homme, où se trouvent, parmi quelques aventures romanesques, tant de faits réels et d'anecdotes importantes, où enfin le Dante est loué avec tant d'éloquence par un si illustre contemporain, est un ornement précieux de la littérature italienne, et n'honore pas moins l'auteur de ces éloges que celui qui les reçoit 68.

Les leçons que Boccace donna dans ses dernières années sur le poëme du Dante, sont restées long-temps inédites. Elles ne furent imprimées que dans le siècle dernier 69, sous le titre de Commentaire. Elles remplissent deux forts volumes, et ne s'étendent cependant que jusqu'au dix-septième chant de l'Enfer. Le même M. Baldelli 70 fait un grand éloge de ce Commentaire, premier modèle qui existe en italien de la prose didactique. «Le commentateur, dit-il, explique avec élégance de style, gravité de pensées, et saine critique, le texte savant et rempli d'art, les nombreuses histoires et les allégories sublimes cachées sous le voile poétique. Il s'élève quelquefois à la haute éloquence, pour reprocher aux Florentins leurs vices ou leurs défauts; et cette libre franchise honore infiniment son caractère, quand on pense qu'il parlait ainsi publiquement, sous un gouvernement démocratique. Quelquefois il sait se rendre agréable, et s'insinuer dans les esprits, en louant les vertus et en exhortant ses concitoyens à se guérir de cette passion pour l'or, qui a tant de pouvoir dans une ville commerçante, et à s'élever jusqu'à l'amour de la renommée et de l'immortalité. Il se montre, dans ce Commentaire, grammairien profond, savant dans les langues anciennes, habile à enrichir, par les emprunts qu'il leur fait, sa propre langue; il y déploie beaucoup d'érudition historique, mythologique, géographique, et une connaissance très-étendue des livres saints, des Pères et des antiquités profanes et sacrées 71

Sous prétexte d'expliquer Dante, on voit que le commentateur dit tout ce qu'il sait, et souvent ce qu'il importe peu de savoir. Mais de toutes ces explications qui furent sans doute alors très-admirées, parce que tel était l'esprit du temps, il en est peu qui puissent servir aujourd'hui pour la simple intelligence du texte; et il faut quelque patience pour les chercher dans ces deux gros volumes, où elles sont comme ensevelies.

CHAPITRE XVI

Des Cent Nouvelles, ou du DÉCAMÉRON de Boccace

Nous parcourons depuis long-temps les productions de l'un des hommes qui ont dans la littérature moderne la réputation la plus grande et la plus universellement répandu. Nous avons vu en lui un savant littérateur, un érudit, autant qu'on pouvait l'être de son temps; un poëte qui cherchait des routes nouvelles, qui tâchait de ressusciter l'Épopée, inventait des formes poétiques, et les appropriait dans sa langue à ce genre de poésie; enfin, un conteur abondant, mais prolixe d'événements romanesques où les lois de la vraisemblance étaient peu consultées, et qui ne rachetait même pas toujours, par les agréments de la narration, le vide et le peu d'intérêt des faits. Enfin, nous avons vu passer sous nos yeux environ quinze ouvrages de différents genres et d'inégale étendue, mais dont la destinée est à peu près la même, et qui, s'ils étaient seuls, auraient probablement entraîné le nom de leur auteur dans l'oubli presque total où ils sont plongés.

D'où lui est donc venue sa renommée? d'où il l'attendait le moins; d'un ouvrage assez futile en apparence, d'un recueil de contes qu'il estimait peu, qu'il n'avait composé, comme il le dit, que pour désennuyer les femmes qui, de son temps, menaient une fort triste vie 72; auquel enfin, dans un âge avancé, il ne mettait d'importance que par les regrets que lui inspiraient ses scrupules religieux. Comme Pétrarque, il attendit son immortalité d'ouvrages savants, écrits dans une langue qui avait cessé d'être entendue de tout le monde: il la reçut comme lui d'un recueil de jeux d'imagination et de délassement d'esprit, dans lesquels il avait épuré et perfectionné une langue encore naissante, jusqu'alors abandonnée au peuple pour les usages communs de la vie, et à qui, le premier, il donna dans la prose, comme Dante et Pétrarque l'avaient fait dans les vers, l'élégance, l'harmonie, les formes périodiques, et l'heureux choix des mots d'une langue littéraire et polie.

L'occasion qui donna naissance à cet ouvrage, ou du moins l'événement auquel il eut l'art de l'attacher, ne paraissait pas devoir fournir matière à des contes plaisants. J'ai parlé plusieurs fois, surtout dans la Vie de Pétrarque, d'une peste terrible qui dévasta l'Europe entière, et particulièrement l'Italie, en 1348. Florence, plus qu'aucune autre ville, en avait éprouvé les ravages. Elle était presque dépeuplée; les places et les rues étaient désertes, les maisons vides, les temples presque abandonnés. C'est dans cette situation déplorable que sept jeunes femmes, belles, sages et bien nées, se rencontrent dans l'église de Sainte-Marie-Nouvelle. Après s'être quelque temps entretenues du triste sujet des calamités publiques, l'une d'elles propose à ses compagnes de se distraire de tant de malheurs et de fuir la contagion, en se retirant ensemble pendant quelques jours à la campagne dans un lieu délicieux, où elles iront respirer un meilleur air, jouir des agréments de la belle saison, et des plaisirs d'une société libre, honnête et choisie. Mais des femmes ne peuvent aller seules et sans quelques hommes qui les accompagnent. Trois jeunes gens de la ville, amants des unes, parents ou amis des autres, vont avec elles. Les préparatifs sont bientôt faits. Dès le lendemain matin, la troupe aimable se rend à deux milles de Florence, dans une maison de campagne agréablement située, décorée de beaux jardins et d'appartements nombreux et commodes. Là, il ne pensent qu'à faire bonne chère, à chanter, danser, jouer des instruments, se promener dans les jardins, s'égayer par des conversations joyeuses et galantes, s'asseoir à l'ombre sur les gazons, pendant la plus grande ardeur du jour, et raconter des nouvelles tristes ou gaies, satiriques ou touchantes, libres et même quelque chose de plus, selon qu'elles leur viennent dans la tête; mais en gardant un ordre qui prévient la confusion et qui assure, pour ainsi dire, à chaque jour sa provision de récits.

On choisit pour chaque journée, soit un roi, soit une reine, qui gouverne ou préside, donne les ordres pour les repas, le service, les amusements, la distribution du temps, le genre des histoires que l'on doit raconter 73, le rang dans lequel on doit parler quand le cercle est formé et que les récits commencent. La société est composée de dix personnes. Chacune d'elles paye son tribut tous les jours: on reste dix jours à la campagne dans ces agréables passe-temps. L'ouvrage se trouve ainsi naturellement divisé en dix Journées, dont chacune contient dix nouvelles; c'est ce qui lui a fait donner le titre de Décaméron, formé de deux mots grecs qui signifient dix journées. Ce cadre, aussi simple qu'ingénieux, a été adopté par presque tous les conteurs de Nouvelles qui sont venus après Boccace; et c'est encore une forme qu'on lui doit, pour ce genre, dans la littérature italienne, comme on lui doit celle de l'ottava rima pour l'épopée, et de la prose mêlée d'églogues ou d'idylles en vers pour la pastorale.

Ce n'est pas qu'on ne fasse remonter beaucoup plus haut le fond ou l'idée primitive de cette invention qui consiste à trouver un moyen naturel de lier par un même intérêt, de diriger vers un même but un certain nombre de récits fabuleux qui se succèdent dans des genres divers, et qui n'ont point entre eux d'autre rapport que ce lien commun dont il a plu à l'auteur de les attacher. L'Inde, à qui l'on doit tant d'autres inventions, paraît encore être la source de celle-ci. Dans l'ouvrage original que l'on croit y avoir pris naissance 74, un roi, qui avait sept maîtresses pour ses plaisirs, et sept philosophes pour son conseil, trompé par les calomnies d'une de ses maîtresses, condamne son propre fils à mort. Les sept philosophes instruits de cet arrêt, conviennent, pour en empêcher l'exécution, que chacun d'eux passera un jour entier auprès du roi, et le détournera, en lui racontant des histoires, de faire mourir le prince ce jour-là.

Le premier y réussit par le récit de deux aventures; mais la belle et méchante femme toujours présente, en conte une à son tour qui détruit l'effet des premières. Le lendemain, le second philosophe raconte au roi des faits qui font encore révoquer l'arrêt de mort; mais il est porté de nouveau quand le roi a entendu un nouveau conte de sa maîtresse. Cette alternative de récits et de résolutions contradictoires qui s'entre-détruisent pendant sept jours, fait tout le fond du roman. Le roi reconnaît enfin l'innocence de son fils, et veut punir de mort sa maîtresse. Le jeune prince a la générosité de prouver, par un apologue, qu'elle ne doit pas être mise à mort. Le roi veut au moins qu'on la mutile: elle raconte elle-même un autre apologue qui prouve qu'elle ne doit pas être mutilée. Enfin, son arrêt est changé en une punition humiliante et publique.

On ne peut méconnaître dans ce roman la première idée de celui qui fait le fond des Mille et une Nuits où la sultane Shéhérazade qui ne dort pas, amuse autant de fois par des contes le sultan son époux, pour l'empêcher de lui couper la tête. La ressemblance avec le Décaméron de Boccace est moins frappante; on voit pourtant qu'ils ont de commun cette idée fondamentale de réunir plusieurs personnes qui, dans un espace de temps donné, et en se proposant un but, racontent différentes histoires. Il y a, dans quelques détails, d'autres rapports, même des traits d'imitation; et voici ce qui les explique. Ce roman indien, dont on nomme l'auteur Sendebad ou Sendebard 75 fut successivement traduit en arabe, en hébreu, en syriaque, en grec, et imité du grec en latin au douzième siècle, par un moine français nommé Jean 76, sous le titre de Dolopathos ou de Roman du Roi et des sept Sages. Dans le même siècle, il fut mis en vers français par un poëte nommé Hébers 77, et en prose par un traducteur inconnu, avec des changements dans le fond, dans la forme et dans le nombre des Nouvelles 78. On y en reconnaît trois du Décaméron: il est donc plus que probable que Boccace eut entre les mains le Delopathos latin ou français, qu'il en emprunta l'idée de rattacher à un même sujet ses cent Nouvelles, qu'en un mot il en tira parti, non en servile imitateur, mais en homme de génie, qui crée encore quand il imite.

C'est de la même manière qu'il put imiter et qu'il imita peut-être en effet quelques uns de nos anciens Fabliaux. On en a fait un grand éclat, on en a même tiré de nos jours un grand triomphe, et l'on est allé jusqu'à des exagérations qui ne sont pas la preuve d'un jugement bien sain. Fauchet avait observé le premier, avec justesse et avec plus de modération, qu'outre les trois Nouvelles imitées du Dolopathos d'Hébers, il y en avait encore dans le Décaméron quatre ou cinq dont les sujets étaient tirés de Rutebeuf et de Vistace, ou Huistace d'Amiens 79. Caylus n'a pas craint de dire, dans un Mémoire sur les anciens conteurs français 80, que l'Italie, qui est si fière de son Boccace et de ses autres conteurs, perdrait beaucoup de ses avantages, si l'on publiait les nôtres; et il cite un manuscrit de l'abbaye de Saint-Germain, où on lisait jusqu'à dix Nouvelles qui avaient été prises par Boccace. La même accusation a été répétée par Barbazan 81 Le Grand d'Aussi a été plus loin; et c'est vraiment lui dont le zèle a passé toutes les bornes.

Dans son Recueil de Fabliaux 82, dès qu'il voit le moindre rapport entre un de ces vieux Contes et une Nouvelle de Boccace, sans examiner si l'un et l'autre n'ont pas été tirés des mêmes sources, ni si l'auteur du Fabliau n'a pas lui-même copié Boccace, il décide souverainement que Boccace a pillé l'auteur du Fabliau. Il rassemble enfin contre lui tous ses griefs 83, et lui intente très-sérieusement un procès de plagiat, et, qui pis est, d'ingratitude: «Boccace, dit-il, était venu jeune à Paris, et avait étudié dans l'Université, où notre langue et nos auteurs lui étaient devenus familiers.» Boccace, comme nous l'avons vu dans sa Vie, fut en effet envoyé jeune à Paris, mais il s'en fallait beaucoup que ce fût pour y faire ses études; il y vint avec un marchand chez qui il apprenait la tenue des livres et le calcul. C'était même pour l'empêcher d'étudier autre chose, que son père l'avait mis chez ce marchand; et il fréquenta l'Université, comme les jeunes gens placés à Paris dans le commerce la fréquentent aujourd'hui. Sans doute il apprit notre langue, il connut quelques uns de nos vieux auteurs; mais il avait autre chose à faire que de se les rendre familiers. Les copies de ces longues narrations en vers, dénuées de poésie, n'étaient pas assez multipliées pour circuler si familièrement; et l'on ne trouvait pas alors un Pierre d'Anfol ou même un Rutebeuf, sur le comptoir d'un magasin, comme on y peut maintenant trouver un La Fontaine.

Au reste, le critique ne prétend point faire à Boccace un crime de ces emprunts. «Si j'avais, dit-il, un reproche à lui faire, ce serait de n'avoir point déclaré ce qu'il doit à nos poëtes… Lui qui s'était enrichi de leurs dépouilles, et qui leur devait se brillante renommée, j'ai de la peine à lui pardonner ce silence ingrat» Au lieu de s'enrichir de leurs dépouilles, Boccace n'a-t-il pas plutôt revêtu leur maigre et honteuse nudité? Et n'est-il pas aussi trop ridicule de dire que c'est précisément à ces huit ou dix Nouvelles, que c'est à ce dixième tout au plus, et point du tout apparemment aux neuf autres parties, ni à ses descriptions charmantes, ni aux autres ornements dont il a embelli tout son ouvrage, ni à son talent de dialoguer et de peindre, ni à son style, ni à son éloquence, ni en un mot à son génie, qu'il doit toute la renommée dont il jouit? D'ailleurs, ne dirait-on pas que Boccace a déclaré tous ses originaux, toutes ses sources, qu'il a dit à chacune de ses Nouvelles, celle-ci est tirée d'un Conte arabe, cette autre des anciennes Nouvelles 84; en voici une prise de l'histoire, en voici une autre qui l'est d'une aventure réelle, et d'une tradition locale; et que, sur les seuls Fabliaux français, il a été assez ingrat pour garder le silence? Si ce ne n'est pas cela, quel droit avons-nous de nous plaindre, même en supposant toujours la réalité de ces emprunts?

Le Grand d'Aussi mettait si peu de discernement dans cette cause, où il était trop passionné pour bien voir qu'il porte cette accusation contre Boccace à propos d'un Fabliau de Pierre d'Anfol, et qu'il avoue en propres termes que Pierre d'Anfol lui-même n'a point inventé ce Fabliau 85, mais qu'il l'a tiré du Dolopathos ou du Roman des Sept Sages. En effet, c'est un des trois contes 86, dont Fauchet et du Verdier remarquent que Boccace a pris le fond dans ce roman venu de l'Inde. Comment le critique n'a-t-il pas vu, comme nous le voyons nous-mêmes, que ce fablier obscur avait puisé à la même source que Boccace; mais que Boccace, pour y puiser aussi, n'avait aucun besoin du fablier? Loin de revenir de ce faux jugement qu'il avait une fois porté, il y persista, on peut même dire qu'il s'y obstina toute sa vie. «C'est avec nos Fabliaux, dit-il dans ses observations sur les Troubadours 87, que Boccace a procuré à sa patrie et qu'il s'est procuré à lui-même assez facilement un honneur immortel… Il doit à nos fabliers un grand nombre de ses sujets et le genre lui-même. Postérieur à eux d'un siècle environ, il les a copiés, etc.» Que deviennent des assertions aussi positives et aussi hasardées, quand on a vu seulement ce que nous venons de voir? Je ne sais si, en écrivant ainsi, on croit se montrer bon Français et faire preuve d'amour pour sa patrie. Dieu me préserve d'en donner des preuves pareilles! L'amour éclairé de la patrie doit consister avant tout, à ne rien écrire qui la compromette et qui lui donne un ridicule aux yeux des étrangers instruits.

60.Voyez Fabliaux et Contes, publiés par Legrand-d'Aussy, t. I, p. 230.
61.Filocopo, l. II, §. II.
62.Voyez Girolamo Muzio, Battaglie per difesa della Italica lingua, au commencement de sa lettre à Gabriello Cesano et à Bartolomeo Cavalcanti, qui est la première de ce recueil.
63.Le Muzio, en avançant le fait, loc. cit., n'indique point quelles sont les deux Nouvelles; elles se trouvent toutes deux dans le cinquième livre du Filocopo. Dans ce livre, Fiammette tient une espèce de cour d'amour: on y propose des questions à résoudre, et toutes ces questions ont pour sujet des aventures amoureuses: il y en a treize. La quatrième question correspond à la cinquième Nouvelle de la dixième Journée de Boccace; et la treizième question, à la quatrième Nouvelle de cette même Journée. Je ne crois pas que personne se soit encore donné la peine de vérifier cette assertion du Muzio. Manni, lui-même, qui devait bien connaître le Battaglie, et qui recherche, comme à son ordinaire (pages 553 et 555), quel a pu être le fondement historique de ces deux Nouvelles, ne dit rien du Filocopo.
64.On croit que ce fut vers 1355. Baldelli, Vita del Boccaccio, l. II, p. 121.
65.Diomed. Borghesi, dans ses Lettres; Bocchi, Elog. Vivor. Florent., etc.
66.Celles de 1545 et 1558. Venezia, Gabriel Giolito. Voyez aussi un Essai de ces explications, dans M. Baldelli, Vita di Bocc., p. 49, note.
67.Scrittori Fiorentini, t. II, part. III.
68.Vita del Bocc., p. 105.
69.En 1724, à Naples, sous la date de Florence, et sous ce titre: Comento sopra i primi sedici Capitoli dell' inferno di Dante, vol. V et VI des Œuvres de Boccace.
70.Pag. 204.
71.M. Baldelli avoue ensuite, en homme de goût, que, dans ce commentaire, souvent les étymologies grecques sont totalement fausses; que Boccace y montre quelquefois trop de crédulité, trop de foi dans l'astrologie et dans les récits fabuleux des anciens, défauts qu'il attribue avec raison au siècle plus qu'au commentateur même. Quant à l'excessive prolixité, à l'érudition surabondante et souvent triviale, il pense que ce qui les excuse, c'est que ces leçons furent écrites pour l'universalité des Florentins; que l'on peut même en conclure que l'auteur s'élevait avec le vol de l'aigle, au-dessus du commun des hommes de ce siècle, puisqu'à Florence, qui était alors la ville du monde la plus instruite, il était obligé d'expliquer même que là étaient nos premiers parents, et ce que ce fut que la première mort et le premier deuil. Cela prouve sans doute une grande supériorité dans Boccace; mais cela prouve aussi que c'était plutôt pour se satisfaire lui-même, que pour expliquer son auteur, qu'il étalait tant d'érudition. La plus grande partie de son Commentaire devait être bien au-dessus de la portée d'un auditoire à qui il eût fallu apprendre l'histoire d'Adam et d'Ève, de Caïn et d'Abel.
72.Voyez le Prologue ou Proemio du Décaméron.
73.Dans la première Journée, la reine laisse à chacun la liberté de choisir le sujet qui lui plaira le mieux; mais, dans la seconde, il est prescrit de parler de ceux qui, après plusieurs traverses, ont obtenu un succès au-delà de leurs espérances; dans la troisième, l'ordre veut que l'on parle de ceux qui ont, par beaucoup d'adresse, obtenu ce qu'ils désiraient, ou recouvré ce qu'ils avaient perdu; dans la quatrième, de ceux dont les amours ont eu une fin malheureuse; ainsi de toutes les autres.
74.Voyez, dans le tom. XLI des Mémoires de l'Académ. des Inscrip. et Belles-Let., pag. 546, la Notice de M. Dacier, sur un manuscrit grec de la Bibliothèque imp., coté 2912.
75.Voyez la Notice de M. Dacier, ub. sup., p. 554.
76.De l'abbaye de Haute-Selve, Alta-Silva, ordre de Citeaux, diocèse de Metz.
77.Voyez Du Verdier, Biblioth., au mot Hébers.
78.Cette traduction en prose du Dolopathos s'est conservée en manuscrit, Bibliothèque impériale, manuscrit, n°. 7974, in-4., vélin, écriture du treizième siècle; autre, n°. 7534, etc. On a cru que le poëme d'Hébers s'était perdu, et qu'il n'en restait que des fragments dans la Bibliothèque de Du Verdier, loc. cit., dans le Recueil des anciens Poëtes français, du président Fauchet, et dans le Conservateur, vol. de janvier 1760, p. 179 (M. Dacier, ub. sup., p. 557.) Mais le poëme existe à la Bibliothèque impériale, dans ce qu'on appelle fonds de Cangé. Il y en a même plusieurs manuscrits de l'ancien fonds, mais qui ne portent pas dans les premiers vers le nom d'Hébers, et qui paraissent contenir des poëmes tirés de la même source, mais d'un style différent du sien. Le roman latin des Sept Sages a été imprimé, Anvers, 1490, in-4., sous le titre de Historia de Calumniâ novercali. L'éditeur avoue que ce titre est de lui, et qu'il a réformé le texte en beaucoup d'endroits. Le texte original du moine de Haute-Selve ne paraît donc exister en entier que dans deux manuscrits qui étaient en Allemagne, et dont parle Melchior Goldast (Sylloge Annotationum in Petronium, Helenopoli, 1615, in-8., page 689). Deux ans après la publication de l'Historiade Calumniâ novercali, il en parut une version française sous ce titre: Livre des Sept Sages de Rome, Genève, 1492, in-fol. Ces deux éditions sont également rares. Le traducteur, en annonçant que cette translation est nouvellement faite, prévient la méprise où l'on pourrait tomber, en la confondant avec l'ancien Dolopathos, ouvrage du douzième siècle au plus tard. D'autres traductions latines et italiennes ont été faites depuis. Voyez sur le tout, la Notice de M. Dacier, ub. sup., p. 560 et suiv.
79.Du Dolopathos français, le trait de la Femme qui veut se jeter dans un puits, Journée VII, Nouv. IV; celui du Palefrenier (qui, dans le Dolopathos est un Chevalier) et de la Fille du Roi Agilulf, Journée III, Nouvelle II; et la Revanche du Siénois avec la Femme de son Voisin, Journ. VIII, Nouv. III: de Rutebeuf, la Nouv. de Dom Jean, Journ. IX, Nouv. X, devenue dans La Fontaine, la Jument du Compère Pierre; de Vistace ou Huistace, celle du Mari jaloux qui confesse sa femme, Journ. VII, Nouv. V, et celle de deux jeunes Florentins dans une auberge, Journ. IX, Nouv. VI, d'où La Fontaine a tiré son conte du Berceau. Fauchet croit aussi que la fin tragique des Amours du châtelain de Coucy, a pu fournir le sujet de la Nouvelle de Guillaume de Roussillon, Journ. IV, Nouv. IX; mais elle est évidemment tirée du provençal. Voyez ci-après, pag. 106, note i.
80.Mém. de l'Acad. des Inscrip., tom. XX, pag. 375, in-4.
81.Dans la Préface de son Recueil des Fabliaux et Contes des Poëtes français, des 12e, 13e., 14e. et 15e. siècles, Paris, 1766, 3 vol. in-12.
82.Paris, 1779, 3 vol. in-8.
83.Tom. II, pag. 288.
84.Novelle antiche.
85.Ub. sup., p. 289.
86.Journ. VII, Nouv. IV.
87.1787, in-8., p. 28.
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