Kitobni o'qish: «Озорные рассказы / Les contes drolatiques. Уровень 1»
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La première dizaine
La belle Impéria
L’archevêque de Bordeaux avait mis1 de sa suite, pour aller au Concile de Constance, un tout joli petit prêtre, dont la façon de parler était très mignon.
Notre prêtre s’appelait Phillipe de Mala. Il se résolut2 à servir dignement son promoteur. Mais il a vu à ce Conseil beaucoup de gens menant une vie dissolue et n’en gagnant pas moins3, et même plus d’indulgence et d’écus d’or que tous les autres qui étaient sages.
Ainsi, pendant une nuit le diable souffla à l’oreille du prêtre qu’il ne devait pas se limiter, puisque chacun pouvait bénéficier de la Sainte Eglise, c’était un miracle qui prouvait bien la présence de Dieu. Le prêtre crut4 le diable. Il se promit de banqueter. Il s’intéressait avant tout aux femmes.
Le secrétaire d’évêque raconta au prêtre que les pères et les procureurs donnait aux femmes des pierres et de l’or. Le pauvre prêtre de Tours commença à amasser des monnaies, qui lui donnait l’archevêque pour son travail d’écriture, en espérant, un jour, en avoir suffisamment pour voir la courtisane d’un cardinal.
Le petit gentil Philippe attrapa souvent de bons coups,5 mais le diable le soutint en lui faisant croire que, tôt ou tard, ça serait son tour d’être chez la femme d’un cardinal.
Un soir il se glissa dans la plus belle maison de Constance.
– Ah, se dit-il, elle doit être belle et galante, celle-là!
Phillipe de Mala monta rapidement les escaliers et resta à la porte de la chambre de la maitresse comme un voleur devant les juges. Les servantes, occupées à déshabiller la maitresse, mirent son joli corps à nu, et en le voyant, le prêtre s’exclama «Ah!».
– Et que voulez-vous, mon petit? lui dit la
dame.
– Vous rendez mon âme, fit-il en la mangeant des yeux.
– Vous pouvez revenir demain, reprit-elle pour se moquer de lui.
A quoi Philippe répondit:
– J’en serait honoré.6
Elle se mit à rire7 comme une folle. Philippe resta confus et heureux.
– Il a de beaux yeux, madame! dit une des servantes.
– D’où sort-il donc? demanda l’autre.
– Pauvre enfant! s’écria Madame, sa mère le cherche.
Mais le regard de prêtre plein d’amour réveilla l’imagination de la dame, et moitié riante, moitié férue8 elle lui répéta «Demain!» et le renvoya par un geste.
Le lendemain Philippe traversa la ville pour retrouver la maison de la reine de son cœur. Quand il demanda aux passants à qui appartenait la maison, ils rirent de lui et dirent: «D’où vient ce galeux qui n’a entendu parler de la belle Impéria?»
En entendant le nom Impéria, il eut peur. Imperia était la plus précieuse et fantasque du monde. Sans manger ni boire, il se promenait en ville, en attendant l’heure.
La nuit vint. Le prêtre de Tours se glissa dans une maison de la véritable reine du Conseil.
Impéria était assise près de la table avec les meilleures boissons.
Elle dit:
– Mettez-vous près de moi, pour que je voie si vous êtes changé d’hier.
– Oh oui! fit-il. Hier, je vous aimais!.. Et ce soir, nous nous aimons.
– Oh! petit! petit! s’escria-t-elle joyeusement, oui, tu as changé, car de jeune prêtre tu es devenu le vieux diable.
Comme ils se furent enfin commodément établis, il se fit un bruit désagréable, comme si les gens se battaient en criant. Le gros évêque de Coire entra tout poussif de colère.9 Il volait chasser le jeune prêtre, mais Impéria l’arrêta.
– Asseyez-vous et buvez, dit-elle.
Philippe était en colère. Le diner continuait, mais le jeune prêtre ne mangea rien.
Soudain le cardinal de Raguse entra dans la salle. Il comprit tout du premier coup10.
– Hé! mon ami, fit-il à Philippe en l’appelant à lui.
Ils sortirent dans l’escalier.
– Choisis! dit le cardinal, de te marier avec une abbaye pour la vie, ou avec Madame, ce soir, pour en mourir demain…
– Ah! fit le prêtre, une bonne grosse abbaye…
Le cardinal rentra dans la salle, trouva un bout de papier et y écrivit une cédule pour l’envoyé de France.
– Monsieur, lui dit le prêtre de Tours, L’évêque de Coire ne s’en ira pas aussi vite que moi. Il a trop bu. Mais j’ai une idée. Vous savez à quel point la coqueluche est mauvaise. Dites à l’évêque que vous était chez votre vieil ami malade l’archevêque de Bourdeaux…
Et le prêtre partit.
– Ah! ah! mon bon confrère, dit-il à l’évêque, je me félicite d’être en votre compagnie, et suis contant d’avoir chassé ce petit prêtre indigne de Madame.
– C’est le scribe à monsieur l’archevêque de Bourdeaux, et ceci a tombé malade ce matin…
Après ces mots l’évêque de Coire montra combien les gros hommes sont légers. Il disparut immédiatement.
Le cardinal voulut embrasser Impéria, mais elle ne permit pas.
– Vous devenez fou, dit-elle; allez-vous-en!
– Je serai pape, et tu me payeras ça11…
– Sortez!
Impéria se trouva seule devant le feu.
– Ah! fit-elle en pleurant, comme je suis malheureuse!
Soudains elle vit dans le miroir la figure du prêtre.
– Ah! ah! fit-elle, viens, mon gentil, mon fils chéri. Je veux te faire Roi, Empereur, Pape, et plus heureux qu’eux tous!..
Il lui regardait en silence d’un regard amoureux. Et elle dit:
– Allons! tais-toi, petit!.. Soupons.
Le peche veniel
I
Comment le bonhomme bruin prit une femme
Monsieur Bruin fut fêtard dans sa jeunesse. Enfin il se ruina. Un abbé de Marmoutier, son voisin, lui conseilla d’aller en Terre Sainte et lutter contre les musulmans pour redevenir riche. Et monsieur Bruin partit en Afrique.
Il retourna de la Croisade chargé d’écus et des pierres précieuses. En plus, le roi Philippe le nomma comte et sénéchal.
Monsieur Bruin devint sage. Tout le monde l’aimait.
Un jour, à la veille de la fête de Saint-Jean12, des Égyptiens ou des Bohémiens pillèrent le monastère de Saint-Martin. Et pour se moquer de la foi chrétienne, ils y laissèrent une fille moricaude toute nue. Elle fut condamnée à brûler13. Mais monsieur Bruin prouva que ça serait plaisant au Dieu si cette âme africaine devenait chrétienne. La Moresque n’hésita point entre le feu et le baptême. Elle choisit être chrétienne.
Monsieur Bruin proposa Madame d’Asai, la femme du chevalier qui était captivé par les Sarrasins, d’être marraine de la Moresque.
A la fête du baptême monsieur le Bruin vit la fille de Madame d’Asai, mademoiselle Blanche, et tomba amoureux d’elle. Cette fille était naïve. Elle permit monsieur Bruin de baiser sa main, et puis le cou. Une semaine plus tard ils se marièrent.
Après les trois jours de noces monsieur Bruin emmena sa femme dans son château. Ils se mirent au lit. Monsieur Bruin baissa Blanche au front, puis au sein, mais ce fut tout. Sentant, qu’il ne pouvait rien faire, le compte se recula devant le bord du lit et dit à son épouse:
– Et voilà, vous êtes dame.
– Oh! non, fit-elle.
– Comment, non? répondit-il, n’êtes-vous pas dame?
– Non, fit-elle encore. Je la serai quand j’aurai un enfant!
– Oh! ma petite! dit le sénéchal, reconnaissant que Blanche était pucelle de la tête aux pieds, le bon vouloir de Dieu est premièrement nécessaire pour cet office; puis les femmes doivent être en état nécessaire.
– Et quand serai-je en état nécessaire? demanda-t-elle.
– Lorsque la nature le voudra, dit-il pour rire.
– Et que faut-il faire? reprit-elle.
– Bah! une opération alchimique pleine de dangers.
– Mais cette opération alchimique, ne serait-elle se faire incontinent?
– Oh! non! Pour ce nous devons être innocents devant Dieu. N’avez-vous pas transgressé les ordonnances de l’Eglise?
– Oh! non, dit-elle vivement.
– Vous êtes bien parfaite!.. s’écria monsieur Bruin, mais moi, j’ai juré comme un Païen14.
– Oh! Et pourquoi?
– Parce que la dance ne finissait pas, et je voulais vous emmener ici et embrasser.
Elle était fatiguée et elle se coucha en laissant son vieillard admirer sa beauté.
II
Comment le senechal se battit avec
le pucelage de sa femme
Durant les premiers jours de son mariage, le sénéchal inventa de notables bourdes pour sa femme.
Un soir, par accident15, Bruin parla d’enfants. Il se plaignait d’un gars condamné par lui de grandes fautes, en disant que, pour sûr, celui-là naquit16 de gens chargez de péchés mortels:
– Si vous voulez me donner un enfant, dit Blanche, je l’éduquerai si bien, que vous serez content de lui…
– Comment, ma mie17, voulez-vous être mère? fit Bruin. Mais vous ne savez pas encore le métier de dame18.
– Oh! dit-elle. Je l’apprendrai!
Alors, pour obtenir un enfant, Blanche commença à chasser le cerf. Le pauvre sénéchal avait déjà peine à19 accompagner sa dame à la chasse.
Mais il était fou d’elle, et comme sa femme devenait de plus en plus rêveuse, Bruin voulut chasser des pensées qui la hantaient.
– D’où vient votre souci, ma mie? dit-il.
– De honte. Je ne suis pas une femme vertueuse, si je n’ai pas d’enfant. Je sais qu’il doit sortir de moi puisque à l’église on dit que Jésus était le fruit du ventre20 de la Vierge.
– Donc, prions Dieu et la Vierge que cela soit ainsi, s’écria le sénéchal.
Le jour même Blanche partit à la cathédrale pour prier la Vierge. Le vieux sénéchal était avec elle, mais il s’endormit en chemin. Monsieur Gauthier de Montsoreau chevauchait devant Blanche, en dispersant le peuple.
Une des paysannes dit:
– Voyez! Monsieur de Montsoreau est assez mignon pour ouvrir le cœur de cette dame.
Blanche rougit, et monsieur Montsoreau la regarda attentivement. La femme du sénéchal pensa
à ce regard tout le chemin, et, en arrivant au pont de Tours, elle était déjà amoureuse du jeune Montsoreau.
Quand ils atteignirent21 finalement la cathédrale, Blanche alla à la chapelle où les dames demandaient les enfants à Dieu et à la Vierge, et y entra seule, comme c’était la coutume. Là, elle vit un vieux prêtre, et elle demanda:
– Et voyez-vous souvent de jeunes femmes avec aussi vieil époux que l’est monsieur le sénéchal?
– Rarement, fit-il.
– Mais celle-là ont les enfants?
– Toujours. Avant cet âge, Dieu seul s’en mêle; après, ce sont les hommes.
– Vous êtes bien joyeuse! dit à sa femme le sénéchal en rentrant à la maison.
– Je ne doute plus d’avoir un enfant. Mais le prêtre a dit que quelqu’un d’autre doit travailler pour cela, je prendrai Gauthier…
Monsieur Bruin immédiatement éloigna Gauthier pour protéger le pucelage de Blanche. Au lieu du jeune Montsoreau le sénéchal invita René, un garçon de quatorze ans, dont il fit son page.