Kitobni o'qish: «Maintenant et À Tout Jamais»
M I N T E N A N T E T À T O U T J A M A I S
(L’AUBERGE DE SUNSET HARBOR – TOME 1)
S O P H I E L O V E
Sophie Love
Fan depuis toujours du genre romantique, Sophie Love est ravie de la parution de sa première série de romance : Maintenant et à tout jamais (L’Hôtel de Sunset Harbor – tome 1). Sophie adorerait recevoir de vos nouvelles, donc s’il vous plaît visitez www.sophieloveauthor.com pour lui envoyer un e-mail, rejoindre la liste de diffusion, recevoir des e-books gratuits, apprendre les dernières nouvelles, et rester en contact !
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les évènements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright kak2s utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
Table des matières
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE UN
Emily fit courir ses doigts le long du tissu soyeux de sa robe noire, lissant les plis pour ce qui devait être la centième fois de cette soirée.
« Tu sembles nerveuse », dit Ben. « Tu as à peine touché à ta nourriture. »
Elle lança un regard furtif vers le poulet à moitié mangé dans son assiette, puis releva les yeux sur Ben, qui était assis en face d’elle à la table magnifiquement mise, le visage éclairé par la lumière des bougies. Pour leur septième anniversaire, il l’avait amenée au restaurant le plus romantique de New York.
Bien sûr qu’elle était nerveuse.
Surtout car la petite boîte de chez Tiffany qu’elle avait trouvée cachée dans son tiroir à chaussettes des semaines auparavant n’était plus là quand elle avait vérifié aujourd’hui. Elle était certaine que ce soir était le soir où il lui ferait enfin sa demande.
Cette pensée faisait tambouriner son cœur d’impatience.
« Je n’ai juste pas si faim », répondit-elle.
« Oh », dit Ben, qui parut légèrement perturbé. « Est-ce que ça veut dire que tu ne voudras pas de dessert ? Je lorgnais la mousse au caramel beurre-salé. »
Elle ne voulait certainement pas de dessert, mais elle éprouva la crainte soudaine que Ben ait peut-être dissimulé la bague dans la mousse. Ce serait une manière ringarde de faire sa demande, mais à l’heure qu’il était elle pourrait accepter n’importe quelle façon. Dire que Ben était effrayé par l’engagement était un euphémisme. Il avait fallu deux ans de relation avant qu’il ne soit même d’accord qu’elle laisse sa brosse à dents dans son appartement – et quatre ans avant qu’il ne décide finalement qu’elle pouvait emménager.
Si elle mentionnait ne serait-ce que des enfants, il devenait blanc comme un linge.
« S’il te plaît, commande la mousse si tu le veux », dit-elle. « J’ai encore mon verre de vin. »
Ben haussa légèrement les épaules, puis appela le serveur, qui enleva rapidement l’assiette vide et son poulet à demi mangé.
Ben tendit les mains et prit les siennes.
« Est-ce que je t’ai dit que tu étais belle ce soir ? » demanda-t-il.
« Pas encore », dit-elle en souriant, espiègle.
Il sourit en retour. « Dans ce cas, tu es de toute beauté. »
Puis il mit la main dans sa poche.
Son cœur sembla cesser de battre. Voilà. Cela arrivait vraiment. Toutes ces années d’angoisse, de patience digne d’un moine bouddhiste, étaient sur le point de porter leurs fruits. Elle s’apprêtait à prouver à sa mère qu’elle avait tort, sa mère qui paraissait se délecter de dire à Emily qu’elle n’arriverait jamais à faire passer un homme tel que Ben devant le maire. Sans mentionner sa meilleure amie, Amy, qui avait récemment développé la tendance, après un verre de vin rouge en trop, à commencer à implorer Emily de ne pas gaspiller plus de temps avec Ben, car avoir trente-cinq ans n’était définitivement pas “trop vieux pour trouver le véritable amour.”
Elle avala la boule qu’elle avait dans la gorge tandis que Ben sortait la boîte de chez Tiffany de sa poche et la faisait glisser sur la table, vers elle.
« Qu’est-ce que c’est ? », réussit-elle à dire.
« Ouvre là », répondit-il avec un grand sourire.
Il ne mettait pas un genou à terre, remarqua Emily, mais ça allait. Elle n’avait pas besoin que cela soit traditionnel. Elle avait juste besoin d’une bague. N’importe quelle bague ferait l’affaire.
Elle prit la boîte, l’ouvrit – puis fronça les sourcils.
« Mais…quoi ? » balbutia-t-elle.
Elle la regardait fixement, stupéfaite. C’était un flacon de parfum d’une once.
Ben souriait, comme ravi de son ouvrage.
« Je n’avais pas non plus réalisé qu’ils vendaient du parfum », répondit Ben. « Je pensais qu’ils ne vendaient que des bijoux hors de prix. Tu veux que je t’en mette ? »
Soudain incapable de contenir ses émotions, Emily éclata en sanglots. Tous ses espoirs se brisèrent autour d’elle. Elle se sentait idiote de s’être laissé penser qu’il pourrait faire sa demande ce soir-là.
« Pourquoi est-ce que tu pleures ? » dit Ben, sourcils froncés, soudain mécontent. « Des gens regardent. »
« Je pensais… », bégaya Emily, tamponnant ses yeux avec la nappe, « avec le restaurant, et le fait que ce soit notre anniversaire… » Elle était incapable de trouver ses mots.
« Oui », dit Ben, froidement. « C’est notre anniversaire et je t’ai acheté un cadeau. Je suis désolé s’il n’est pas assez bien, mais tu ne m’en pas pris un du tout. »
« Je pensais que tu allais faire ta demande ! » cria enfin Emily, jetant sa serviette sur la table.
Le bourdonnement dans la salle s’arrêta, alors que des gens cessaient de manger, se retournaient et la dévisageaient. Elle ne s’en souciait plus.
Les yeux de Ben s’écarquillèrent de peur. Il semblait encore plus effrayé que la fois où elle avait mentionné la possibilité de fonder une famille.
« Pour quelle raison veux-tu te marier ? » dit-il.
Emily fut frappée par un instant de clarté. Elle le regarda comme si elle le voyait pour la première fois. Ben ne changerait pas. Il ne s’engagerait jamais. Sa mère, Amy, elle avait toutes deux eu raison. Elle avait passé des années à attendre quelque chose qui manifestement n’allait jamais se produire, et ce flacon de parfum miniature avait été la goutte qui avait fait déborder le vase.
« C’est terminé », dit Emily, le souffle coupé, et ses larmes s’arrêtèrent soudain. « C’est vraiment terminé. »
« Tu es ivre ? » s’écria Ben, incrédule. « D’abord tu veux te marier – et maintenant tu veux rompre ? »
« Non », dit Emily. « Je ne suis simplement plus aveugle. Ça – toi, moi – ça n’a jamais été bon. » Elle se leva, jetant sa serviette sur sa chaise. « Je déménage », dit-elle. « Je resterais chez Amy ce soir, puis j’irais chercher mes affaires demain. »
« Emily », dit Ben, tendant la main vers elle. « Pouvons-nous en parler s’il te plaît ? »
« Pourquoi ? » rétorqua-t-elle. « Pour que tu puisses me convaincre d’attendre sept autres années avant que nous achetions notre propre maison ? Une autre décennie avant que nous ouvrions un compte joint ? Dix-sept ans avant que tu n’envisages ne serait-ce que l’idée de prendre un chat ensemble ? »
« S’il te plaît », dit Ben dans sa barbe, regardant le serveur approcher en portant son dessert. « Tu fais une scène. »
Emily le savait, mais elle s’en moquait. Elle n’était pas près de changer d’avis.
« Il ne reste plus rien à discuter », dit-elle. « C’est terminé. Profite bien de la mousse au caramel beurre-salé ! »
Et sur ces derniers mots, elle sortit du restaurant comme un ouragan.
CHAPITRE DEUX
Emily fixait son clavier, en voulant que ses doigts bougent, fassent quelque chose, n’importe quoi. Un autre e-mail apparut dans sa boîte de réception et elle le regarda d’un air absent. Le bruit des discussions du bureau autour d’elle entrait en tourbillonnant par une oreille et ressortait par l’autre. Elle ne pouvait pas se concentrer. Elle avait l’impression d’être dans un état second. Le manque total de sommeil qu’elle avait obtenu sur le canapé plein de bosses d’Amy arrangeait difficilement les choses.
Elle avait été au travail depuis une heure entière mais n’avait accompli rien de plus qu’allumer son ordinateur et boire une tasse de café. Son esprit était complètement rongé par les souvenirs de la nuit passée. Le visage de Ben n’arrêtait pas d’apparaître dans sa tête. Cela la faisait se sentir légèrement paniquée chaque fois qu’elle revivait cette terrible soirée.
Son téléphone commença à sonner, et elle jeta un coup d’œil à l’écran pour voir le nom de Ben clignoter pour la énième fois. Il appelait, encore. Elle n’avait pas répondu à un seul de ses appels. De quoi pourraient-ils discuter maintenant ? Il avait eu sept années pour arriver à décider s’il voulait être avec elle ou non – une tentative de dernière minute pour sauver les choses n’allait rien y faire à présent.
Le téléphone de son bureau commença à sonner, et elle fit un bond, puis décrocha.
« Allo ? »
« Salut, Emily, c’est Stacey du quinzième étage. J’ai noté ici que tu étais censée assister à la réunion ce matin, et je voulais faire le point pour savoir pourquoi tu ne l’as pas fait. »
« MERDE ! », s’écria Emily, en reposant bruyamment le téléphone. Elle avait complètement oublié la réunion.
Elle bondit de son bureau et courut à travers le bureau vers l’ascenseur. Son état affolé parut amuser ses collègues, qui commencèrent à murmurer comme des enfants idiots. Quand elle eut atteint la porte de l’ascenseur, elle frappa sa paume contre le bouton.
« Allez, allez, allez ! »
Cela prit une éternité, mais enfin l’ascenseur arriva. Alors que les portes s’ouvraient, Emily se précipita à l’intérieur, seulement pour percuter directement quelqu’un qui en sortait. Quand elle se recula, le souffle coupé, elle se rendit compte que la personne qu’elle avait heurtée était sa chef, Izelda.
« Je suis tellement désolée », balbutia Emily.
Izelda l’examina de la tête aux pieds. « Pour quoi, exactement ? Pour m’être rentré dedans, ou avoir manqué la réunion ? »
« Les deux », dit Emily. « J’étais sur le point de descendre, là maintenant. Ça m’est complètement sorti de l’esprit. »
Elle pouvait sentir tous les regards dans le bureau brûler dans son dos. La dernière chose dont elle avait besoin en ce moment était une dose d’humiliation publique, ce qu’Izelda prenait grand plaisir à infliger.
« Vous avez un calendrier ? » demanda froidement Izelda en croisant les bras.
« Oui. »
« Et savez-vous comment cela marche ? Comment écrire ? »
Derrière Emily, elle pouvait entendre les gens étouffer leurs rires. Son premier réflexe fut de faner comme une fleur. Se faire ridiculiser devant un public était son idée d’un cauchemar. Mais tout comme au restaurant la nuit dernière, une étrange clarté l’envahit. Izelda n’était pas une figure d’autorité qu’elle devait respecter et aux lubies de laquelle elle devait céder. Elle était juste une femme amère qui déversait sa colère sur tous ceux sur qui elle pouvait. Et ces collègues murmurant dans son dos ne comptaient pas.
Une soudaine vague de prise de conscience submergea Emily. Ben n’était pas la seule chose qu’elle n’aimait pas dans sa vie. Elle détestait son travail aussi. Ces gens, ce bureau, Izelda. Elle avait été coincée là pendant des années, tout comme elle avait été coincée avec Ben. Et elle n’allait plus le supporter.
« Izelda », dit Emily, s’adressant à sa supérieure par son prénom pour la première fois, « je vais devoir être honnête là. J’ai manqué la réunion, ça m’est sorti de la tête. Ce n’est pas la pire des choses au monde. »
Izelda lui lança un regard noir.
« Comment osez-vous ? », dit-elle d’un ton sec. « Je vous ferais travailler à votre bureau jusqu’à minuit durant le prochain mois jusqu’à ce que vous appreniez la valeur d’être prompte. »
Sur ces mots Izelda la frôla, bousculant l’épaule d’Emily, puis partit en trombe, l’affaire à l’évidence réglée à ses yeux.
Mais ce n’était pas réglé à ceux d’Emily.
Emily tendit le bras, agrippa l’épaule d’Izelda et l’arrêta.
Izelda se retourna et grimaça, repoussant la main d’Emily comme si elle avait été mordue par un serpent.
Mais Emily ne céda pas.
« Je n’ai pas fini », poursuivit Emily, conservant sa voix complètement calme. « La pire des choses dans ce monde, c’est cet endroit. C’est vous. C’est ce travail stupide, insignifiant, abrutissant. »
« Pardon ? » s’écria Izelda, dont le visage devenait rouge de colère.
« Vous m’avez entendue », répondit Emily. « En fait, je suis presque sûre que tout le monde m’a entendue. »
Emily jeta un regard par-dessus son épaule vers ses collègues, qui la dévisageaient, interloqués. Personne ne s’était attendu à ce que la réservée, docile Emily ne craque ainsi. Elle se remémora l’avertissement de Ben, qu’elle “faisait une scène” la nuit dernière. Et elle se tenait là, en faisant une autre. Seulement cette fois elle appréciait de le faire.
« Vous pouvez prendre votre boulot, Izelda », ajouta Emily, « et te le mettre où je pense. »
Elle put pratiquement entendre les exclamations derrière elle.
Elle dépassa Izelda en la bousculant, vers l’ascenseur, puis tourna les talons. Elle appuya sur le bouton du rez-de-chaussée pour, réalisa-t-elle, avec un soulagement absolu, ce qui serait la dernière fois de sa vie, puis observa la scène de ses collègues abasourdis qui la dévisageaient tandis que les portes de refermaient et les bloquaient dehors. Elle laissa échapper un long soupir, se sentant plus libre et plus légère que jamais.
*
Emily grimpa les escaliers en courant, vers son appartement, en prenant conscience que ce n’était pas vraiment le sien – cela ne l’avait jamais vraiment été. Elle avait toujours eu l’impression qu’elle vivait dans l’espace de Ben, qu’elle avait besoin de se faire aussi petite et discrète que possible. Elle batailla pour trouver ses clefs, reconnaissante qu’il soit au travail, et qu’elle n’aurait pas affaire à lui.
Elle rentra et le contempla avec un regard nouveau. Rien ici n’était à son goût. Tout semblait revêtir une nouvelle signification ; le canapé horrible à propos duquel elle et Ben s’étaient disputés pour l’acheter (une dispute qu’elle avait gagnée) ; la stupide table basse qu’elle voulait jeter, car un des pieds était plus court que les autres et qu’elle était en permanence bancale (mais à laquelle Ben était attaché pour des “raisons sentimentales”, donc elle était restée) ; la télévision démesurée qui avait coûté bien trop cher et prenait bien trop de place (mais Ben avait maintenu qu’il en avait besoin pour regarder le sport, car c’était la “seule chose” qui pouvait le garder sain d’esprit). Elle prit une paire de livres sur l’étagère, remarquant que ses romans romantiques avaient été relégués dans les ombres de l’étagère du bas (Ben craignait toujours que ses amis pensent qu’il était moins intellectuel s’ils voyaient des romans à l’eau de rose sur l’étagère – ses préférences allaient aux textes académiques et aux philosophes, bien qu’il ne semble jamais lire aucun d’entre eux.)
Elle parcourut du regard les photos sur le manteau de la cheminée pour voir s’il y avait quoi que ce soit qui vaille la peine d’être pris, quand cela la frappa de voir que chaque image dans laquelle elle apparaissait était avec la famille de Ben. Ils étaient à l’anniversaire de sa nièce, au mariage de sa sœur. Il n’y avait pas une seule photo d’elle avec sa mère, la seule personne de sa famille, encore moins de Ben passant du temps avec elles deux. Soudain, cela frappa Emily : elle avait était étrangère à sa propre vie. Elle avait suivi le chemin de quelqu’un d’autre pendant des années plutôt que de se forger le sien.
Elle traversa l’appartement comme une furie, et alla dans la salle de bain. Là se trouvaient les seules choses qui comptaient pour elle – ses produits de toilette et son maquillage. Mais même cela avait été un problème pour Ben. Il s’était constamment plaint à propos du nombre de produits qu’elle avait, se lamentant en disant qu’ils étaient une perte d’argent.
« C’est mon argent à gaspiller ! », cria Emily à son reflet dans le miroir tandis qu’elle jetait toutes ses possessions dans un sac fourre-tout.
Elle avait conscience qu’elle ressemblait à une folle, se précipitant à travers la salle de bain tout en jetant des flacons de shampoing à moitié vides dans son sac, mais elle ne s’en souciait pas. Sa vie avec Ben n’avait été rien de plus qu’un mensonge, et elle voulait sortir aussi vite que possible.
Elle courut ensuite dans la chambre et prit sa valise sous le lit. Elle la remplit rapidement de tous ses vêtements et chaussures. Une fois qu’elle eut achevé de récupérer ses affaires, elle traîna tout dans la rue. Ensuite, dans un dernier geste symbolique, elle retourna à l’appartement et posa sa clef sur la table basse “sentimentale” de Ben, puis partit, pour ne jamais revenir.
Ce ne fut que quand elle se tint au bord du trottoir que ce qu’elle avait fait percuta vraiment Emily. Elle s’était retrouvée sans travail et sans domicile dans l’espace de quelques heures. Redevenir célibataire avait été une chose, mais envoyer balader sa vie entière en était plutôt une autre.
De petites palpitations de panique commencèrent à la traverser. Ses mains tremblaient tandis qu’elle sortait son téléphone et composait le numéro d’Amy.
« Salut, quoi de neuf ? », dit Amy.
« J’ai fait quelque chose de dingue », répondit Emily.
« Vas-y… », la pressa Amy.
« J’ai quitté mon travail. »
Elle entendit Amy souffler à l’autre bout de la ligne.
« Oh Dieu merci », dit la voix de son amie. « Je pensais que tu allais me dire que tu t’étais remise avec Ben. »
« Non, non, plutôt le contraire. J’ai fait mes bagages et je suis partie. Je suis debout dans la rue comme une clocharde. »
Amy commença à rire. « J’ai la meilleure des images en tête là. »
« Ce n’est pas drôle ! » répondit Emily, plus paniquée que jamais. « Qu’est-ce que je suis censée faire maintenant ? J’ai quitté mon travail. Je ne pourrais pas obtenir un appartement sans travail ! »
« Tu dois admettre que c’est un peu amusant », répondit Amy en gloussant. « Tu n’as qu’à amener tout ça ici », ajouta-t-elle nonchalamment. « Tu sais que tu peux rester avec moi jusqu’à ce que tu trouves des réponses. »
Mais Emily ne le voulait pas. Elle avait essentiellement passé des années de sa vie à vivre dans l’espace d’un autre, avec l’impression d’être une locataire dans sa propre maison, comme si Ben lui faisait une faveur seulement en l’ayant près de lui. Elle ne voulait plus de cela. Elle avait besoin de se forger une nouvelle vie, de se tenir sur ses deux pieds.
« J’apprécie ton offre », dit Emily, « mais j’ai besoin de faire les choses de moi-même pendant un moment. »
« Je comprends », répondit Amy. « Alors quoi ? Quitter un peu la ville ? Te vider la tête ? »
Cela fit réfléchir Emily. Son père possédait une maison dans le Maine. Ils y étaient restés durant l’été quand elle était enfant, mais elle était restée vide depuis qu’il avait disparu vingt ans auparavant. Elle était vieille, pleine de caractère, et avait été magnifique à un moment donné, d’une certaine manière historique ; elle avait plus été comme un vaste gite duquel il ne savait pas quoi faire d’autres, hormis une maison.
Elle était à peine dans un état médiocre alors, et Emily savait qu’elle ne serait pas en bon état à présent, après vingt ans passés à l’abandon ; ce ne serait pas non plus pareil vide – ou maintenant qu’elle n’était plus une enfant. Sans mentionner que ce n’était pas vraiment l’été. On était en février !
Et pourtant l’idée de passer quelques jours simplement assise sous le porche, à contempler l’océan, dans un endroit qui était à elle (en quelque sorte), paraissait soudain très romantique. Sortir de New York pour le week-end serait une bonne manière de se vider la tête et essayer de déterminer ce que faire ensuite.
« Je dois y aller », dit Emily.
« Attends », répondit Emily. « Dis-moi où tu vas d’abord ! »
Emily prit une profonde inspiration.
« Je vais dans le Maine. »