Kitobni o'qish: «Un Royaume D'ombres »
Morgan Rice
Morgan Rice est l’auteure de best-sellers #1 de USA Today et l’auteure de la série d’épopée fantastique L’ANNEAU DU SORCIER , comprenant dix-sept livres; de la série à succès MÉMOIRES D'UNE VAMPIRE, comprenant onze livres (jusqu'à maintenant); de la série à succès LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, un thriller post-apocalyptique comprenant deux livres (jusqu'à maintenant); et de la nouvelle série épique de fantaisie, ROIS ET SORCIERS, comprenant deux livres (jusqu'à maintenant). Les livres de Morgan sont disponibles en format audio et papier et ont été traduits dans plus de 25 langues.
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Choix de Critiques pour Morgan Rice
« Si vous pensiez qu'il n'y avait plus aucune raison de vivre après la fin de la série de L'ANNEAU DU SORCIER, vous aviez tort. Dans LE RÉVEIL DES DRAGONS, Morgan Rice a imaginé ce qui promet d'être une autre série brillante et nous plonge dans une histoire de fantasy avec trolls et dragons, bravoure, honneur, courage, magie et foi en sa propre destinée. Morgan Rice a de nouveau réussi à produire un solide ensemble de personnages qui nous font les acclamer à chaque page .... Recommandé pour la bibliothèque permanente de tous les lecteurs qui aiment les histoires de fantasy bien écrites ».
–-Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (pour Le Réveil des Dragons)
« LE RÉVEIL DES DRAGONS est un succès dès le début .... C'est une histoire de qualité supérieure qui commence traditionnellement par les luttes d'un protagoniste puis évolue vers un cercle plus large de chevaliers, de dragons, de magie et de monstres et de destin .... Tous les signes extérieurs de la « high fantasy » sont ici, des soldats et des batailles aux affrontements avec soi-même .... Une histoire séduisante recommandée pour tous ceux qui aiment la fantasy épique alimentée par de jeunes protagonistes adultes puissants et crédibles. »
–Midwest Book Review, D. Donovan, critique de livres électroniques
« Une fantasy pleine d'action qui saura plaire aux amateurs des romans précédents de Morgan Rice et aux fans de livres tels que le cycle L'Héritage par Christopher Paolini .... Les fans de fiction pour jeunes adultes dévoreront ce dernier ouvrage de Rice et en demanderont plus. »
—The Wanderer, A Literary Journal (pour Le Réveil des Dragons)
« Une histoire du genre fantastique entraînante qui mêle des éléments de mystère et de complot à son intrigue. La Quête des Héros raconte la naissance du courage et la réalisation d’une raison d'être qui mène à la croissance, la maturité et l'excellence.... Pour ceux qui recherchent des aventures fantastiques substantielles, les protagonistes, les dispositifs et l'action constituent un ensemble vigoureux de rencontres qui se concentrent bien sur l'évolution de Thor d'un enfant rêveur à un jeune adulte confronté à d'insurmontables défis de survie .... Ce n'est que le début de ce qui promet d'être une série pour jeune adulte épique. »
—Midwest Book Review (D. Donovan, critique de livres électroniques)
« L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients pour un succès instantané : intrigues, contre-intrigues, mystères, vaillants chevaliers et des relations en plein épanouissement pleines de cœurs brisés, de tromperie et de trahison. Il retiendra votre attention pendant des heures et saura satisfaire tous les âges. Recommandé pour la bibliothèque permanente de tous les lecteurs de fantasy. »
– Books and Movie Reviews, Roberto Mattos
« Dans ce premier livre bourré d'action de la série de fantasy épique L'anneau du sorcier (qui contient actuellement 14 tomes), Rice présente aux lecteurs Thorgrin « Thor » McLéod, 14 ans, dont le rêve est de rejoindre la Légion d'argent, des chevaliers d'élite qui servent le roi .... L'écriture de Rice est solide et le préambule intrigant. »
– Publishers Weekly
Livres de Morgan Rice
ROIS ET SORCIERS
LE RÉVEIL DES DRAGONS (Tome n 1)
LE RÉVEIL DU VAILLANT (Tome n 2)
LE POIDS DE L'HONNEUR (Tome n 3)
UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome n 4)
UN ROYAUME D'OMBRES (Tome n 5)
LA NUIT DES BRAVES (Tome n 6)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HEROS (Livre n 1)
LA MARCHE DES ROIS (Livre n 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Livre n 3)
UN CRI D'HONNEUR (Livre n 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Livre n 5)
UN PRIX DE COURAGE (Livre n 6)
UN RITE D'ÉPÉES (Livre n 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Livre n 8)
UN CIEL DE CHARMES (Livre n 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Livre n 10)
LE RÈGNE DE L'ACIER (Livre n 11)
UNE TERRE DE FEU (Livre n 12)
LE RÈGNE DES REINES (Livre n 13)
LE SERMENT DES FRÈRES (Livre n 14)
UN RÊVE DE MORTELS (Livre n 15)
UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Livre n 16)
LE DON DU COMBAT (Livre n 17)
TRILOGIE DES RESCAPÉS
ARÉNA UN : LA CHASSE AUX ESCLAVES (Livre n 1)
DEUXIÈME ARÈNE (Livre n 2)
MÉMOIRES D'UNE VAMPIRE
TRANSFORMÉE (Livre n 1)
AIMÉE (Livre n 2)
TRAHIE (Livre n 3)
PRÉDESTINÉE (Livre n 4)
DÉSIRÉE (Livre n 5)
FIANCÉE (Livre n 6)
VOUÉE (Livre n 7)
TROUVÉE (Livre n 8)
RENÉE (Livre n 9)
ARDEMMENT DÉSIRÉE (Livre n 10)
SOUMISE AU DESTIN (Livre n 11)
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Copyright © 2015 par Morgan Rice
Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi états-unienne sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l'autorisation préalable de l'auteur.
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright Algol, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
“La vie n'est qu'une ombre qui marche; elle ressemble à un comédien qui se pavane et s'agite sur le théâtre une heure, après quoi il n'en est plus question.”
--William Shakespeare, Macbeth
CHAPITRE PREMIER
Le capitaine de la Garde Royale se tenait en haut de sa tour de guet et regardait les centaines de Gardiens en dessous de lui, tous les jeunes soldats qui surveillaient les Flammes sous sa stricte surveillance, et il soupira avec rancœur. Le capitaine, qui était digne de diriger des bataillons, sentait que c'était une insulte quotidienne que de le stationner ici, aux confins d'Escalon, à surveiller un groupe indiscipliné de ces criminels qu'ils aimaient appeler 'soldats'. Ce n'étaient pas des soldats mais des esclaves, des criminels, des garçons, des vieillards, le rebut de la société, tous enrôlés pour surveiller un mur de flammes qui n'avait pas changé en mille ans. Ce n'était vraiment qu'une prison idéalisée et il méritait mieux. Il méritait d'être partout sauf ici, stationné à garder les portes royales d'Andros.
Le capitaine baissa le regard, à peine intéressé, quand une autre bagarre se déclencha, la troisième de la journée. Celle-ci semblait être entre deux garçons immatures qui se battaient à cause d'un bout de viande. Une foule de garçons se rassembla rapidement autour d'eux en criant et en les encourageant. C'était tout ce qu'ils pouvaient espérer, ici. Ils s'ennuyaient tous trop à se tenir devant et à surveiller les Flammes jour après jour, ils étaient tous assoiffés de sang et le capitaine les laissait s'amuser. S'ils s’entre-tuaient, tant mieux, ça lui ferait deux garçons en moins à surveiller.
On entendit un cri quand un des garçons vainquit l'autre en lui enfonçant un poignard dans le cœur. Le garçon s'affaissa. Les autres acclamèrent sa mort puis détroussèrent rapidement son cadavre pour s'emparer de tout ce qu'ils pouvaient trouver. Par chance, c'était au moins une mort rapide, bien meilleure que la mort lente à laquelle les autres étaient confrontés ici. Le vainqueur s'avança, repoussa violemment les autres, tendit la main vers le bas, saisit le morceau de pain dans la poche du mort et le fourra dans la sienne.
C'était un jour ordinaire, ici, aux Flammes, et le capitaine bouillait d'indignation. Il ne méritait pas ça. Il avait fait une erreur, avait désobéi à un ordre direct une fois et, pour punition, il avait été envoyé ici. C'était injuste. Que n'aurait-il pas donné pour pouvoir revenir en arrière et changer ce moment de son passé. Il se disait que la vie était parfois trop exigeante, trop absolue, trop cruelle.
Résigné à sa destinée, le capitaine se tourna et regarda fixement les Flammes. Même après toutes ces années, il trouvait que le crépitement permanent des Flammes avait un côté attrayant, hypnotique. C'était comme regarder le visage de Dieu Lui-Même. Alors qu'il se perdait dans leur rougeoiement, cela le poussait à se poser des questions sur la nature de la vie. Elle avait l'air tellement dénuée de sens. Son rôle ici, le rôle de tous ces garçons ici, avait l'air tellement dénué de sens. Les Flammes brûlaient depuis des milliers d'années, ne s'éteindraient jamais et, tant qu'elles brûlaient, la nation des trolls ne pourrait jamais faire irruption ici. Marda aurait tout aussi bien pu se trouver de l'autre côté de la mer. Si c'était son rôle, il sélectionnerait les meilleurs de ces garçons et les stationnerait ailleurs en Escalon, le long des côtes, là où on avait vraiment besoin d'eux, et il ferait mettre à mort tous les criminels qui se trouvaient parmi eux.
Comme souvent, le capitaine perdit la notion du temps en se laissant hypnotiser par le rougeoiement des Flammes, et ce n'est qu'à la fin de la journée qu'il plissa soudain les yeux, en alerte. Il avait vu quelque chose, une chose qu'il n'arrivait pas vraiment à comprendre, et il se frotta les yeux en se disant qu'il devait avoir des visions. Pourtant, alors qu'il regardait, il se rendit lentement compte qu'il n'avait aucune vision. Le monde se transformait devant ses yeux.
Lentement, le crépitement omniprésent, celui en compagnie duquel il avait vécu chaque moment d'éveil depuis qu'il était arrivé ici, se tut. La chaleur qui s'était dégagée des Flammes disparut soudain en lui laissant un frisson, un vrai frisson, pour la première fois depuis qu'il était ici. Puis, alors qu'il regardait, la colonne de flammes brillantes rouges et oranges, cette colonne qui lui avait brûlé les yeux, qui avait incessamment éclairé le jour comme la nuit, s'absentait pour la première fois.
Elle disparaissait.
Le capitaine se frotta à nouveau les yeux en s'interrogeant. Est-ce qu'il rêvait ? Devant lui, pendant qu'il regardait, les Flammes baissèrent jusqu'à atteindre le sol comme si on avait fait descendre un rideau et, une seconde plus tard, il ne resta plus rien à leur place.
Rien.
Le capitaine eut le souffle coupé. Panique et incrédulité montèrent lentement en lui. Il se retrouva pour la première fois en train de regarder ce qui se trouvait de l'autre côté : Marda. Il en avait une vue claire et sans obstacle. C'était une terre remplie de noir, de montagnes noires et arides, de rochers noirs anguleux, de terre noire, d'arbres morts noirs. C'était une terre qu'il n'aurait jamais dû voir. Une terre qu'aucun habitant d'Escalon n'aurait jamais dû voir.
On entendit s'instaurer un silence stupéfait quand les garçons d'en dessous s'arrêtèrent pour la première fois de se battre entre eux. Figés par la stupéfaction, ils se tournèrent et contemplèrent tous la scène bouche bée. Le mur de flammes avait disparu et là-bas, de l'autre côté, leur faisant face avec avidité, se tenait une armée de trolls qui remplissait la terre jusqu'à l'horizon.
Une nation.
Le capitaine en eut le cœur serré. Là-bas, à seulement quelques mètres, se tenait une nation des créatures les plus répugnantes qu'il ait jamais vues, trop grandes, grotesques, difformes, qui tenaient toutes une hallebarde immense et attendaient toutes patiemment leur heure. Des millions de ces créatures les regardaient fixement, en apparence tout aussi stupéfaites, car il était clair qu'elles commençaient à comprendre qu'il ne restait maintenant plus rien entre elles et Escalon.
Les deux nations se tenaient là, face à face, se regardant l'une l'autre, les trolls rayonnants de victoire, les humains pris par la panique. Après tout, il n'y avait que quelques centaines d'humains, ici, contre un million de trolls.
Un cri rompit le silence. Il venait du côté des trolls. C'était un cri de triomphe et il fut suivi par un grand grondement quand les trolls chargèrent. Ils s'élancèrent avec un grondement, comme un troupeau de buffles, levant leur hallebarde et décapitant les garçons paniqués qui ne trouvaient même pas le courage de s'enfuir. C'était une vague de mort, une vague de destruction.
Le capitaine lui-même se tenait là-haut, sur sa tour, trop effrayé pour agir, pour même tirer l'épée pendant que les trolls se précipitaient vers lui. Un moment plus tard, il se sentit tomber quand la foule en colère abattit sa tour. Il sentit qu'il atterrissait dans les bras des trolls et hurla en les sentant le saisir de leurs griffes et le tailler en pièces.
Et alors qu'il agonisait là en sachant ce qui allait arriver à Escalon, une dernière pensée lui traversa l'esprit : le garçon qui s'était fait poignarder, qui était mort pour le morceau de pain, était le plus chanceux de tous.
CHAPITRE DEUX
Dierdre avait l'impression qu'on lui écrasait les poumons alors qu'elle tombait loin sous l'eau les pieds par-dessus la tête en recherchant désespérément de l'air. Elle essayait de prendre des repères mais, bousculée par les énormes vagues d'eau, voyant le monde constamment tourner dans tous les sens, elle en était incapable. Elle voulait plus que tout inspirer profondément, tout son corps lui criait de lui fournir de l'oxygène mais elle savait que, si elle le faisait, ça la tuerait certainement.
Elle ferma les yeux, pleura et, alors que ses larmes se mélangeaient à l'eau, elle se demanda si cet enfer prendrait fin un jour. Sa seule consolation lui vint en pensant à Marco. Elle l'avait vu, avec elle, se débattre dans les eaux, avait senti qu'il lui tenait la main, et elle se tourna et le chercha. Pourtant, quand elle regarda, elle ne vit rien, rien que des ténèbres et des vagues d'eau écumante et écrasante qui la poussaient vers le bas. Elle supposa que Marco était mort depuis longtemps.
Dierdre voulait pleurer, mais la douleur chassa violemment de son esprit toute pensée d'apitoiement sur elle-même et la força à se concentrer sur la survie. En effet, au moment où elle croyait que la vague ne pouvait pas devenir plus forte, elle la plaquait encore et encore au fond, la clouait sur place avec une telle force qu'elle avait l'impression que le poids du monde entier s'abattait sur elle. Elle savait qu'elle n'y survivrait pas.
Comme c'est ironique, se dit-elle, de mourir ici, dans sa ville de naissance, écrasée sous un raz-de-marée créé par le feu des canons des Pandésiens. Elle aurait préféré mourir d'une autre façon, peu importe laquelle. Elle pouvait, se dit-elle, supporter presque n'importe quelle forme de mort sauf la noyade. Elle ne supportait pas cette affreuse mort, de se débattre, de ne pas pouvoir ouvrir la bouche et inspirer comme chaque atome de son corps le demandait si désespérément.
Elle sentait qu'elle faiblissait, qu'elle cédait à la douleur puis, juste au moment où elle sentait qu'elle allait fermer les yeux, juste au moment où elle savait qu'elle ne pourrait pas supporter ça une seconde de plus, elle sentit soudain qu'elle tournait, virevoltait rapidement vers le haut, que la vague la propulsait vers le haut avec la même force qu'elle avait utilisée pour l'écraser. Elle s'éleva vers le haut avec l'élan d'une catapulte, fonça vers la surface, vit la lumière du soleil. La pression lui faisait atrocement mal aux oreilles.
A sa grande surprise, un moment plus tard, elle fit surface. Elle haleta, absorba d'immenses quantités d'air, plus reconnaissante qu'elle ne l'avait jamais été de toute sa vie. Elle haleta, inspira puis, un moment plus tard, terrifiée, fut à nouveau aspirée sous l'eau. Cela dit, cette fois, elle avait assez d'oxygène pour survivre un peu plus longtemps et, cette fois, l'eau ne la poussa pas aussi loin sous la surface.
Bientôt, elle refit surface et prit une autre gorgée d'air avant d'être replongée sous l'eau. C'était différent à chaque fois, la vague faiblissait et, quand elle refit surface, elle sentit que la vague atteignait l'extrémité de la ville et s'épuisait.
Dierdre se retrouva bientôt au-delà des limites de la ville, au-delà de tous les grands bâtiments, qui étaient maintenant tous engloutis sous l'eau. Elle fut replongée sous l'eau mais assez lentement pour pouvoir finalement ouvrir les yeux sous l'eau et voir en dessous tous les grands bâtiments qui s'y étaient dressés il fut un temps. Elle vit des dizaines de cadavres la dépasser en flottant dans l'eau comme des poissons, des corps dont elle essaya de chasser les expressions de mort de son esprit.
Finalement, sans savoir combien de temps plus tard, Dierdre fit surface, pour de bon cette fois. Elle était assez forte pour affronter la dernière vague faible qui essaya de la replonger sous l'eau et, avec un dernier coup de pied, elle resta à flot. L'eau venant du port avait fait trop de chemin vers l'intérieur des terres, elle n'avait plus nulle part où aller et Dierdre se sentit bientôt échouée quelque part sur un champ herbeux pendant que les eaux se retiraient, repartaient précipitamment vers la mer et la laissaient seule.
Dierdre resta allongée là, sur le ventre, le visage dans l'herbe détrempée, gémissant de douleur. Elle haletait encore, avait mal aux poumons, respirait profondément et savourait chaque souffle. Elle réussit à tourner faiblement la tête, à regarder par-dessus son épaule, et elle fut horrifiée de voir que ce qui avait autrefois été une grande ville n'était maintenant plus qu'une surface maritime. Elle ne repéra que la partie la plus élevée du clocher qui dépassait de quelques mètres et s'étonna en se souvenant qu'il s'était autrefois élevé à des dizaines de mètres en l'air.
Plus qu'épuisée, Dierdre lâcha finalement prise. Elle tomba face contre terre et y resta allongée, se laissant submerger par la douleur de ce qui était arrivé. Elle n'aurait pas pu bouger, même si elle avait essayé.
Quelques moments plus tard, elle dormait profondément, tout juste vivante, dans un champ isolé du coin du monde. Pourtant, d'une façon ou d'une autre, elle était vivante.
*
“Dierdre”, dit une voix, et quelqu'un la poussa doucement.
Dierdre ouvrit les yeux et fut abasourdie quand elle vit que le soleil se couchait. Elle avait très froid et ses vêtements étaient encore mouillés. Elle essaya de prendre des repères en se demandant combien de temps elle était restée allongée ici et en se demandant si elle était vivante ou morte, puis la main revint lui pousser l'épaule.
Dierdre leva les yeux et eut l'immense soulagement de voir Marco. Elle fut ravie de constater qu'il était vivant. Il avait l'air roué de coups, exténué, trop pâle, et on aurait dit qu'il avait vieilli de cent ans. Pourtant, il était vivant. D'une façon ou d'une autre, il avait réussi à survivre.
Marco s'agenouilla à côté d'elle. Il souriait mais la regardait avec des yeux tristes, des yeux qui ne brillaient plus avec l'énergie qu'ils avaient eue autrefois.
“Marco”, répondit-elle faiblement, étonnée par le son rauque de sa propre voix.
Elle remarqua une entaille sur le côté de son visage et, soucieuse, tendit le bras pour la toucher.
“Tu as l'air de te porter aussi mal que je me sens”, dit-elle.
Il l'aida à se redresser et elle se releva. Toutes les douleurs et contusions, égratignures et coupures partout sur ses bras et ses jambes lui faisaient souffrir le martyre. Pourtant, quand elle testa chaque membre, elle constata qu'au moins elle n'avait rien de cassé.
Dierdre inspira profondément et se prépara quand elle se retourna et regarda derrière elle. Comme elle le craignait, c'était un cauchemar : sa ville adorée avait disparu et, maintenant, elle n'était plus qu'une partie de la mer. Tout ce qui dépassait, c'était une petite partie du clocher. A l'horizon, au-delà, elle vit une flotte de navires pandésiens noirs qui s'avançaient de plus en plus loin vers l'intérieur des terres.
“On ne peut pas rester ici”, dit Marco avec urgence. “Ils arrivent.”
“Où pouvons-nous aller ?” demanda-t-elle en se sentant désespérée.
Marco la regarda fixement, sans expression. Visiblement, il ne savait pas non plus.
Dierdre regarda fixement le coucher de soleil en essayant de réfléchir pendant que le sang lui battait dans les oreilles. Tous ceux qu'elle connaissait et aimait étaient morts. Elle sentait qu'il ne lui restait plus aucune raison de vivre, nulle part où aller. Où peut-on aller quand sa ville natale a été détruite ? Quand on est écrasé par le poids du monde ?
Dierdre ferma les yeux et secoua la tête, accablée par le chagrin, désirant que tout cela s'en aille. Elle savait que son père était sous l'eau, mort. Ses soldats étaient tous morts. Les gens qu'elle avait connus et aimés toute sa vie étaient tous morts à cause de ces monstres pandésiens. Maintenant, il ne restait personne pour les arrêter. Quelle cause restait-il pour survivre ?
En dépit d'elle-même, Dierdre éclata en sanglots. En pensant à son père, elle tomba à genoux, accablée de chagrin. Elle pleurait sans s'arrêter. Elle voulait mourir ici elle-même, aurait voulu être morte, maudissait le ciel de lui avoir laissé la vie. Pourquoi n'avait-elle pas pu simplement se noyer dans cette vague ? Pourquoi n'avait-elle pas pu simplement se faire tuer avec les autres ? Pourquoi la malédiction de la vie lui avait-elle été infligée ?
Elle sentit une main apaisante se poser sur son épaule.
“Ça ira, Dierdre”, dit doucement Marco.
Dierdre tressaillit, gênée.
“Je suis désolée”, dit-elle finalement en pleurant. “C'est juste que … mon père … Maintenant, il ne me reste rien.”
“Tu as tout perdu”, dit Marco d'une voix tout aussi triste. “Moi aussi. Je ne veux pas continuer à vivre, moi non plus, mais il le faut. On ne peut pas s'allonger ici et mourir. Ça les déshonorerait. Ça déshonorerait tout ce pour quoi ils ont vécu et combattu.”
Dans le long silence qui suivit, Dierdre se redressa lentement en comprenant qu'il avait raison. De plus, quand elle leva le regard vers les yeux marron de Marco qui la regardaient avec compassion, elle se rendit compte qu'elle avait quelqu'un. Elle avait Marco. Elle avait aussi l'esprit de son père qui regardait ce qui se passait sur terre, veillait sur elle et souhaitait qu'elle soit forte.
Elle se força à se secouer. Il fallait qu'elle soit forte. Son père aurait voulu qu'elle soit forte. Elle comprit que l'apitoiement sur soi-même n'aidait personne et que sa mort n'aiderait personne non plus.
Elle regarda fixement Marco et vit plus que de la compassion dans son regard : elle y vit aussi de l'amour pour elle.
Sans être entièrement consciente de ce qu'elle faisait, Dierdre, le cœur battant, se pencha et toucha les lèvres de Marco en un baiser inattendu. Pendant un moment, elle se sentit transportée dans un autre monde et tous ses soucis disparurent.
Elle se retira lentement en le regardant fixement, choquée. Marco avait l'air tout aussi étonné. Il lui prit la main.
Quand il le fit, encouragée, pleine d'espoir, elle parvint à nouveau à penser clairement et une pensée lui vint. Il y avait quelqu'un d'autre, un endroit où aller, une personne vers laquelle se tourner.
Kyra.
Dierdre ressentit une soudaine poussée d'espoir.
“Je sais où il faut que nous allions”, dit-elle brusquement, tout excitée.
Marco la regarda en s'interrogeant.
“Kyra”, dit-elle. “Nous pouvons la trouver. Elle nous aidera. Où qu'elle soit, elle est en train de se battre. Nous pouvons la rejoindre.”
“Mais comment sais-tu qu'elle est vivante ?” demanda-t-il.
Dierdre secoua la tête.
“Je n'en sais rien”, répondit-elle, “mais Kyra survit toujours. C'est la personne la plus forte que j'aie jamais rencontrée.”
“Où est-elle ?” demanda-t-il.
Dierdre réfléchit et elle se remémora la dernière fois où elle avait vu Kyra, quand elle avait bifurqué vers le nord en direction de la Tour.
“A la Tour de Ur”, dit-elle.
Marco la regarda avec étonnement puis une lueur d'optimisme lui traversa les yeux.
“Les Gardiens y sont”, dit-il, “et aussi d'autres guerriers. Des hommes qui peuvent se battre avec nous.” Il hocha la tête, excité. “Bon choix”, ajouta-t-il. “Nous pourrons être à l'abri dans cette tour et, si ton amie s'y trouve, alors, tant mieux. C'est à une journée de marche d'ici. Allons-y. Il faut bouger rapidement.”
Il lui prit la main et, sans dire un mot de plus, ils se mirent en route tous les deux. Dierdre se sentit habitée par une nouvelle sensation d'optimisme quand ils se dirigèrent vers l'intérieur de la forêt et, quelque part, à l'horizon, vers la Tour de Ur.