Kitobni o'qish: «Tous Les Moyens Nécessaires»

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Jack Mars

Jack Mars est un lecteur avide et un admirateur de longue date du genre thriller. TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES constitue le premier livre thriller de Jack. Jack aimerait connaître votre avis, alors n'hésitez pas à consulter son site www.Jackmarsauthor.com afin de vous inscrire à la liste de diffusion par email, recevoir un exemplaire gratuit, recevoir des cadeaux, connecter via Facebook et Twitter et rester en contact!

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PREMIÈRE PARTIE

Chapitre 1

5 juin, 1h15 du matin

Comté de Fairfax, Virginie – Banlieue de Washington DC

Le téléphone sonna.

Luke Stone somnolait, quelque part entre le sommeil et l'éveil. Des images défilaient dans sa tête. Une autoroute déserte de nuit, balayée par la pluie. Une personne blessée. Un accident de voiture. Au loin, une ambulance s'approchait rapidement. Toute sirène hurlante.

Il ouvrit les yeux. Sur la table de chevet à côté de lui, dans l'obscurité de la chambre, le téléphone sonnait. Un réveil numérique était posé sur la table à côté du téléphone. Il jeta un oeil aux chiffres rouges.

Il soupira. Ça ne faisait qu'une demi-heure qu'il dormait.

La voix endormie de sa femme Rebecca résonna à ses côtés: “Ne réponds pas.”

Une touffe de ses cheveux blonds émergeait des couvertures. La douce lumière bleutée d'une veilleuse de la salle de bain filtrait à travers la chambre.

Il décrocha le téléphone.

“Luke,” dit une voix grave et bourrue, avec un soupçon d'accent méridionnal. Luke ne connaissait cette voix que trop bien. C'était Don Morris, son ancien chef à l'Équipe Spéciale d'Intervention.

Luke se passa une main dans les cheveux. “Ouais.”

“Je t'ai réveillé?” dit Don.

“À ton avis?”

“Je n'avais pas l'intention d'appeler chez toi mais ton portable était éteint.”

Luke grogna. “C'est parce que je l'ai éteint.”

“On a des soucis, Luke. J'ai besoin de toi sur ce coup.”

“Raconte,” dit Luke.

Il écouta la voix lui parler. Très vite, il retrouva ce sentiment familier – le sentiment que son estomac était en chute libre du haut d'un building de cinquante étages. C'était peut-être la raison pour laquelle il avait arrêté ce boulot. Pas parce qu'il l'avait échappé belle à plusieurs reprises, pas parce que son fils grandissait trop vite, mais parce qu'il n'aimait pas cette sensation dans son estomac.

C'était le fait de savoir qui le rendait malade. Le fait de savoir était de trop. Il pensa aux millions de personnes vivant de manière insouciante, bienheureux dans leur ignorance de ce qui se passait réellement. Luke enviait leur ignorance.

“Quand est-ce que c'est arrivé?” dit-il.

“Nous n'en savons encore rien. Il y a une heure, peut-être deux. L'hôpital a remarqué la faille de sécurité il y a environ quinze minutes. Certains employés se sont volatilisés, pour l'instant on dirait que ça vient de l'intérieur. Ça pourrait changer avec de meilleures infos des services de renseignements. La police de New York s'arrache les cheveux, bien évidemment. Ils ont appelé deux mille flics supplémentaires en renfort mais d'après moi, ce ne sera pas suffisant. La plupart d'entre eux ne seront même pas sur place avant le changement d'équipe.”

“Qui a appelé les services de police de New York?” demanda Luke.

“L'hôpital.”

“Qui nous a appelé?”

“Le commissaire de police.”

“Il a appelé quelqu'un d'autre?”

“Non. On est les seuls.”

Luke hocha de la tête.

“OK, tant mieux. Faisons en sorte que ça reste ainsi. Que les flics sécurisent la scène de crime mais qu'ils restent en dehors du périmètre. Il ne faut pas qu'ils y entrent. Il faut aussi qu'ils gardent les médias à distance. Si les journaux l'apprennent, ça va être un vrai fiasco.”

“Considère-le fait.”

Luke soupira. “Ils doivent avoir deux heures d'avance. Ce n'est pas une bonne nouvelle. Ils ont un bel avantage. Ils peuvent être n'importe où.”

“Je sais. La police de New York surveille les ponts, les tunnels, les métros et les trains de banlieue. Ils contrôlent les données des postes de péage mais c'est chercher une aiguille dans une botte de foin. Personne n'a les effectifs suffisants pour gérer la situation.”

“Quand pars-tu?” dit Luke.

Don n'hésita pas un instant. “Tout de suite. Et tu viens avec moi.”

Luke regarda à nouveau le réveil. 1h23 du matin.

“Je peux être à la piste de décollage de l'hélico dans une demi-heure.”

“J'ai déjà envoyé une voiture,” répondit Don. “Le chauffeur est en route. Il arrivera chez toi dans dix minutes.”

Luke reposa le téléphone sur son support.

Rebecca était à moitié réveillée, la tête appuyée sur un coude. Elle le fixait. Ses cheveux longs flottaient sur ses épaules. Ses yeux bleus étaient encadrés d'épais cils. Son beau visage était plus fin que lorsqu'ils s'étaient rencontrés à l'université. Ces dernières années l'avaient marqué de tracas et de soucis.

Luke le regrettait beaucoup. Ça le consummait de savoir que son boulot causait de la peine à la femme qu'il aimait. C'est une autre raison pour laquelle il avait quitté ce job.

Il se rappela comment elle était lorsqu'ils étaient jeunes. Elle riait tout le temps et avait toujours le sourire. Elle n'avait aucun souci à l'époque. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait plus vue ainsi. Il avait pensé que cette période loin du travail ferait renaître à nouveau l'ancienne Rebecca mais les progrès étaient très lents. De temps en temps, la vraie Rebecca réapparaissait mais ce n'était que passager.

Il savait qu'elle ne faisait pas confiance à la situation actuelle. Elle ne lui faisait pas confiance à lui. Elle attendait cet appel téléphonique en pleine nuit, cet appel auquel il devrait répondre. Cet appel où il raccrocherait le téléphone, sortirait du lit et quitterait la maison.

Ils avaient passé une bonne soirée. L'espace de quelques heures, ça avait été comme le bon vieux temps.

Et maintenant, ça.

“Luke…” commença-t-elle. Son air renfrogné n'augurait rien de bon. Il savait que ça allait être une discussion difficile.

Luke sortit du lit et se mit rapidement en mouvement car les circonstances l'exigeaient mais aussi parce qu'il voulait quitter la maison avant que Becca n'organise ses pensées. Il se faufila dans la salle de bains, s'aspergea le visage d'eau et s'examina dans le miroir. Il se sentait éveillé mais ses yeux paraissaient fatigués. Son corps était sec et solide – cette période de congé lui avait permis de s'entraîner au gymnase quatre fois par semaine. Trente-neuf ans, se dit-il. Pas mal.

À l'intérieur du dressing, il sortit un long coffre verrouillé en acier du haut d'une étagère. De mémoire, il introduisit le code à dix chiffres. Le couvercle s'ouvrit. Il en sortit son Glock neuf millimètres et le glissa dans un étui en cuir à bandoulière. Il se baissa et attacha un petit pistolet calibre 25 à son mollet droit. Il attacha une lame crantée rétractable de 13cm à son mollet gauche. La poignée avait double fonction de coup de poing américain.

“Je pensais que tu n'allais plus garder d'armes à la maison.”

Il leva les yeux et Becca était là, à le regarder. Elle portait un peignoir serré autour de sa taille. Ses cheveux étaient tirés en arrière. Ses bras étaient croisés. Ses traits étaient tirés et ses yeux étaient alertes. La femme sensuelle d'il y a quelques heures avait disparu. Disparu depuis longtemps.

Luke secoua la tête. “Je n'ai jamais dit ça.”

Il se redressa et commença à s'habiller. Il enfila son pantalon de treillis noir et glissa deux magazines supplémentaires dans ses poches pour le Glock. Il enfila une chemise serrée et attacha le Glock par-dessus. Il glissa les pieds dans des bottines à bout renforcé. Il referma le coffre à armes et le glissa à sa place sur son perchoir en haut d'une étagère du dressing.

“Et si Gunner trouvait ce coffre?”

“Je l'ai rangé en hauteur, où il ne peut ni le voir, ni l'atteindre. Même s'il parvenait à l'atteindre, le coffre est verrouillé et je suis le seul à en connaître la combinaison.”

Un sac avec des vêtement de rechange pour deux jours était suspendu au portant. Il s'en empara. Un autre petit sac rempli d'accessoires de toilette de voyage, de lunettes de lecture, d'un tas de barres énergétiques et d'une demi-douzaine de comprimés Dexedrine traînait sur une des étagères. Il s'en empara également.

“Toujours prêt, n'est-ce pas, Luke? Avec ton coffre à flingues et tes sacs de vêtements et de drogues, tu es prêt à tout moment, dès que ton pays a besoin de toi, n'est-ce pas?”

Il respira profondément.

“Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise.”

“Pourquoi ne dis-tu pas: J'ai décidé de ne pas y aller. J'ai décidé que ma femme et mon fils sont plus importants que mon boulot. Je veux que mon fils ait un père. Je ne veux plus que ma femme se fasse du souci durant des nuits entières, à se demander si je suis mort ou vivant, ou si je vais jamais revenir. Est-ce que tu peux faire ça, s'il-te-plaît?”

C'est à des moments comme ceux-là qu'il sentait une distance croissante entre eux. Il pouvait presque la visualiser. Becca devenait une minuscule forme dans un vaste désert, disparaissant vers l'horizon. Il voulait la ramener à lui. Il le voulait de tout son coeur mais il ne voyait pas comment. Le boulot n'attendait pas.

“Papa part à nouveau?”

Tous les deux rougissèrent. Gunner était en haut des trois marches qui menaient à sa chambre. Durant un instant, Luke manqua d'air en le voyant. Il ressemblait à Christopher Robin dans les livres pour enfants Winnie l'Ourson. Ses cheveux blonds émergeaient en touffes. Il portait un pantalon de pyjama bleu décoré de lunes et d'étoiles jaunes et un t-shirt Walking Dead.

“Approche, mon petit monstre.”

Luke déposa ses sacs, se dirigea vers son fils et le prit dans ses bras. Le garçon s'accrocha à son cou.

“C'est toi le monstre, papa. Pas moi.”

“D'accord, c'est moi le monstre.”

“Où vas-tu?”

“Je dois partir travailler. Peut-être durant un jour ou deux. Mais je serai de retour dès que possible.”

“Est-ce que maman va te quitter comme elle l'a dit?”

Luke regarda Gunner à distance. Le garçon grandissait et Luke se rendit compte qu'un jour il ne pourrait plus le tenir dans ses bras. Mais ce jour n'était pas encore arrivé.

“Écoute-moi. Maman ne va pas me quitter et nous serons tous ensembles pendant encore très très longtemps, OK?”

“OK, papa.”

Il disparut en haut des marches et partit vers sa chambre.

Quand il fut parti, ils se regardèrent fixemement l'un l'autre. La distance entre eux était  moindre maintenant. Gunner était le lien qui les unissait.

“Luke…”

Il leva la main et lui dit: “Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je veux que tu saches que je t'aime et que j'aime Gunner plus que tout au monde. J'ai envie d'être avec vous deux tous les jours, chaque jour. Je ne pars pas car j'en ai envie. Je n'en ai pas envie. L'idée me fait horreur. Mais cet appel téléphonique cette nuit… la vie de beaucoup de personnes est en jeu. Durant toutes les années où j'ai fait ce boulot, combien de fois suis-je parti comme ça en pleine nuit? Une situation de menace de Niveau Deux n'est arrivée que deux fois. La plupart du temps, c'était du Niveau Trois.”

Le visage de Becca s'était légèrement adouci.

“Quel est le niveau de menace cette fois-ci?” demanda-t-elle.

“Niveau Un.”

Chapitre 2

1h57 du matin

McLean, Virginie – Quartier Général de l'Équipe Spéciale d'Intervention

“Monsieur?” dit une voix. “Monsieur, nous sommes arrivés.”

Luke se réveilla en sursaut. Il s'assit. Ils étaient garés devant le portail d'entrée de la piste de décollage de l'hélico. Une pluie fine tombait. Il regarda le chauffeur. C'était un jeune homme avec une coupe en brosse, probablement fraîchement sorti de l'armée. Le jeune homme souriait.

“Vous vous êtes assoupi, Monsieur.”

“Oui, on dirait” dit Luke. Le poids de son travail recommença à lui peser. Il avait envie d'être à la maison, au lit avec Becca, mais au lieu de ça il était ici. Il avait envie de vivre dans un monde où il n'y avait pas de meurtriers dérobant des substances radioactives. Il avait envie de dormir et de rêver à des choses agréables. À l'instant présent, il n'arrivait même pas à imaginer à quoi pourraient ressembler ces choses agréables. Ses rêves étaient empoisonnés par le fait d'en savoir de trop.

Il sortit de la voiture avec ses sacs, montra ses papiers au gardien et passa à travers le scanner.

Un hélicoptère noir, un Bell 430, attendait sur l'hélisurface, rotors en marche. Luke traversa le tarmac en se baissant. À son approche, le moteur de l'hélico passa une autre vitesse. Ils étaient prêts à partir. La porte du compartiment passager s'ouvrit et Luke grimpa à l'intérieur.

Six personnes étaient déjà à bord, quatre dans la cabine passager et deux à l'avant dans le cockpit. Don Morris était assis à côté de la vitre la plus proche. Le siège en face de lui était inoccupé. Don le lui montra du doigt.

“Content que tu aies pu venir, Luke. Assieds-toi et viens te joindre à la fête.”

Luke s'attacha au siège alors que l'hélico s'élevait dans le ciel. Il regarda Don. Don était âgé maintenant, ses cheveux lisses étaient devenus gris. Le bout de sa barbe était gris. Même ses sourcils étaient gris. Mais il ressemblait toujours au chef des Forces Delta qu'il avait été. Son corps était solide et son visage ressemblait à une falaise de granit – tout en promontoires rocheux et escarpements affilés. Ses yeux ressemblaient à des lasers. Il tenait un cigare éteint dans l'une de ses mains de pierre. Il n'en avait plus allumé un depuis dix ans.

Alors que l'hélico prenait de l'altitude, Don fit des gestes de la main aux autres personnes présentes dans la cabine passager. Il fit rapidement les présentations. “Luke, tu es désavantagé car tout le monde ici sait déjà qui tu es, mais il est possible que tu ne les connaisses pas. Tu connais Trudy Wellington, agent scientifique et des renseignements.”

Luke fit un signe de la tête à la jolie jeune femme aux cheveux foncés et grandes lunettes rondes. Il avait souvent travaillé avec elle. “Salut, Trudy.”

“Salut, Luke.”

“OK, les tourtereaux, c'est bon. Luke, voici Mark Swann, notre agent technologique pour ce boulot. Accompagné d'Ed Newsam, armements et tactiques.”

Luke fit un signe de la tête aux deux hommes. Swann était un homme blanc, aux cheveux blonds et lunettes. Il devait avoir 35 ans, peut-être 40. Luke l'avait rencontré une ou deux fois auparavant. Newsam était un homme noir que Luke n'avait jamais vu. Il avait probablement la trentaine, chauve, trapu et buriné, barbe courte, poitrine large avec des pythons tatoués de 60cm saillants de son t-shirt blanc. Il avait tout l'air d'être taillé pour la bataille, prêt à essuyer une fusillade et probablement encore plus féroce en combat de rues. Quand Don a dit “armements et tactiques,” il voulait dire “combat.”

L'hélico avait atteint son altitude de croisière, environ 3.000 mètres selon l'estimation de Luke. Il se stabilisa et commença à avancer à la vitesse approximative de 230km/h. À cette vitesse, ils seraient à New York City en une heure et demie.

“Bon, Trudy,” dit Don. “Qu'est-ce que tu peux nous dire?”

La tablette qu'elle tenait en main illumina l'obscurité de la cabine. Elle la consulta, ce qui donna à son visage un aspect inquiétant et surnaturel, presque démoniaque.

“Je vais assumer que vous n'avez aucune connaissance préalable de la situation,” dit-elle.

“OK.”

Elle commença à parler. “Il y a moins d'une heure, le service anti-terrorisme de la police de New York nous a contactés. Un grand hôpital dans l'Upper East Side de Manhattan, le Center Medical Center, garde en stock sur place de larges quantités de substances radioactives qu'ils conservent dans une zone de confinement six étages sous terre. Pour la plupart, ces substances sont des déchets de thérapie de radiation de patients souffrant du cancer mais certaines substances proviennent d'autres utilisations, comme la radiographie. À un moment donné durant les dernières heures, des personnes inconnues se sont introduites dans l'hôpital, ont déjoué le système de sécurité et se sont emparées des déchets radioactifs en stock.”

“Avons-nous une idée de la quantité qu'ils ont dérobée?” demanda Luke.

Trudy consulta sa tablette. “Toutes les quatre semaines, les substances en stock sont évacuées par camion et transportées dans un centre de confinement radioactif en Pennsylvanie occidentale, contrôlé conjointement par le Département de Sécurité Nationale et le Département de Protection de l'Environnement de Pennsylvanie. Le prochain transport était prévu pour dans deux jours.”

“Donc l'équivalent de 26 jours de déchets radioactifs,” dit Don. “Ça fait quelle quantité?”

“L'hôpital ne sait pas,” dit Trudy.

“Comment ça, ils ne savent pas?”

“Ils gardent un inventaire des déchets dans une base de données. Quelqu'un a accédé à la base de données et l'a effacée, probablement l'oeuvre de ceux qui ont dérobé les substances radioactives. Les quantités varient d'un mois à l'autre, en fonction du nombre de traitements. Ils peuvent recréer l'inventaire sur base des traitements effectués mais cela prendra quelques heures.”

“Ils n'effectuent aucune sauvegarde de sécurité de cette base de données?” demanda Swann, le technicien.

“Ils effectuent une sauvegarde de sécurité mais elle a également été effacée. En fait, toutes les sauvegardes de l'année écoulée ont été effacées.”

“Donc quelqu'un sait exactement comment ils procèdent” dit Swann.

Luke commença à parler. “Comment sait-on qu'il s'agit d'une urgence si nous ne savons même pas ce qui a été dérobé?”

“Pour de nombreuses raisons,” répondit Trudy. “Il ne s'agit pas d'un simple vol mais d'une attaque bien planifiée et coordonnée. Les caméras de surveillance étaient éteintes à certains endroits stratégiques de l'hôpital, y compris à de nombreuses entrées et sorties, cages d'escalier et ascenseurs, au sein même de la zone de confinement ainsi que dans le parking.”

“Est-ce que quelqu'un a parlé avec les gardiens de sécurité?” demanda Luke.

“Les deux gardiens de sécurité en charge de la surveillance vidéo ont été retrouvés morts à l'intérieur d'un placard de rangement fermé à clé. Il s'agissait de Nathan Gold, homme blanc de 57 ans, divorcé, trois enfants, sans aucun lien connu avec le crime organisé ou des associations extrémistes. L'autre gardien était Kitty Faulkner, femme noire de 33 ans, célibataire, un enfant, sans aucun lien connu avec le crime organisé ou des associations extrémistes. Gold travaillait à l'hôpital depuis vingt-trois ans, Faulkner depuis huit ans. Les cadavres étaient nus et leurs uniformes n'ont pas été retrouvés. Ils ont tous deux été étranglés, leurs visages étaient clairement décolorés et gonflés, avec présence d'un traumatisme au niveau de la nuque et de marques de ligature associées à une mort par garrot ou toute technique similaire. Je peux vous montrer des photos si vous voulez y jeter un oeil.”

Luke fit un geste de la main. “Je pense que ce n'est pas nécessaire. Mais supposons pour l'instant que ce soient des hommes qui soient responsables de ces actes. Est-ce qu'un homme tue une femme gardien de sécurité et enfile son uniforme?”

“Faulkner était grande pour une femme,” répondit Trudy. “Elle mesurait 1m77 et était costaude. Un homme pouvait facilement rentrer dans son uniforme.”

“C'est toutes les informations dont nous disposons?”

Trudy continua. “Non, ce n'est pas tout. Un employé de l'hôpital qui était en service au moment des faits a actuellement disparu. Il s'agit de Ken Bryant, un membre du personnel de surveillance. C'est un homme noir de vingt-neuf ans qui a passé un an en détention préventive à la prison de Rikers Island, suivi de trente mois de détention au Centre correctionnel Clinton à Dannemora, New York. Il avait été reconnu coupable de vol et de simples voies de fait. À sa libération, il a effectué un programme de réhabilitation de six mois et un cours de formation professionnelle. Il travaillait à l'hôpital depuis près de quatre ans, avec un bilan positif. Aucune absence injustifiée et aucun problème de discipline.

“En tant que gardien, il avait accès à la zone de confinement des déchets dangereux et avait probablement une certaine connaissance des pratiques de sécurité de l'hôpital et de son personnel. Il avait dans le passé entretenu des liens avec des trafiquants de drogue et avec un gang afro-américain en prison appelé la Black Gangster Family. Les trafiquants de drogue étaient des dealers de rue dans le quartier où il a grandi et il s'est probablement associé au gang en prison pour des raisons de protection personnelle.”

“Tu penses qu'un gang de prison ou un gang de rue est derrière tout ça?”

Elle hocha la tête. “Pas du tout. Je ne fais que mentionner les connexions de Bryant car il constitue toujours une inconnue. Accéder et effacer une base de données, ainsi que détourner un système de vidéo surveillance, demandent une expertise technique généralement absente dans les gangs de rue ou de prison. Le niveau de sophistication et les substances dérobées nous font plutôt penser à une cellule dormante terroriste.”

“Quel usage peuvent-ils faire des substances?” demanda Don.

“Nous pensons à un dispositif de dispersion radiologique,” répondit Trudy.

“Une bombe sale,” dit Luke.

“Bingo. Il n'y a aucune autre raison de dérober des déchets radioactifs. L'hôpital ne sait pas quelle quantité a été dérobée, mais ils en savent le contenu. Les substances dérobées comprennent des quantités d'iridium-192, de césium-137, de tritium et de fluor. L'iridium est hautement radioactif et une exposition concentrée peut causer brûlures et irradiation en l'espace de quelques minutes ou de quelques heures. Des expériences ont démontré qu'une minuscule dose de césium-137 peut tuer un chien de 18 kilos en trois semaines. Le fluor est un gaz caustique qui affecte les tissus mous comme les yeux, la peau et les poumons. À une très faible concentration, il affecte les yeux. À une très haute concentration, il provoque des dommages importants aux poumons, causant un arrêt respiratoire et la mort en l'espace de quelques minutes.”

“Génial,” dit Don.

“L'élément important ici,” continua Trudy, “c'est la forte concentration. En tant que terroriste, si vous voulez que ça marche, vous éviterez les zones à large dispersion car cela limiterait l'exposition. Ce que vous voulez, c'est préparer une bombe contenant une matière radioactive et un explosif conventionel comme de la dynamite. Et vous chercherez à la faire exploser dans un espace clos et de préférence très fréquenté comme un train bondé de métro ou une station de métro à heure de pointe, un noyau de transports comme les gares Grand Central ou Pen Station, un aéroport ou un grand terminal d'autobus, une attraction touristique comme la Statue de la Liberté par exemple. Un espace clos maximise la concentration de radiations.”

Luke s'imagina l'étroite et claustrophobique cage d'escaliers qui menait en haut de la Statue de la Liberté. Elle était tous les jours extrêmement fréquentée, souvent par des écoliers en excursion. En pensée, il vit Liberty Island bondée de milliers de touristes, les ferries remplis avec encore plus de visiteurs, tels des bateaux de réfugiés provenant de Haïti.

Puis il vit en pensée les quais du métro du terminal Grand Central à 7h30 du matin, tellement peuplés de navetteurs qu'il n'y avait plus de place pour se tenir debout. Une centaine de personnes faisant la queue dans les escaliers, attendant que le train arrive et que le quai se libère afin que le groupe suivant puisse descendre. Il imagina une bombe explosant dans cette foule.

Et puis le noir complet.

Une vague de dégoût le traversa. Davantage de morts seraient causées par la panique que par l'explosion initiale. Dans le tumulte, beaucoup finiraient écrasés par ceux tentant de fuir.

Trudy continua. “Notre souci, c'est qu'il y a beaucoup trop de cibles potentielles et que nous ne pouvons pas toutes les surveiller. De plus, l'attaque peut ne pas avoir lieu à New York. Si le vol a eu lieu il y a trois heures, nous devons envisager de possibles cibles dans un rayon d'au moins 250km, ce qui comprend l'entièreté de New York City et sa banlieue, Philadelphie et les principales villes du New Jersey comme Newark, Jersey City et Trenton. Si les voleurs ne se manifestent pas dans l'heure qui vient, le rayon peut être étendu jusqu'à Boston et Baltimore. Toute la région est extrêmement peuplée et dans un rayon aussi large, nous devons envisager au moins dix mille cibles potentielles. Même s'ils cherchent à toucher des objectifs renommés et connus, nous sommes toujours confrontés à environ des centaines de lieux.”

“OK, Trudy,” dit Luke. “Maintenant que tu nous as fait part des faits, qu'est-ce que ton intuition te dit?”

Trudy haussa les épaules. “Je pense que nous pouvons envisager qu'il s'agit d'une attaque à la bombe sale commanditée par un pays étranger ou éventuellement par un groupe terroriste indépendant comme ISIS ou Al-Qaeda. Il est possible que des Américains ou des Canadiens soient impliqués mais le contrôle des opérations se situe ailleurs. Il ne s'agit définitivement pas d'un groupe national, comme des écologistes ou des suprémacistes blancs.”

“Pourquoi? Pourquoi pas un groupe national?” demanda Luke. Il connaissait déjà la réponse mais c'était important de l'exprimer afin de traiter la situation petit à petit et ne rien négliger.

“Les gauchistes brûlent des concessionnaires de Hummer en pleine nuit ou ils peignent les arbres des exploitations forestières afin que personne ne soit blessé. Il n'existe aucun exemple d'écologistes attaquant des zones peuplées ou assassinant qui que ce soit et ils ont la radioactivité en horreur. Les radicaux de droite sont plus violents et l'exemple d'Oklahoma City montre bien qu'ils sont prêts à attaquer des civils ainsi que des symboles du gouvernement. Mais aucun de ces groupes n'a vraisemblablement l'entraînement pour cette situation. Et il existe une autre très bonne raison pour laquelle il ne s'agit probablement d'aucun de ces deux groupes.”

“Laquelle?” demanda Luke.

“L'iridium possède une demi-vie très courte,” répondit Trudy. “Il est plus que probable qu'il soit inutile d'ici deux jours. De plus, ceux qui ont dérobé ces substances doivent agir très rapidement avant d'être eux-mêmes irradiés. Le mois sacré musulman du Ramadan débute ce soir à la tombée de la nuit. Je pense donc qu'il s'agit d'une attaque conçue pour coincider avec le début du Ramadan.”

Luke laissa presque échapper un soupir de soulagement. Il connaissait et travaillait avec Trudy depuis des années. Ses renseignements étaient toujours bons et sa capacité à reconstruire les scénarios était exceptionnelle. Ses conclusions étaient bien plus souvent correctes que l'inverse.

Il jeta un coup d'oeil à sa montre. Il était 3h15 du matin. Le coucher de soleil aurait probablement lieu aux alentours de 20h ce soir. Il fit un rapide calcul mental. “Tu penses donc que nous avons plus de seize heures devant nous pour retrouver les responsables?”

Seize heures. Chercher une aiguille dans une botte de foin était une chose. Mais avoir seize heures pour la retrouver avec l'aide d'une technologie de pointe et de la meilleure équipe possible en était une autre. C'était presque de trop.

Trudy hocha la tête. “En fait, non. Le problème avec le Ramadan, c'est qu'il commence à la tombée de la nuit mais laquelle? À Téhéran, le soleil se couchera aujourd'hui à 20h24, ce qui correspond à 22h24 chez nous. Mais que se passera-t-il s'ils optent pour le début mondial du Ramadan, par exemple en Malaysie ou en Indonésie? Il est possible que nous parlions plutôt de 7h24 du matin, ce qui correspond au début de l'heure matinale de pointe.”

Luke grogna. Il regarda à travers la vitre la vaste mégalopolis en-dessous de lui. Il jeta de nouveau un coup d'oeil à sa montre. 3h20 du matin. Droit devant, à l'horizon, il pouvait voir les hauts gratte-ciels de Lower Manhattan et les doubles lumières bleues découpant le ciel à l'endroit où le World Trade Center se dressait autrefois. Dans trois heures, les métros et les gares commenceraient à se remplir de navetteurs.

Et là dehors, quelque part, des personnes étaient occupées à planifier leur mort.

Yosh cheklamasi:
16+
Litresda chiqarilgan sana:
10 sentyabr 2019
Hajm:
340 Sahifa 1 tasvir
ISBN:
9781632916327
Mualliflik huquqi egasi:
Lukeman Literary Management Ltd
Yuklab olish formati:
Birinchisi seriyadagi kitob "Un Thriller Luke Stone"
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