Kitobni o'qish: «Избранные новеллы. Уровень 1 / Les Nouvelles Choisis»

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* * *

La parure

C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin1, dans une famille d’employés. Elle n’avait aucun moyen d’être connue2, comprise, aimée, épousée par un homme riche; et elle se laissa marier3 avec un petit commis du ministère de l’Instruction publique4.

Elle fut malheureuse. Elle souffrait sans cesse5, se sentant née6 pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle songeait aux grands salons vêtus de soie7 ancienne et aux petits salons coquets, parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes.

Quand elle s’asseyait, pour dîner, devant la table ronde couverte d’une nappe de trois jours, en face de8 son mari elle songeait aux dîners fins, aux argenteries reluisantes; elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles merveilleuses, aux galanteries chuchotées et écoutées avec un sourire de sphinx.

Elle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n’aimait que cela9; elle se sentait faite pour cela.

Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant10. Et elle pleurait pendant des jours entiers de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.

Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux, et tenant à la main une large enveloppe11.

– Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.

Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots:

– Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire l’honneur de12 venir passer la soirée à l’hôtel13 du ministère, le lundi 18 janvier.

Au lieu d’être ravie14, comme l’espérait son mari, elle jeta avec dépit l’invitation sur la table, murmurant:

– Que veux-tu que je fasse de cela?

– Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. Tu ne sors jamais, et c’est une occasion, cela, une belle! J’ai eu une peine infinie à l’obtenir. Tout le monde en veut; c’est très recherché et on n’en donne pas beaucoup aux employés. Tu verras là tout le monde officiel.

Elle le regardait d’un œil irrité, et elle déclara avec impatience:

– Que veux-tu que je me mette sur le dos pour aller là?

Il n’y avait pas songé; il balbutia:

– Mais la robe avec laquelle tu vas au théâtre. Elle me semble très bien, à moi…

Il se tut15, stupéfait, éperdu, en voyant que sa femme pleurait. Il bégaya:

– Qu’as-tu? qu’as-tu?

Mais, par un effort violent, elle avait dompté sa peine et elle répondit d’une voix calme en essuyant ses joues humides:

– Rien. Seulement je n’ai pas de toilette et par conséquent16 je ne peux aller à cette fête.

Il était désolé. Il reprit:

– Voyons, Mathilde. Combien cela coûterait-il, une toilette convenable, qui pourrait te servir encore en d’autres occasions, quelque chose de très simple?

Elle répondit en hésitant:

– Je ne sais pas au juste17, mais il me semble qu’avec quatre cents francs je pourrais arriver.

Il avait un peu pâli, mais il dit:

– Soit. Je te donne quatre cents francs. Mais tâche d’avoir une belle robe.

Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste. Sa toilette était prête cependant. Son mari lui dit un soir:

– Qu’as-tu? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours.

Et elle répondit:

– Cela m’ennuie de n’avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi.

Il reprit:

– Tu mettras des fleurs naturelles. C’est très chic en cette saison-ci.

Elle n’était point convaincue.

– Non… il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir l’air pauvre au milieu de18 femmes riches.

Mais son mari s’écria:

– Que tu es bête! Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux.

Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse. Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l’apporta, l’ouvrit, et dit à Mme Loisel:

– Choisis, ma chère.

Elle essayait les parures devant la glace, hésitait, ne pouvait se décider à les quitter, à les rendre. Elle demandait toujours:

– Tu n’as plus rien d’autre?

– Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te plaire.

Tout à coup elle découvrit, dans une boîte de satin noir, une superbe rivière de diamants19; et son cœur se mit à battre20 d’un désir immodéré. Elle l’attacha autour de sa gorge et demeura en extase devant elle-même.

Puis, elle demanda, hésitante, pleine d’angoisse21:

– Peux-tu me prêter cela, rien que cela?

– Mais oui, certainement.

Le jour de la fête arriva. Mme Loisel eut un succès. Elle était plus jolie que toutes, élégante, gracieuse, souriante et folle de joie22. Tous les hommes la regardaient. Le ministre la remarqua.

Elle dansait avec ivresse, ne pensant plus à rien, dans le triomphe de sa beauté.

Elle partit vers quatre heures du matin. Son mari, depuis minuit, dormait dans un petit salon désert avec trois autres messieurs dont les femmes s’amusaient beaucoup.

Lorsqu’ils furent23 dans la rue, ils ne trouvèrent pas de voiture. Ils descendaient vers la Seine, désespérés, grelottants. Enfin ils trouvèrent sur le quai un de ces vieux coupés noctambules qu’on ne voit dans Paris que la nuit venue24.

Il les ramena jusqu’à leur porte, rue des Martyrs, et ils remontèrent tristement chez eux. C’était fini, pour elle.

Elle ôta les vêtements dont elle s’était enveloppé les épaules, devant la glace, afin de25 se voir encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri26. Elle n’avait plus sa rivière autour du cou!

Son mari demanda:

– Qu’est-ce que tu as?

Elle se tourna vers lui:

– J’ai… j’ai… je n’ai plus la rivière de Mme Forestier.

– Quoi!.. comment!.. Ce n’est pas possible! Tu es sûre27 que tu l’avais encore en quittant le bal?

– Oui, je l’ai touchée dans le vestibule du ministère.

– Elle doit être dans le fiacre.

– Oui. C’est probable. As-tu pris le numéro?

– Non. Et toi, tu ne l’as pas regardé?

– Non.

– Je vais, dit-il, refaire tout le trajet que nous avons fait à pied, pour voir si je ne la retrouverai pas.

Et le mari sortit. Il rentra vers sept heures et il n’avait rien trouvé.

Il se rendit à la Préfecture de police28, aux journaux, pour faire promettre une récompense.

Elle attendit tout le jour. Loisel revint le soir, avec la figure pâlie; il n’avait rien découvert.

– Il faut, dit-il, écrire à ton amie que tu as brisé la fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer29. Cela nous donnera le temps de nous retourner.

Elle écrivit sous sa dictée30.

Au bout d’une semaine31, ils avaient perdu toute espérance.

Et Loisel, vieilli de cinq ans, déclara:

– Il faut aviser à remplacer ce bijou.

Ils prirent, le lendemain, la boîte qui l’avait renfermé, et se rendirent chez le joaillier, dont le nom se trouvait dedans. Il consulta ses livres:

– Ce n’est pas moi, madame, qui ai vendu cette rivière; j’ai dû seulement fournir l’écrin.

Alors ils allèrent de bijoutier en bijoutier, cherchant une parure pareille à l’autre.

Ils trouvèrent, dans une boutique du Palais Royal, un chapelet de diamants qui leur parut entièrement semblable à celui qu’ils cherchaient32. Il valait quarante mille francs. Ils prièrent donc le joaillier de ne pas le vendre avant trois jours33.

Loisel possédait dix-huit mille francs que lui avait laissés son père. Il emprunterait le reste.

Quand Mme Loisel reporta la parure à Mme Forestier, celle-ci lui dit, d’un air froissé:

– Tu aurais dû me la rendre plus tôt, car, je pouvais en avoir besoin.

Elle n’ouvrit pas l’écrin, ce que redoutait son amie.

Mme Loisel connut la vie horrible des nécessiteux. Il fallait payer cette dette effroyable. Elle payerait.

Elle connut les gros travaux du ménage, les odieuses besognes de la cuisine.

Il fallait chaque mois payer des billets, en renouveler d’autres, obtenir du temps.

Cette vie dura dix ans. Au bout de dix ans, ils avaient tout restitué.

Mme Loisel semblait vieille, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude. Mal peignée, avec les mains rouges, elle parlait haut34, lavait à grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s’asseyait auprès de la fenêtre, et elle songeait à cette soirée d’autrefois, à ce bal, où elle avait été si belle.

Un dimanche, comme elle était allée faire un tour35 aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C’était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante.

Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler? Oui, certes. Et maintenant qu’elle avait payé, elle lui dirait tout. Pourquoi pas?

Elle s’approcha.

– Bonjour, Jeanne.

L’autre ne la reconnaissait point. Elle balbutia:

– Mais… madame!.. Je ne sais… Vous devez vous tromper.

– Non. Je suis Mathilde Loisel.

Son amie poussa un cri:

– Oh!.. ma pauvre Mathilde, comme tu es changée!..

– Oui, j’ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t’ai vue; et bien des misères… et cela à cause de toi!..

– De moi… Comment ça?

– Tu te rappelles bien cette rivière de diamants que tu m’as prêtée pour aller à la fête du Ministère.

– Oui. Eh bien?

– Eh bien, je l’ai perdue.

– Comment! puisque tu me l’as rapportée.

– Je t’en ai rapporté une autre toute pareille. Et voilà dix ans que nous la payons. Enfin c’est fini, et je suis rudement contente.

Mme Forestier s’était arrêtée.

– Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour remplacer la mienne?

– Oui. Tu ne t’en étais pas aperçue, hein? Elles étaient bien pareilles.

Et elle souriait d’une joie orgueilleuse et naïve.

Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains.

– Oh! ma pauvre Mathilde! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs!..

17 février 1884
Упражнения

1. Укажите род существительных и дайте их перевод.

délicatesse – __________,

salon – __________,

soie – __________,

argenterie – __________,

bijou – __________,

robe – __________,

fête – __________,

toilette – __________,

coffret – __________,

satin – __________,

diamant – __________,

désir – __________,

ivresse – __________

2. Найдите в тексте антонимы к представленным словам (антонимов может быть несколько).

heureux – __________,

triste – __________,

mécontent – __________,

tranquille – __________,

modéré – __________,

sûr – __________,

agréable – __________,

modeste – __________

3. Вставьте пропущенные слова.

1. C’était une de ces _______ et __________ filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés.

2. Elle avait une amie ________, une camarade de couvent qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant.

3. Le jour de la fête arriva. Mme Loisel eut un succès. Elle était plus _______ que toutes, _________, _____________, _________ et folle de joie.

4. Elle était devenue la femme _______, et _________, et _________.

5. Et elle souriait d’une joie __________ et ____________.

4. Разделите прилагательные, пропущенные в предыдущем предложении, по способу образования женского рода.


5. Как изменилась главная героиня по сравнению с началом истории? Опишите, какой она была и какой стала.

1.comme par une erreur du destin – словно по иронии судьбы (дословно: словно по ошибке судьбы)
2.être connue – быть узнанной (форма инфинитива прошедшего времени – infinitif passé)
3.elle se laissa marier – она приняла предложение (дословно: позволила себе выйти замуж)
4.l’Instruction publique – государственное образование
5.sans cesse – без остановки
6.se sentant née – чувствуя себя рождённой (форма причастия настоящего времени – participe présent – переводится на русский язык деепричастием)
7.vêtus de soie – покрытые шёлковой тканью
8.en face de – напротив
9.Et elle n’aimait que cela – И она любила только это (ne… que = только)
10.tant elle souffrait en revenant – так она страдала, возвращаясь (en revenant – форма герундия (gérondif) настоящего времени – переводится на русский язык причастием)
11.tenant à la main une large enveloppe – держа в руке большой конверт (tenant – форма причастия настоящего времени – participe présent)
12.faire l’honneur de – оказать честь
13.l’hôtel – в данном случае используется в значении un hôtel particulier, т. е. особняк
14.Au lieu d’être ravie… – Вместо того, чтобы быть в восторге…
15.Il se tut – Он замолчал (se tut – форма простого прошедшего времени – passé simple глагола se taire)
16.par conséquent – следовательно
17.au juste – в точности
18.au milieu de – среди
19.rivière de diamants – брильянтовое ожерелье
20.son cœur se mit à battre – её сердце начало биться (se mettre à + infinitif обозначает начало действия)
21.pleine d’angoisse – полная тревоги
22.folle de joie – вне себя от радости
23.furent – форма простого прошедшего времени глагола être
24.que la nuit venue – только когда наступает ночь
25.afin de – (для того) чтобы
26.elle poussa un cri – она закричала
27.Tu es sûre – Ты уверена
28.la Préfecture de police – полицейская префектура
29.tu la fais réparer – ты отдала его починить (faire + infinitif используется в значении поручить что-то кому-то, приказать, т. е. делать не собственноручно)
30.sous sa dictée – под его диктовку
31.Au bout d’une semaine – Спустя неделю
32.qui leur parut entièrement semblable à celui qu’ils cherchaient – которое показалось им точь-в-точь таким же, какое они искали
33.avant trois jours – в ближайшие три дня
34.elle parlait haut – она громко говорила
35.faire un tour – прогуляться
Yosh cheklamasi:
16+
Litresda chiqarilgan sana:
30 avgust 2023
Yozilgan sana:
2023
Hajm:
102 Sahifa 4 illyustratsiayalar
ISBN:
978-5-17-155959-5
Mualliflik huquqi egasi:
Издательство АСТ
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