Kitobni o'qish: «Presque Morte»

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PRESQUE MORTE
(La Fille Au Pair – Livre Trois)
B L A K E   P I E R C E
Blake Pierce

Blake Pierce a été couronné meilleur auteur et bestseller d'après USA Today pour Les Enquêtes de RILEY PAIGE – seize tomes (à suivre), la Série Mystère MACKENZIE WHITE – treize tomes (à suivre) ; Les Enquêtes d'AVERY BLACK – six tomes ; Les Enquêtes de KERI LOCKE – cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE – cinq tomes (à suivre) ; la Série Mystère KATE WISE – six tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique CHLOE FINE – cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique JESSIE HUNT – cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique FILLE AU PAIR – deux tomes (à suivre) et Les Enquêtes de ZOE PRIME – deux tomes (à suivre).

Lecteur passionné, fan de thriller et romans à suspense depuis son plus jeune âge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact !


Copyright © 2020 by Blake Pierce. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright Mimadeo sous licence Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)


LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)


LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)


SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDEAL (Volume 6)


SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)


SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)


LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)


LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)


UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU


SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)


LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)


LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

CHAPITRE UN

Cassandra Vale pressait le pas sur les pavés. La pluie glaciale fouettait son visage, l'obligeant à cligner des yeux. La nuit était tombée, elle craignait s'être perdue. Ce quartier de Milan était des plus surprenant, elle se trouvait sur l'un des principaux axes commerçants. Les passants, emmitouflés dans d'élégants manteaux sombres, se pressaient sur le large trottoir, sac à la main.

Cassie jeta un œil aux devantures tout en se dirigeant vers le croisement, elle pourrait entrer et demander son chemin. Les boutiques bien éclairées étaient un havre douillet et chaleureux, elle doutait fort pouvoir franchir les portes avec sa veste minable et ses baskets mouillées. Les marques incarnaient la quintessence de la mode ; Emilio Pucci, Dolce & Gabbana, Moschino, des articles hors de prix, inaccessibles.

Elle aurait dû se fier à son plan qui se délitait sous la pluie. Elle s'arrêta au carrefour pour le déplier, les lèvres et joues engourdies. Le papier humide se déchira alors qu'elle l'ouvrait, elle essaya de regrouper les morceaux déchirés et déchiffrer le tracé complexe des rues aux noms inconnus, désormais illisibles pour la plupart.

Elle était allée trop loin. Elle aurait dû tourner voilà quatre pâtés de maison. Désorientée dans ce lieu étrange, elle ne s'était pas arrêtée pour se repérer. Elle retourna le plan les mains tremblantes, essayant de retrouver son chemin. Tourner à gauche, trois pâtés en arrière – non, cinq – encore à gauche, jusqu'à un dédale de rues sinueuses. C'était là.

Cassie replia le plan en lambeaux et le rangea dans sa poche, la carte ne survivrait pas au prochain dépliage. Elle devait se concentrer, réprimer sa panique avant qu'il ne soit trop tard, que l'endroit où elle doive se rendre ne ferme, voire, que son voyage se termine par une immense déception.

C'était sa seule chance de retrouver sa sœur, Jacqui. La seule piste en sa possession.

Elle courait presque, fit un effort pour retenir le parcours, laissa le quartier de la mode derrière elle, les trottoirs se firent plus étroits et les vitrines moins imposantes. Les magasins d'articles à bas prix et contrefaçons se succédaient, les prix en euro baissaient à chaque coin de rue, les vitrines délabrées affichaient Soldes, on était au mois de janvier.

Elle aperçut son reflet dans une vitrine sombre. Visage pâle aux joues rougies par le froid.  Ses cheveux auburn aux épaules étaient dissimulés sous un bonnet vert citron bien chaud, bien pratique pour dompter sa chevelure ondulée. Blottie dans sa veste bleue à la fermeture éclair cassée, elle faisait tache dans la capitale de la mode. Elle avait l'air d'une marginale comparée aux Milanaises avec leurs tenues et brushings impeccables, leurs bottes hors de prix, leur classe naturelle.

Lorsqu'elle et Jacqui étaient petites, elles avaient bien souvent dû porter des vêtements usés, déchirés ou défraîchis pour aller à l'école, leur père veuf répétait avec agacement n'avoir pas suffisamment d'argent pour en acheter des neufs. Cassie acceptait mieux son sort que Jacqui, qui détestait être habillée comme une misérable.

Sa sœur avait été logiquement attirée par l'une des capitales de la mode, le moindre article était à la mode, beau et neuf.

Cassie reprit son souffle, le nom de la rue ne lui était pas inconnu.

Elle était au bon endroit. Il ne lui restait plus qu'à trouver la boutique nommée Cartoleria, elle ignorait s'il s'agissait du nom ou d'une description.

La barrière de la langue ne facilitait pas les choses. Cassie avait réussi à obtenir le nom de la rue que la femme impatiente avait répété à plusieurs reprises – son anglais se bornant à "We are closing" – avant de lâcher un "Addio" et raccrocher.

Cassie avait décrété que le meilleur moyen de le découvrir consistait à se rendre directement au magasin. Elle avait mis une semaine à tout organiser, elle avait fait la route depuis Édimbourg, où elle habitait, jusqu'à Milan. Elle comptait arriver beaucoup plus tôt mais s'était retrouvée bloquée dans les embouteillages et s'était trompée de route à plusieurs reprises, avant de trouver un parking abordable. Son GPS plantait et elle n'avait presque plus de batterie. Heureusement qu'elle avait pensé à imprimer la carte routière. À quelle heure fermaient les magasins ici ? Dix-huit heures ? Plus tard ?

L'angoisse s'empara d'elle en constatant que le magasin fermait, le commerçant avait retourné la pancarte “ouvert“ sur “fermé“ et éteint les lumières.

“Excusez-moi. Cartoleria. Vous savez où ça se trouve ?” demanda-t-elle, tendue, chaque seconde comptait.

Il la regarda d'un drôle d'air, lui indiqua la rue et dit quelque chose en italien qu'elle ne comprit pas. Il lui avait heureusement indiqué la bonne direction, elle serait partie dans l'autre sens.

“Merci.”

“Signorina !” cria-t-il, mais Cassie fonça sans se retourner.

Elle était excitée au possible. Il y avait une petite chance que Jacqui travaille toujours dans ce magasin. Cassie se voyait entrer et se retrouver nez à nez avec sa sœur. Elle se demandait quelle serait la réaction de Jacqui. Se connaissant, elle pousserait un cri de joie et la serrerait étroitement dans ses bras. Elles pourraient enfin discuter, découvrir ce qui s'était passé, pourquoi Jacqui avait disparu si longtemps sans donner de nouvelles.

C'était très peu probable mais Cassie ne pouvait s'empêcher de rêver.

Elle y était, elle se mit à courir en voyant l'enseigne Cartoleria. Ils devaient encore être ouverts – obligatoirement. C'était sa dernière chance, la seule possibilité de renouer avec la seule famille qui lui restait.

Elle courut sur les pavés détrempés par la pluie, slalomant parmi les piétons qui avançaient, abrités sous d'encombrants parapluies.

Elle s'arrêta net et contempla la devanture, incrédule.

Cartoleria était fermé.

Pas pour la journée, définitivement.

Les fenêtres étaient condamnées, elle apercevait à travers un interstice le magasin vide. L'enseigne au-dessus de la porte pendait, en piteux état, seul indice que ce magasin fut jadis ouvert.

En contemplant la boutique sombre et vide, Cassie compris après coup qu'elle avait mal interprété l'employée impatiente de la boutique lorsqu'elle avait appelé voilà une semaine. La femme avait essayé de lui faire comprendre qu'ils fermaient boutique définitivement. Si elle s'en s'était rendu compte, elle aurait rappelé sur le champ, posé des questions, se serait montrée plus persuasive.

Elle avait conduit des centaines de kilomètres pour tomber dans une sacrée impasse.

Sa piste, ses rêves et ses espoirs s'achevaient ici. Sa seule et unique chance de retrouver sa sœur s'évanouissait.

CHAPITRE DEUX

Cassie était écrasée par la déception, seule devant ce magasin vide. Elle ne pouvait se résoudre à tourner les talons et faire le chemin en sens inverse jusqu'à sa voiture, par cette froide soirée pluvieuse.

Vu sous cet angle, partir maintenant équivaudrait à baisser les bras, ses pieds étaient littéralement rivés au sol. Elle était persuadée qu'un indice, aussi infime soit-il, le mènerait jusqu'à Jacqui.

Elle regarda alentour, un des magasins voisins était encore ouvert, une trattoria. Ils sauraient peut-être qui était le propriétaire de Cartoleria, où il – ou elle – était parti.

Cassie entra au bistrot, soulagée de s'abriter de la pluie battante. Ça sentait délicieusement bon le café et le pain, elle n'avait rien mangé de la journée. Un énorme percolateur chromé trônait sur le comptoir en bois.

L'intérieur ne comptait que quatre tables, toutes occupées. Elle s'installa au bar, sur l'unique tabouret vacant.

Un serveur débordé se précipita vers elle.

Cosa prendi ?

Il venait certainement prendre sa commande.

“Désolée, je ne parle pas italien,” s'excusa-t-elle, en espérant qu'il ait compris. “Vous connaissez les propriétaires du magasin d'à côté ?”

Le jeune homme haussa les épaules, visiblement perplexe.

“Je vous sers à manger ?” demanda-t-il dans un anglais très approximatif.

La barrière de la langue ne lui ayant pas permis d'obtenir la réponse à sa question, Cassie lut rapidement le menu griffonné à la craie sur l'ardoise.

“Un café et un panini, s'il vous plait.”

Elle extirpa des billets du fin fond de son portefeuille. Les tarifs à Milan étaient plus élevés que prévu mais il était tard et elle mourrait de faim.

“Vous êtes Americana ?” demanda l'homme assis à côté.

Cassie acquiesça, impressionnée.

“Oui.”

“Je m'appelle Vadim.”

Il n'avait pas l'air italien mais reconnaître les accents n'était pas son fort, contrairement à lui. Il était vraisemblablement originaire d'Europe de l'Est, ou de Russie.

“Cassie Vale.”

Il avait quelques années de plus qu'elle, la trentaine, portait un blouson en cuir et un jean, un verre de vin rouge à moitié plein devant lui.

“Vous êtes en vacances ? Vous travaillez, vous faites des études ?”

“Je suis à la recherche de quelqu'un,” avoua péniblement Cassie, elle se demandait si elle n'avait pas parlé trop vite.

Il fronça ses épais sourcils.

“Comment ça, à la recherche ? Vous recherchez quelqu'un en particulier ?”

“Oui. Ma sœur.”

“Elle a disparu ?”

"Oui. J'ai suivi une piste qui, je l'espérais, me conduirait jusqu'à elle. Elle a contacté mon ami aux États-Unis voilà quelque temps, on l'a retrouvée grâce à son numéro."

"Vous avez réussi à la retrouver et êtes venue jusqu'ici ? Un vrai boulot de détective," Vadim était admiratif, le serveur déposa son café sur le comptoir.

"Non, j'ai mis un temps fou. Elle a appelé deux fois, elle voulait me parler. Le premier numéro n'a rien donné. J'ai réalisé la semaine dernière seulement que le second appel avait été passé d'un autre numéro."

Vadim me coula un regard sympathique.

"Et maintenant, la Cartoleria est fermée," dit Cassie.

"Le magasin d'à côté ?"

"Oui. C'est de là qu'elle a téléphoné. J'espérais trouver le propriétaire."

Il fronça les sourcils.

"La Cartoleria est une chaîne de magasins. Il y en a d'autres à Milan. C'est un cybercafé, on y trouve des stylos, des crayons, ce genre de trucs."

"De la papeterie," suggéra Cassie.

"Oui, voilà. Si vous contactez un autre magasin, ils vous aideront peut-être à retrouver le gérant."

Cassie se jeta sur l'assiette que le serveur venait de déposer.

"Vous voyagez seule ?"

"Oui, je suis seule, j'espérais trouver Jacqui."

"Vous êtes à sa recherche mais elle pas, pourquoi ?"

"Nous avons eu une enfance difficile. Ma mère est morte quand elle était jeune et mon père ne s'en sortait pas. Il était très coléreux, il en voulait au monde entier."

Vadim compatit.

"Jacqui était plus âgée que moi, un jour, elle est partie. Je pense qu'elle ne pouvait plus le supporter. Sa colère, les cris, les assiettes cassées, presque chaque jour. Il a eu plusieurs petites amies, il y avait souvent des étrangers à la maison."

Un souvenir désagréable lui revint en mémoire, elle se cachait sous le lit tard le soir, elle dressait l'oreille, écoutant les pas pesants monter les escaliers et chercher la porte à tâtons. Jacqui l'avait sauvée. Elle avait crié si fort que les voisins avaient accouru, l'homme avait redescendu les escaliers à la hâte. Cassie se souvint de la terreur qu'elle avait éprouvée en l'entendant gratter à la porte de sa chambre. Jacqui avait été sa protectrice, jusqu'à ce qu'elle s'enfuie.

"Après son départ, j'ai déménagé, mon père a été expulsé et a dû trouver un nouveau logement. J'avais un nouveau téléphone. Lui aussi. Elle avait plus aucun moyen de nous contacter. Je crois qu'elle essaie de nous joindre mais elle a peur, je ne sais pas pourquoi. Elle me croit peut-être en colère parce qu'elle s'est enfuie."

Vadim secoua la tête.

"Alors vous êtes seule au monde ?"

Cassie acquiesça, elle se sentait triste.

"Je vous offre un verre ?"

Cassie refusa.

"Merci beaucoup, mais je conduis."

Sa voiture était à quarante-cinq minutes de marche. Elle ne savait où aller ni où dormir. Elle espérait arriver plus tôt, que le magasin lui fournirait un indice sur l'endroit où se trouvait Jacqui, qu'elle passerait à l'étape suivante dans ses recherches. Il faisait nuit et ignorait où trouver un hôtel ou une auberge de jeunesse. Elle risquait de dormir dans sa voiture, dans le parking.

"Vous savez où dormir ce soir ?" demanda Vadim, comme s'il lisait dans ses pensées.

Cassie secoua la tête.

"Pas encore."

"Il y a une auberge de jeunesse pas loin. Ça s'appelle une pensione en Italie. Ça peut-être une idée. C'est sur mon chemin ; je peux vous montrer si vous voulez."

Cassie sourit timidement, inquiète à propos du tarif, sa valise était restée dans sa voiture. Un hôtel à proximité lui paraissait tout de même plus pratique que refaire ce long trajet à pied jusqu'au parking. Jacqui était peut-être descendue dans cette auberge, vérifier ne coûtait rien.

Elle but son café et termina son panini jusqu'à la dernière miette, Vadim finissait son vin tout en envoyant des messages.

"Venez. C'est par ici."

Il pleuvait toujours, Vadim ouvrit un grand parapluie sous lequel Cassie se réfugia, reconnaissante. Il marchait d'un pas pressé, Cassie devait dépêchait pour le suivre. Elle était contente de ne pas traîner mais se demandait si cette auberge était sur son chemin, s'il ne faisait pas un détour pour elle.

Elle apercevait les bâtiments environnants, essayant de se faire une idée de l'endroit où ils se trouvaient. Les noms des restaurants, des magasins et des entreprises scintillaient sous la bruine et dans la brume ; la langue étrangère donnait le tournis à Cassie.

Ils traversèrent une rue, les embouteillages avaient cessé. Elle n'avait pas regardé l'heure depuis un moment, il devait être bien plus de dix-neuf heures. Elle était épuisée et se demandait où se trouvait l'auberge, ce qu'elle ferait s'ils étaient complet.

L'enseigne sur leur droite était celle d'un supermarché. Sur la gauche, une discothèque vraisemblablement. Le néon clignotait. Il ne s'agissait pas du quartier chaud – si tant est qu'un tel quartier existe à Milan – mais ça y ressemblait.

Elle réalisa soudainement qu'ils étaient allés trop loin, trop vite, sans échanger un mot.

Ils devaient marcher depuis près de deux kilomètres, une personne sensée n'aurait jamais considéré pareille distance comme 'à proximité'.

La mémoire lui revint.

Au premier carrefour, elle avait regardé sur sa gauche. Distraite et aveuglée par la pluie, elle n'avait pas prêté attention aux enseignes, elle s'imaginait une grande enseigne clignotante, mais vit alors une pancarte de dimension modeste avec des lettres noir sur blanc.

Pensione.”

Le terme employé par Vadim. Le mot italien pour auberge de jeunesse où son équivalent.

"Pourquoi vous ralentissez ?" demanda-t-il, d'une voix coupante.

Devant, Cassie vit les phares d'un véhicule qui l'attendait. Une camionnette blanche était stationnée de l'autre côté de la rue. Vadim se dirigeait vers elle.

Il tendit la main vers elle, Cassie comprit, en une fraction de seconde de pure terreur, qu'il avait senti son hésitation, qu'il allait l'attraper.

CHAPITRE TROIS

Cassie comprit après coup qu'elle s'était montrée stupide, bavarde et trop confiante. Dans un moment de solitude, elle avait avoué à cet étranger être seule au monde, que personne ne savait où elle se trouvait.

Des scénarios d'enlèvement, de trafic et de viol lui traversèrent l'esprit. Elle devait fuir.

La main de Vadim se referma sur son poignet, elle tira dessus mais il agrippa la manche de sa veste.

Le tissu fragile et usé se déchira, il resta avec un bout de doublure en polyester en main. Elle était libre.

Cassie se retourna et prit ses jambes à son cou dans la direction d'où elle venait.

Tête baissée sous la pluie, elle courait en beau milieu de la route, la lumière changeait. Des cris et des jurons derrière elle lui firent prendre conscience que le grand parapluie était plus une gêne qu'une aide pour Vadim. Elle plongea dans une rue latérale sur sa gauche tandis qu'un bus passait derrière elle, priant pour qu'il ne l'ait pas vue, un autre cri retentit, il l'avait aperçue et la suivait.

Elle prit à droite dans une rue plus fréquentée, se faufila parmi les piétons qui marchaient lentement, retira sa veste et son bonnet en couleur afin de ne pas se faire repérer. Elle fourra les vêtements sous son bras, atteignit un autre croisement, jeta un coup d'œil derrière elle et prit de nouveau à gauche.

Elle n'avait pas été suivie mais il pouvait toujours la rattraper – pire, deviner où elle irait et l'attendre.

Une lueur d'espoir, un refuge, elle se trouvait devant la fameuse “Pensione” repérée précédemment. Nulle trace de Vadim.

Cassie s'y précipita, priant pour entrer et se mettre à l'abri, juste à temps.

*

La musique de l'auberge s'entendait depuis la rue, un portillon blanc peu robuste était entrouvert.

Cassie le poussa, un bruit sourd retentissait dans l'étroit escalier de bois. Des voix, des rires, de la fumée de cigarette montaient jusqu'à elle.

Elle jeta un coup d'œil derrière elle mais personne.

Il avait peut-être laissé tomber. Désormais en lieu sûr, elle se demandait si elle n'avait pas un peu exagéré. Cette camionnette n'était peut-être qu'une coïncidence. Vadim comptait peut-être simplement la ramener chez lui.

Quoiqu'il en soit, il n'avait pas tenu promesse, il avait essayé de l'enlever en la voyant hésiter. La peur s'empara d'elle, il s'en était fallu de peu.

Quelle idiote de tout déballer au premier venu, dire qu'elle était seule, que personne ne savait où elle était, qu'elle recherchait quelqu'un en pure perte. Cassie reprit son souffle, elle s'en voulait pour son épouvantable stupidité. Raconter l'histoire de Jacqui à un parfait inconnu qui ne la jugeait pas s'était avéré un réel soulagement. Elle n'avait pas réalisé ce qu'elle risquait de partager d'autre.

Le portillon de sécurité en haut des escaliers était fermé. Il donnait accès à un petit hall d'entrée inoccupé, un bouton sur le mur indiquait, en plusieurs langues, dont l'anglais “Sonnez.”

Cassie sonna, elle espérait qu'on entendrait la sonnette malgré la musique assourdissante.

Répondez, je vous en supplie.

La porte donnant sur le hall s'ouvrit, une rousse vénitienne de l'âge de Cassie s'avança, surprise de la voir.

"Buona sera."

"Vous parlez anglais ?" demanda Cassie, elle priait pour que la femme soit bilingue et comprenne qu'elle doive entrer au plus vite.

Au grand soulagement de Cassie, elle lui répondit en anglais avec un accent allemand.

"Que puis-je pour vous ?"

“J'ai besoin d'une chambre à tout prix. Vous avez de la place ?”

La rousse réfléchit un moment.

"Non," dit-elle en secouant la tête, Cassie était déçue au possible. Elle regarda derrière elle, elle craignait d'avoir entendu des pas dans l'escalier, il s'agissait certainement du martèlement de la musique provenant de la pension.

"Je peux entrer s'il vous plaît ?"

"Bien sûr. Ça va ?"

La femme ouvrit la porte. Cassie sentit le métal froid vibrer sous ses mains lors du déverrouillage, elle s'assura de bien refermer la porte derrière elle.

Elle était enfin en lieu sûr.

"J'ai fait une mauvaise rencontre. Un homme m'a proposé de m'accompagner jusqu'ici mais nous avons fini par prendre une autre direction. Il m'a attrapée par le bras quand je me suis rendu compte que quelque chose clochait, j'ai réussi à me libérer."

La femme était stupéfaite, visiblement sous le choc.

"Heureusement que vous vous en soyez sortie. Ce quartier de Milan n'est pas sûr le soir. Entrez au bureau. Je vous ai mal compris. Toutes les chambres individuelles sont réservées, je peux vous proposer un dortoir, si ça vous va."

"Merci infiniment. Ça ira."

Soulagée de ne pas devoir arpenter les rues sombres, Cassie suivit la femme dans le hall jusqu'à un petit bureau dont la porte indiquait "Direction."

Cassie régla sa chambre. Elle réalisa, une fois encore, que le tarif était horriblement élevé. Milan était une ville chère, vivre ici coûtait une blinde.

"Vous avez des bagages ?"

Cassie secoua la tête. "Je les ai laissés dans ma voiture, à des kilomètres."

À son grand étonnement la femme opina du chef, comme si c'était banal.

"Vous aurez besoin d'un nécessaire de toilette au dortoir."

La brosse à dents, le dentifrice, le savon et le t-shirt en coton lui sauvaient la vie, Cassie dû débourser quelques euros supplémentaires.

"Votre chambre est au bout du couloir. Votre lit est près de la porte, vous avez un casier."

"Merci."

"Le bar est par ici. Nous proposons à nos clients la bière la moins chère de Milan." Elle posa la clé du casier sur le comptoir en souriant.

"Je m'appelle Gretchen."

"Et moi Cassie."

Cassie se rappela la raison de sa présence et demanda "Vous avez un téléphone ? Internet ?"

Elle retint son souffle en attendant la réponse de Gretchen.

"Les clients peuvent téléphoner du bureau en cas d'urgence. Vous pouvez appeler et avoir accès à un ordinateur de plusieurs magasins à proximité. Ils sont indiqués sur le tableau d'affichage à côté de l'étagère, vous y trouverez également un plan."

"Merci."

Cassie jeta un coup d'œil derrière elle. Elle avait repéré le panneau d'affichage en entrant, près de l'étagère. Un grand tableau couvert de bouts de papier.

"Nous affichons également les offres d'emploi. Nous visitons les sites tous les jours et imprimons les annonces. Les gens nous contactent parfois directement quand ils ont besoin d'une aide à temps partiel, serveur, rangement, ménage par exemple. Ces emplois sont en général payés cash, à la journée."

Elle adressa un sourire compatissant à Cassie, comme si elle savait ce que ça faisait de se retrouver à l'étranger sans argent.

"La plupart des clients trouvent facilement du travail, si vous cherchez un emploi, dites-le-moi."

"Merci infiniment."

Elle fila droit vers le panneau d'affichage.

Une liste recensait cinq lieux à proximité avec téléphone et internet, Cassie retint son souffle en voyant indiqué Cartoleria, fraîchement barré d'un "Fermé".

Il y avait de l'espoir, Cassie décida de demander à Gretchen si elle pouvait vérifier le registre des clients. Elle se rendit au salon, la directrice venait d'ouvrir une bière et s'était assise sur un canapé parmi un groupe hilare.

"Tiens, une cliente."

Un homme grand et mince à l'accent anglais, plus jeune que Cassie, se leva et ouvrit le réfrigérateur.

"Je m'appelle Tim. Qu'est-ce que je te sers ?"

La voyant hésiter "Y'a une promo sur la Heineken."

"Merci."

Elle paya, il lui passa la bouteille glacée. Deux brunes, visiblement des jumelles, s'installèrent sur un des canapés pour lui faire de la place.

"Je suis venue dans l'espoir de retrouver ma sœur," dit-elle, légèrement nerveuse.

"L'un d'entre vous l'a peut-être connue, elle est peut-être descendue ici. Elle est blonde – du moins elle l'était la dernière fois que je l'ai vue. Elle s'appelle Jacqui Vale."

"Ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vues ?" demanda la brune sympathique.

Cassie hocha la tête. "C'est triste. J'espère que vous la retrouverez."

Cassie but une gorgée de sa bière ambrée glacée.

La directrice scrollait son téléphone.

“On n'a pas eu de cliente du nom de Jacqui en décembre, ni en novembre d'ailleurs,” Cassie était perplexe.

"Attends," dit Tim. "Je crois me rappeler de quelqu'un."

Il ferma les yeux pour se souvenir, Cassie le regardait anxieusement.

"Peu d'Américains descendent ici, je me souviens de son accent. Elle n'avait pas réservé, elle est venue avec un ami qui logeait ici. Elle a pris un verre et est repartie. Elle n'était pas blonde mais brune, très jolie, elle te ressemble un peu. Elle doit avoir quelques années de plus que toi."

Cassie lui adressa un signe de tête encourageant. "Jacqui est l'aînée."

"Son ami l'appelait Jax. On a bavardé pendant que je la servais, elle m'a dit qu'elle habitait dans une petite ville, à une ou deux heures d'ici. Mais impossible de me souvenir du nom"

Cassie était sous le choc, sa sœur était venue ici. Elle rendait visite à un ami, elle vivait sa vie. Elle n'était pas fauchée, dépressive, droguée ou maltraitée, une relation abusive, ni aucun des scénarios catastrophes imaginés par Cassie dès qu'elle pensait à Jacqui, se demandant pourquoi elle n'avait jamais cherché à la contacter.

Peut-être que sa famille ne comptait pas tant que ça, qu'elle n'avait pas ressenti le besoin de renouer. Elles étaient proches par la force de l'adversité, unies face aux crises de colère de leur père, cette vie de famille instable. Jacqui avait voulu oublier ces mauvais souvenirs.

"J'ignorais que tu avais la mémoire des visages, Tim," le taquina Gretchen. "Ça marche uniquement avec les jolies filles ?"

Tim sourit, confus. "Hé, elle était superbe. Je voulais l'inviter mais j'ai appris qu'elle n'habitait pas Milan, elle ne se serait pas intéressée à moi, de toute façon".

Les filles protestèrent à l'unisson.

"Imbécile ! T'aurais dû," insista la fille assise à côté de Cassie.

"Je n'ai pas su y faire, elle aurait refusé. Bref, donne-moi ton numéro Cassie, j'essaierai de me rappeler du nom de la ville. Je t'enverrai un message."

"Merci."

Elle donna son numéro à Tim et termina sa bière. Les autres étaient partants pour une nouvelle tournée, ils discuteraient certainement jusqu'à minuit passé, elle était épuisée.

Elle se leva, souhaita bonne nuit et prit une douche chaude avant de se coucher.

Ce n'est qu'en remontant les couvertures qu'elle se souvint, sous le choc, que ses médicaments contre l'anxiété étaient restés dans sa valise.

Elle avait déjà fait les frais de l'oubli des comprimés. Elle dormait mal si elle ne les prenait pas, elle risquerait de faire de vilains cauchemars. Cassie craignait que ses crises de somnambulisme se produisent au dortoir.

Elle espérait que l'épuisement et la bière éloigneraient les mauvais rêves.

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Yosh cheklamasi:
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Litresda chiqarilgan sana:
02 sentyabr 2020
Hajm:
292 Sahifa 5 illyustratsiayalar
ISBN:
9781094306261
Mualliflik huquqi egasi:
Lukeman Literary Management Ltd
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