Kitobni o'qish: «Avant qu’il ne voie »
AVANT QU’IL NE VOIE
(UN MYSTÈRE MACKENZIE WHITE—VOLUME 2)
B L A K E P I E R C E
Blake Pierce
Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAGE, qui comprend les thrillers à mystère UNE FOIS PARTIE (volume 1), UNE FOIS PRISE (volume 2), UNE FOIS DÉSIRÉE (volume 3) et UNE FOIS ATTIRÉE (volume 4). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE et de la série mystère AVERY BLACK.
Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact.
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
SÉRIE MYSTÈRE RILEY PAIGE
UNE FOIS PARTIE (Volume 1)
UNE FOIS PRISE (Volume 2)
UNE FOIS DÉSIRÉE (Volume 3)
UNE FOIS ATTIRÉE (Volume 4)
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
SÉRIE MYSTÈRE AVERY BLACK
MOTIF POUR TUER (Volume 1)
MOTIF POUR S’ENFUIR (Volume 2)
TABLE DES MATIÈRES
PROLOGUE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT ET UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE ET UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
PROLOGUE
Susan Kellerman comprenait la nécessité de bien s’habiller. Elle représentait son entreprise et elle essayait de gagner de nouveaux clients, alors son apparence était importante. Par contre, ce qu’elle ne comprenait vraiment pas, c’était la raison pour laquelle elle devait porter des hauts talons. Elle avait une belle robe d’été qu’elle aurait pu assortir avec de jolies chaussures plates. Mais non… la compagnie insistait sur le fait qu’elle porte des talons. Quelque chose à voir avec une apparence sophistiquée.
Je doute que porter des talons ait quoi que ce soit à voir avec le fait d’obtenir une vente, pensa-t-elle. Tout spécialement si le potentiel client était un homme. Et d’après sa fiche de vente, la personne qui habitait dans la maison dont elle s’approchait était de fait un homme. Susan vérifia l’encolure de sa robe. Elle avait un léger décolleté mais rien de provocant non plus.
Ça, pensa-t-elle, c’est être sophistiquée.
Tenant en main son étui de présentation plutôt volumineux et encombrant, elle monta d’un pas lourd les marches menant à la porte d’entrée et appuya sur la sonnette. Pendant qu’elle attendait, elle jeta un coup d’œil rapide autour d’elle. C’était une petite maison assez basique située dans la périphérie d’un quartier de classe moyenne. La pelouse avait été récemment tondue mais les parterres de fleurs de chaque côté du petit escalier menant à la porte d’entrée auraient bien eu besoin d’un sérieux désherbage.
C’était un quartier tranquille mais pas le style d’endroit où Susan aimerait vivre. Les maisons étaient de petits pavillons en rez-de-chaussée éparpillés le long des rues. Elle supposait que la plupart d’entre eux étaient occupés par des couples âgés ou par des personnes ayant des difficultés à finir le mois. Cette maison en particulier avait l’air de n’être qu’à un pas de se retrouver propriété d’une banque.
Elle tendit à nouveau la main vers la sonnette mais la porte s’ouvrit avant qu’elle n’ait eu le temps de la toucher. L’homme qui apparut était d’âge moyen et bien bâti. Elle estima qu’il devait avoir environ la quarantaine. Il y avait quelque chose de féminin en lui, quelque chose qu’elle remarqua tout de suite dans la manière qu’il eut d’ouvrir la porte et de lui décocher un large sourire radieux.
« Bonjour, » dit l’homme.
« Bonjour, » dit-elle.
Elle connaissait son nom mais ceux qui l’avaient formée lui avaient bien dit de ne jamais utiliser le nom d’un potentiel client avant que la communication ne soit entamée. En les interpelant directement par leur nom, ils avaient l’impression d’être des cibles plutôt que des clients… même lorsque le rendez-vous était prévu à l’avance.
Pour ne pas lui laisser le temps de poser des questions et afin de prendre tout de suite le contrôle de la conversation, elle ajouta : « Je me demandais si vous auriez un moment à me consacrer pour parler de votre diète actuelle ? »
« Diète ? » demanda l’homme avec un sourire en coin. « Les diètes, ce n’est pas trop mon truc. J’ai plutôt tendance à manger ce que je veux. »
« Oh, ça doit être bien agréable, » dit Susan d’une voix charmante et en lui décochant son sourire le plus enjôleur. « Comme vous le savez sûrement, la plupart des gens au-delà de trente ans ne peuvent pas en dire autant pour maintenir une silhouette et un corps en bonne santé. »
L’homme jeta un coup d’oeil à l’étui qu’elle portait à la main gauche. Il sourit à nouveau mais cette fois-ci d’une manière un peu paresseuse… le type de sourire qu’on affiche quand on sait qu’on a été eu.
« Alors, qu’est-ce que vous vendez ? »
C’était un commentaire sarcastique mais au moins, ce n’était pas une porte qui se fermait. Elle prit ça comme une première victoire vers une possible invitation à entrer. « Et bien, je suis ici au nom de l’université de développement personnel, » dit-elle. « Nous offrons aux adultes de plus de trente ans une manière très facile de rester en forme sans devoir se rendre au fitness ni changer drastiquement son style de vie. »
L’homme soupira et tendit la main vers la porte. Il avait l’air de s’ennuyer et prêt à la remballer. « Et comment y parvenez-vous ? »
« À travers une combinaison de shakes protéinés élaborés avec nos propres poudres de protéines et de plus de cinquante recettes saines afin de donner à votre alimentation quotidienne l’énergie dont elle a besoin. »
« Et c’est tout ? »
« C’est tout, » dit-elle.
L’homme réfléchit durant un instant en regardant Susan et le volumineux étui qu’elle portait en main. Puis il jeta un coup d’œil à sa montre et haussa les épaules.
« Bon, » dit-il. « Je dois partir dans dix minutes. Si vous parvenez à me convaincre durant ce laps de temps, vous aurez un nouveau client. Je ferais n’importe quoi pour ne pas avoir à retourner au fitness. »
« Formidable, » dit Susan, grimaçant intérieurement en entendant le ton faussement joyeux de sa voix.
L’homme s’écarta et lui fit un signe de la main. « Rentrez, » dit-il.
Elle accepta l’invitation et entra dans un salon de petite taille. Une vieille télé était posée sur un meuble écorné. Quelques vieilles chaises poussiéreuses et un divan abîmé trônaient dans la pièce. Il y avait des figurines en céramique et des napperons partout. Ça ressemblait plus à la maison d’une femme âgée plutôt qu’à celle d’un homme de la quarantaine.
Pour une raison qu’elle ne s’expliqua pas, elle sentit un signal d’alarme retentir en elle. Mais elle se raisonna en faisant appel à la logique. Ou bien il n’est pas tout à fait normal ou ce n’est pas sa maison. Peut-être qu’il vit avec sa mère.
« Là, c’est bon ? » demanda-t-elle en montrant du doigt la table de salon qui trônait devant le divan.
« Oui, là, c’est très bien, » dit l’homme. Il lui sourit en fermant la porte.
Au moment où la porte se referma, Susan sentit son estomac se serrer. Elle eut l’impression que la pièce s’était refroidie et tous ses sens étaient en éveil. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. C’était un sentiment bizarre. Elle regarda une figurine en céramique à proximité - un petit garçon qui tirait un wagon - comme si elle y cherchait une réponse.
Elle s’affaira et ouvrit son étui de présentation. Elle sortit quelques paquets de poudre protéinée de l’université de développement personnel et le petit mixeur offert gratuitement (d’une valeur de $35 mais totalement gratuit avec votre premier achat !) afin de se distraire.
« Alors voyons, » dit-elle en essayant de rester calme et d’ignorer la peur qu’elle ressentait toujours. « Êtes-vous plus intéressé par perdre du poids, par en prendre ou par conserver votre apparence actuelle ? »
« Je ne suis pas sûr, » dit l’homme, en se penchant au-dessus de la table du salon et en regardant les articles exposés. « Qu’est-ce que vous en pensez ? »
Susan ne parvenait plus à sortir un mot. Elle avait peur maintenant et sans raison apparente.
Elle jeta un coup d’oeil vers la porte. Son cœur battit à tout rompre. Est-ce qu’il avait verrouillé la porte lorsqu’il l’avait fermée ? Elle ne parvenait pas à le savoir de là où elle était assise.
Puis elle réalisa que l’homme attendait toujours une réponse. Elle reprit contenance et tenta de se remettre en mode présentatrice.
« Et bien, je ne sais pas, » dit-elle.
Elle avait envie de jeter de nouveau un coup d’oeil à la porte. Soudain, elle eut l’impression que chaque figurine de porcelaine présente dans la pièce la fixait du regard… la lorgnant tels des prédateurs.
« Je ne m’alimente pas si mal que ça, » dit l’homme. « Mais j’ai une faiblesse pour les tartes au citron vert. Est-ce que je pourrai toujours en manger si je suis votre programme ? »
« Peut-être bien, » dit-elle. Elle tria ses documents en rapprochant l’étui d’elle. Dix minutes, pensa-t-elle, en se sentant de plus en plus mal à l’aise. Il a dit qu’il n’avait que dix minutes. Je peux y arriver.
Elle mit la main sur la petite brochure qui expliquait ce que l’homme pourrait continuer à manger en suivant le programme et leva les yeux vers lui en la lui donnant. Il la prit en lui effleurant légèrement la main durant une fraction de seconde.
De nouveau, un signal d’alarme retentit en elle. Elle devait sortir d’ici. Elle n’avait jamais rien ressenti de pareil en rentrant dans la maison d’un client potentiel mais c’était une sensation tellement suffocante qu’elle ne parvenait pas à penser à autre chose.
« Je suis désolée, » dit-elle, en rassemblant son étui et ses documents. « Mais je viens juste de me rappeler que j’ai une réunion dans moins d’une heure et c’est de l’autre côté de la ville. »
« Oh, » dit-il en regardant la brochure qu’elle venait juste de lui tendre. « Et bien, je comprends. Bien sûr. J’espère que vous arriverez à temps. »
« Merci » dit-elle rapidement.
Il lui rendit la brochure et elle la prit d’une main tremblante. Elle la rangea dans son étui et se dirigea vers la porte d’entrée.
Elle était verrouillée.
« Excusez-moi, » dit l’homme.
Susan se retourna, la main toujours tendue vers la poignée de la porte.
Elle ne vit pas le coup venir. Tout ce qu’elle vit, ce fut le poing aveuglant au moment où il la frappa à la mâchoire. Elle sentit directement le goût du sang couler sur sa langue. Elle retomba dans le divan.
Elle ouvrit la bouche pour crier mais elle eut l’impression que le côté droit de sa mâchoire était bloqué. Elle tenta de se mettre debout mais l’homme était déjà sur elle, lui enfonçant un genou dans l’estomac. L’air s’échappa de ses poumons et elle ne put que se recroqueviller en essayant de retrouver son souffle. Elle fut vaguement consciente que l’homme l’avait prise dans ses bras et l’avait jetée par-dessus son épaule comme si elle était une femme des cavernes sans défense qu’il traînait jusqu’à sa grotte.
Elle essaya de lutter mais elle ne parvenait toujours pas à retrouver son souffle. C’était comme si elle était paralysée, comme si elle se noyait. Tout son corps était mou, y compris sa tête. Du sang coulait de sa bouche sur le dos du t-shirt de l’homme et c’est tout ce qu’elle parvenait à voir alors qu’il l’emportait à travers la maison.
À un moment, elle se rendit compte qu’il l’avait amenée dans une autre maison - une maison qui était apparemment attachée à celle où elle se trouvait quelques instants plus tôt. Il la jeta au sol comme un vulgaire sac de pommes de terre et sa tête heurta violemment un linoleum abîmé. La douleur l’aveugla mais elle commença finalement à retrouver un peu son souffle. Elle roula sur le côté mais au moment où elle parvint enfin à se mettre debout, l’homme était de nouveau sur elle.
Elle voyait flou mais elle parvint à distinguer qu’il avait ouvert une sorte de petite porte dissimulée derrière un faux panneau dans un mur. Là-dedans, il faisait sombre et poussiéreux et elle vit des morceaux d’isolation en ruines qui pendaient du plafond. Son cœur battit à tout rompre lorsqu’elle réalisa qu’il l’emmenait à l’intérieur.
« Tu seras en sécurité ici, » lui dit l’homme en se penchant et en la traînant dans le petit cagibi.
Elle se retrouva dans le noir, allongée sur des planches rigides qui servaient de plancher. Tout ce qu’elle pouvait sentir, c’était l’odeur de la poussière et de son propre sang qui coulait toujours. L’homme - elle connaissait son nom mais elle ne parvenait pas à s’en rappeler. Le mot s’associait au sang et à la douleur qu’elle ressentait alors qu’elle cherchait encore son souffle.
Elle finit par le retrouver et eut envie de s’en servir pour crier. Mais elle préféra en remplir ses poumons et soulager son corps. Durant ce bref instant, elle entendit la porte du cagibi se refermer quelque part derrière elle et elle se retrouva coincée dans l’obscurité.
La dernière chose qu’elle entendit avant qu’il ne fasse complètement noir, ce fut son rire, de l’autre côté de la porte.
« Ne t’en fais pas, » dit-il. « Ce sera bientôt terminé. »
CHAPITRE UN
La pluie tombait de manière continue, juste assez fort pour que Mackenzie White ne puisse pas entendre le bruit de ses propres pas. C’était une bonne chose. Ça voulait dire que l’homme qu’elle poursuivait ne pourrait pas les entendre non plus.
Mais elle devait tout de même avancer avec prudence. Non seulement il pleuvait mais il était aussi tard dans la nuit. Le suspect pouvait très bien utiliser l’obscurité à son avantage, tout comme elle le faisait. Et la faible lumière vacillante des réverbères ne l’aidait pas.
Les cheveux trempés et l’imperméable tellement mouillé qu’il lui collait au corps, Mackenzie traversa la rue déserte d’un pas prudent. Devant elle, son partenaire était déjà arrivé à l’édifice en question. Elle pouvait voir sa silhouette accroupie sur le côté de la vieille structure en béton. Alors qu’elle s’approchait de lui, éclairée uniquement par le clair de lune et un seul réverbère au coin de la rue, elle resserra sa prise autour du Glock qu’elle avait reçu de l’académie.
Elle commençait à apprécier la sensation de tenir une arme en main. Elle lui offrait plus qu’un sentiment de sécurité, c’était une véritable relation. Quand elle avait une arme en main et qu’elle savait qu’elle allait s’en servir, elle s’y sentait intimement liée. C’était une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie lorsqu’elle travaillait en tant que détective au Nebraska. C’était quelque chose de neuf que l’académie du FBI avait généré en elle.
Elle atteignit l’édifice et se colla au mur à côté de son partenaire. Au moins maintenant, elle était à l’abri de la pluie.
Son partenaire s’appelait Harry Dougan. Il avait vingt-deux ans, était bien bâti et un peu présomptueux mais d’une manière subtile et presque correcte. Elle fut soulagée de voir qu’il avait aussi l’air un peu sur les nerfs.
« Tu es parvenu à voir à l’intérieur ? » lui demanda Mackenzie.
« Non, Mais la pièce à l’avant est vide. C’est tout ce qu’il est possible de voir à travers la fenêtre, » dit-il en montrant du doigt une fenêtre brisée qui se trouvait devant eux.
« Combien de pièces ? » demanda-t-elle.
« Trois, d’après ce que j’ai pu en voir. »
« Je passe devant, » dit-elle. Elle veilla à ce que son ton ne laisse aucun doute. Même ici à Quantico, les femmes devaient s’affirmer pour être prises au sérieux.
Il l’invita d’un geste à passer devant. Elle se faufila rapidement devant lui et longea la façade de l’édifice. Elle jeta un regard autour d’elle et vit que la voie était libre. Les rues étaient désertes et tout semblait tranquille.
D’un geste rapide, elle fit signe à Harry d’avancer, ce qu’il fit sans aucune hésitation. Il tenait fermement son propre Glock en main, le canon baissé en direction du sol, comme on le leur avait appris. Ensemble, ils avancèrent sans bruit vers la porte d’entrée de l’édifice. C’était un endroit abandonné construit en blocs de béton - peut-être un ancien entrepôt ou un lieu de stockage - et la porte était vétuste. Elle était fendue et une large ouverture sombre révélait en partie l’intérieur de l’édifice.
Mackenzie regarda Harry and compta sur ses doigts. Trois, deux… un !
Elle appuya fermement le dos contre le mur en béton pendant qu’Harry s’avançait en se baissant, ouvrait la porte d’un coup et se ruait à l’intérieur. Elle le suivit de près. Ils fonctionnaient comme une machine bien huilée. Mais il n’y avait presque pas de lumière à l’intérieur de l’édifice. Elle tendit la main vers la torche qu’elle portait au flanc. Mais au moment où elle allait l’allumer, elle se ravisa. Un faisceau lumineux trahirait leur position. Le suspect pourrait les voir de loin et s’échapper… à nouveau.
Elle remit la torche à sa place et reprit la tête des opérations, en se faufilant devant Harry avec le Glock maintenant pointé vers la porte se trouvant à sa droite. Maintenant que ses yeux s’étaient adaptés à l’obscurité, elle pouvait distinguer d’autres éléments présents dans la pièce. Elle était presque vide. Quelques boîtes en carton trempées se trouvaient le long du mur opposé. Un tréteau et quelques vieux câbles étaient abandonnés à l’arrière. Le centre de la pièce était vide.
Mackenzie se dirigea en direction de la porte se trouvant à sa droite. Ce n’était vraiment qu’une embrasure vu que la porte avait été enlevée depuis longtemps. L’intérieur était plongé dans l’obscurité. À part une bouteille brisée et des excréments de rat, la pièce était vide.
Elle s’arrêta et commença à se retourner quand elle réalisa qu’Harry la suivait de bien trop près. Elle faillit lui marcher sur le pied en s’éloignant de la pièce.
« Désolé, » murmura-t-il dans le noir. « Je pensais que… »
Il fut interrompu par un coup de feu, qui fut immédiatement suivi par un gémissement de douleur sortant de sa bouche au moment où il tomba au sol.
Mackenzie se colla au mur au moment où un autre coup de feu retentit. Il atteignit le mur derrière elle depuis l’autre côté de la pièce et elle sentit l’impact du coup vibrer dans son dos.
Elle savait que si elle agissait rapidement, elle pourrait arriver à arrêter ce type tout de suite et éviter de s’engager dans une fusillade depuis sa position derrière le mur. Elle jeta un œil à Harry, vit qu’il bougeait toujours et avait plus ou moins l’air cohérent et elle tendit la main vers lui. Elle le traîna à travers l’embrasure de la porte, à l’abri des tirs. C’est à ce moment qu’un autre coup de feu retentit. Elle sentit la balle passer juste au-dessus de son épaule, faisant voler son imperméable.
Lorsqu’elle eut mis Harry en sécurité, elle ne perdit pas une seconde et décida d’agir. Elle attrapa sa torche, l’alluma et la jeta par l’embrasure de la porte. Elle tomba au sol avec fracas quelques secondes plus tard, son faisceau lumineux blanc dansant frénétiquement sur le mur opposé.
Juste après que la torche ait touché le sol, Mackenzie se faufila à travers l’embrasure. Elle s’accroupit, les mains au sol et roula rapidement sur le côté gauche. Elle vit la silhouette du type juste à sa droite, distrait par le faisceau lumineux.
Au moment où elle se redressait, elle déplia fermement la jambe droite avec force. Elle atteignit le type à l’arrière de la jambe, juste en-dessous du genou. Le suspect perdit un peu l’équilibre et c’est tout ce dont elle avait besoin. Elle bondit et entoura sa nuque du bras droit au moment où il vacillait et elle le plaqua fermement au sol. Elle lui enfonça un genou dans le plexus solaire et d’un mouvement adroit du bras gauche, elle immobilisa le type qui se retrouva désarmé au moment où son fusil lui échappa des mains.
Quelque part dans l’édifice, une voix forte retentit, « Stop ! »
Toute une série d’ampoules s’allumèrent avec un clic audible, baignant l’édifice de lumière.
Mackenzie se mit debout et baissa les yeux vers le suspect. Il lui souriait. C’était un visage familier – un visage qu’elle avait souvent vu durant ses modules d’entraînement, aboyant des ordres et des instructions aux apprentis agents.
Elle lui tendit la main et il l’attrapa de là où il se trouvait au sol. « Du très bon boulot, White. »
« Merci, » dit-elle.
Derrière elle, Harry s’avançait en titubant, les mains serrées sur le ventre. « Vous êtes sûrs qu’il n’y a que des balles à grain dans vos trucs là ? » demanda-t-il.
« Non seulement ce ne sont que des balles à grain, mais en plus elles sont de mauvaise qualité, » dit l’instructeur. « La prochaine fois, on utilisera des balles anti-émeute. »
« Super, » grommela Harry.
Quelques personnes commençaient à pénétrer dans la pièce alors que se terminait la simulation de la ruelle Hogan. C’était la troisième fois que Mackenzie s’entraînait dans cette ruelle, une maquette d’une rue délabrée que le FBI utilisait souvent pour entraîner ses apprentis agents et les préparer à des situations réelles.
Alors que deux instructeurs se tenaient près d’Harry pour lui faire part des erreurs qu’il avait commises et de comment il aurait pu éviter de se faire tirer dessus, un autre instructeur se dirigea directement vers Mackenzie. Il s’appelait Simon Lee, un homme plus âgé auquel la vie ne paraissait pas avoir fait de cadeau et qui avait l’air de lui avoir rendu la pareille.
« Du très bon travail, agent White, » dit-il. « Cette roulade était tellement rapide que je l’ai à peine vue. Mais tout de même… c’était un peu téméraire. S’il y avait eu plus d’un suspect, le résultat aurait pu être totalement différent. »
« Oui, monsieur. Je comprends. »
Lee lui sourit. « Je suis sûr que tu comprends, » dit-il. « Il faut que je te dise qu’à seulement la moitié de ton programme d’entraînement, je suis déjà ravi par tes progrès. Tu feras un excellent agent. Beau boulot. »
« Merci, monsieur, » dit-elle.
Lee prit congé et s’éloigna. Il entama une conversation avec un autre instructeur présent dans l’édifice. Alors que le bâtiment commençait à se vider, Harry s’approcha d’elle, en faisant encore un peu la grimace.
« Beau boulot, » dit-il. « C’est beaucoup moins douloureux quand celle qui sort vainqueur est exceptionnellement jolie. »
Elle leva les yeux au ciel et rengaina son Glock. « La flatterie est inutile, » dit-elle, « Tu sais ce qu’on dit, la flatterie ne mène nulle part. »
« Je sais, » dit Harry. « Mais ça vaut peut-être bien un verre ? »
Elle lui décocha un large sourire. « Si tu l’offres. »
« Oui, c’est ma tournée, » acquiesça-t-il. « Je ne voudrais pas que tu me bottes les fesses. »
Ils sortirent de l’édifice et marchèrent sous la pluie. Maintenant que l’exercice était terminé, la pluie était presqu’agréable. Et avec les nombreux instructeurs et agents parcourant le terrain pour terminer la soirée, elle se sentit enfin fière d’elle.
Ça faisait onze semaines qu’elle avait été admise et elle avait déjà terminé la majorité des cours théoriques de l’académie. Elle y était presque… à seulement neuf semaines avant la fin du programme et la possibilité de devenir agent de terrain pour le FBI.
Elle se demanda soudain pourquoi elle avait attendu aussi longtemps pour quitter le Nebraska. Quand Ellington l’avait recommandée à l’académie, ça avait été une opportunité en or, le coup de pouce dont elle avait besoin pour tester ses capacités, pour se détacher de ce qui était confortable et rassurant. Elle s’était débarrassée de son boulot, de son petit ami, de son appartement… et elle avait commencé une nouvelle vie.
Elle pensa aux grandes étendues de terrain, aux champs de maïs et au ciel bleu qu’elle avait laissés derrière elle. Bien qu’ils possèdent leur propre beauté, ils avaient également été, d’une certaine manière, une prison pour elle.
Tout ça était derrière elle maintenant.
Maintenant qu’elle était libre, il n’y avait rien qui puisse la retenir.
*
Le reste de sa journée fut rempli d’exercices physiques : des pompes, des sprints, des abdos, encore des sprints et des haltères. Durant ses premiers jours à l’académie, elle avait détesté ce type d’entraînement. Mais au fur et à mesure que son corps et son esprit s’y étaient habitués, elle avait l’impression que son corps commençait à les réclamer.
Tout l’entraînement s’effectua avec rapidité et précision. Elle effectua cinquante pompes si vite qu’elle ne se rendit compte de la brûlure dans ses épaules qu’après les avoir terminées et au moment de se diriger vers la course d’obstacles. Pour toutes les activités physiques, elle partait avec un état d’esprit où elle considérait ne pas atteindre ses limites jusqu’à ce que ses bras et ses jambes se mettent à trembler ou que ses abdos ressemblent à des plaques d’acier.
Ils étaient soixante stagiaires dans son unité et il n’y avait que neuf femmes. Ça ne la dérangeait pas, probablement car son expérience au Nebraska l’avait endurcie au point qu’elle ne se préoccupait plus vraiment du sexe des gens avec qui elle travaillait. Elle se tenait tranquille et travaillait au maximum de ses capacités qui, et elle n’en était pas peu fière, étaient assez exceptionnelles.
Quand l’instructeur annonça la fin de l’entraînement après son dernier parcours – une course de trois kilomètres à travers bois et sentiers boueux – les stagiaires s’éparpillèrent, allant chacun de leur côté. Mackenzie, par contre, s’assit sur l’un des bancs le long du circuit et étira ses jambes. N’ayant pas grand-chose d’autre à faire durant la journée et encore sous le coup de son épisode victorieux dans la ruelle Hogan, elle envisageait de faire un dernier jogging.
Bien qu’elle déteste l’admettre, elle était devenue l’une de ces personnes qui adorait courir. Elle n’envisageait pas non plus de s’inscrire à un marathon de sitôt, mais elle avait appris à apprécier l’exercice. En dehors des tours de pistes et des circuits qui faisaient partie intégrante de son entraînement, elle trouvait encore l’occasion d’aller faire des joggings le long des sentiers boisés du campus, situé à neuf kilomètres des bureaux du FBI et, par conséquent, à environ treize kilomètres de son nouvel appartement à Quantico.
Son débardeur de sport trempé de sueur et les joues en feu, elle termina sa journée avec un dernier sprint autour de la course d’obstacles, en omettant les collines, les troncs d’arbre et les filets. Pendant qu’elle courait, elle remarqua que deux hommes la regardaient – pas comme dans une sorte de rêve lubrique éveillé mais avec une certaine admiration qui l’encouragea à continuer.
En fait, pour dire vrai, quelques regards lubriques de temps à autre ne l’auraient pas dérangée. Ce corps d’athlète qu’elle s’était forgé à force de travail intense méritait d’être apprécié. Ça faisait bizarre de se sentir autant à l’aise dans son propre corps, mais elle commençait à aimer cette sensation. Elle savait qu’Harry Dougan l’appréciait aussi. Mais pour l’instant, il n’avait encore rien dit. Et même s’il finissait par dire quelque chose, Mackenzie n’était pas vraiment sûre de ce qu’elle dirait en retour.
Lorsqu’elle eut terminé son dernier jogging (environ trois kilomètres), elle se doucha dans les vestiaires et attrapa un paquet de crackers dans le distributeur en sortant. Elle avait le reste de la journée devant elle ; quatre heures pour faire ce qu’elle avait envie avant de faire un dernier entraînement sur le tapis roulant de la salle de fitness – une routine qu’elle avait fini par adopter histoire d’avoir une longueur d’avance sur tous les autres.