Kitobni o'qish: «Avant Qu’il Ne Jalouse»
AVANT QU’IL NE JALOUSE
(UN MYSTÈRE MACKENZIE WHITE — VOLUME 12)
B L A K E P I E R C E
Blake Pierce
Blake Pierce a été couronné meilleur auteur et bestseller d'après USA Today pour Les Enquêtes de RILEY PAIGE - seize tomes (à suivre), la Série Mystère MACKENZIE WHITE - treize tomes (à suivre) ; Les Enquêtes d'AVERY BLACK - six tomes ; Les Enquêtes de KERI LOCKE - cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE - cinq tomes (à suivre) ; la Série Mystère KATE WISE - six tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique CHLOE FINE - cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique JESSIE HUNT - cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique FILLE AU PAIR - deux tomes (à suivre) et Les Enquêtes de ZOE PRIME - deux tomes (à suivre).
Lecteur passionné, fan de thriller et romans à suspense depuis son plus jeune âge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact !
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME
LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)
LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)
LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)
LA FILLE AU PAIR
PRESQUE DISPARUE (Livre 1)
PRESQUE PERDUE (Livre 2)
PRESQUE MORTE (Livre 3)
LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME
LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)
LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)
LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)
SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT
LA FEMME PARFAITE (Volume 1)
LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)
LA MAISON IDÉALE (Volume 3)
LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)
LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)
SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE
LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)
LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)
VOIE SANS ISSUE (Volume 3)
LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)
DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)
SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE
SI ELLE SAVAIT (Volume 1)
SI ELLE VOYAIT (Volume 2)
SI ELLE COURAIT (Volume 3)
SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)
SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)
SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)
LES ORIGINES DE RILEY PAIGE
SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)
ATTENDRE (Tome 2)
PIEGE MORTEL (Tome 3)
ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)
LA TRAQUE (Tome 5)
LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE
SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)
RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)
LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)
LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)
QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)
À VOTRE SANTÉ (Tome 6)
DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)
UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)
SANS COUP FÉRIR (Tome 9)
À TOUT JAMAIS (Tome 10)
LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)
LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)
PIÉGÉE (Tome 13)
LE RÉVEIL (Tome 14)
BANNI (Tome 15)
MANQUE (Tome 16)
UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE
RÉSOLU
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)
AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)
AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)
AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)
AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)
AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)
AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)
AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)
AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)
AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)
AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)
LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK
RAISON DE TUER (Tome 1)
RAISON DE COURIR (Tome2)
RAISON DE SE CACHER (Tome 3)
RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)
RAISON DE SAUVER (Tome 5)
RAISON DE REDOUTER (Tome 6)
LES ENQUETES DE KERI LOCKE
UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)
DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)
L’OMBRE DU MAL (Tome 3)
JEUX MACABRES (Tome 4)
LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)
CONTENU
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE UN
Mackenzie prit une grande inspiration et ferma les yeux, en se préparant psychologiquement et en tentant de gérer la douleur. Elle avait beau avoir lu tout ce qui lui était passé sous la main au sujet des techniques de respiration, maintenant qu’Ellington l’emmenait à l’hôpital, elle avait l’impression d’avoir tout oublié. Peut-être parce qu’elle avait perdu les eaux et qu’elle sentait encore le liquide sur sa jambe. Ou peut-être parce qu’elle avait eu sa première vraie contraction cinq minutes plus tôt et qu’elle devinait qu’une autre ne tarderait pas.
Mackenzie s’agrippait au siège passager en regardant la ville défiler par la fenêtre dans un brouillard d’obscurité, de bruine et de lampadaires. Ellington était au volant, assis très droit, fixant à travers le pare-brise comme un fanatique. Il klaxonna bruyamment lorsqu’ils arrivèrent au niveau d’un feu rouge.
- Hé, tout va bien, tu peux ralentir, s’exclama-t-elle.
- Non, non, ne t’inquiète pas, répliqua-t-il.
Elle ferma à nouveau les yeux pour refouler la nausée provoquée par la conduite d’Ellington et posa les mains sur son ventre au renflement prononcé, en tentant de s’habituer à l’idée qu’elle deviendrait mère dans les heures qui suivraient. Elle sentait que le bébé bougeait à peine, peut-être parce qu’il était aussi effrayé par la conduite d’Ellington qu’elle.
Je te verrai bientôt, songea-t-elle. C’était une pensée qui lui procura plus de joie que d’inquiétude et elle y trouva un peu de réconfort.
Les lampadaires et les panneaux continuaient à défiler, flous. Elle cessa de leur prêter attention jusqu’à distinguer les panneaux directionnels indiquant les urgences de l’hôpital.
Un homme se tenait au bord de la rampe d’accès, il les attendait sous l’auvent avec un fauteuil roulant, car il avait été mis au courant de leur arrivée. Ellington freina avec précaution et l’homme leur fit signe, un sourire aux lèvres, avec le genre d’enthousiasme indolent dont faisaient preuve la plupart du personnel médical des urgences à deux heures du matin.
Ellington aida Mackenzie à sortir de la voiture et l’escorta comme si elle était en porcelaine. Elle savait qu’il était surprotecteur et pressant parce qu’il avait peur, lui aussi. Mais au-delà de ça, il était parfait avec elle. Il l’avait toujours été. Et il lui prouvait maintenant qu’il serait également parfait avec le bébé.
- Hé, attends, du calme, s’écria Mackenzie alors qu’Ellington l’aidait à s’installer dans le fauteuil roulant.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
Une autre contraction lui déchira le ventre mais elle parvint néanmoins à sourire.
- Je t’aime. C’est tout.
Toute la tension de ces dix-huit dernières minutes – après être sortie du lit et lui avoir annoncé que le travail avait commencé jusqu’au moment où il l’aidait à s’asseoir dans le fauteuil roulant – se dissipa et il lui sourit. Il se pencha pour l’embrasser délicatement sur la bouche.
- Je t’aime aussi.
L’homme qui se tenait derrière le fauteuil détourna le regard, un peu gêné. Quand ils s’écartèrent, ce dernier demanda :
- Êtes-vous prêts à avoir un bébé ?
Une autre contraction se fit sentir, Mackenzie grimaça. Elle se rappela avoir lu que leur intensité croissante marquait l’arrivée du bébé. Malgré la douleur, elle se contint et acquiesça.
Oui, elle était prête à avoir ce bébé. En réalité, elle était impatiente de le tenir dans ses bras.
*
Son col de l’utérus s’était seulement dilaté de quatre centimètres entre deux et huit heures du matin. Elle avait commencé à se familiariser avec le médecin et les infirmières mais leur garde se termina et l’humeur de Mackenzie commença à s’assombrir. Elle était éreintée, elle avait mal et elle n’appréciait simplement pas l’idée qu’un autre docteur entre et furète sous sa blouse d’hôpital. Mais Ellington, aussi attentionné qu’à son ordinaire, avait réussi à avoir son obstétricienne au téléphone, et elle faisait de son mieux pour atteindre l’hôpital aussi rapidement que possible.
Lorsqu’Ellington revint dans la chambre après avoir passé l’appel, il avait les sourcils froncés. Elle était triste de voir que son élan protecteur de la nuit dernière perdait en intensité mais également heureuse de se rendre compte qu’elle n’était pas la seule à souffrir de sautes d’humeur.
- Qu’y a-t-il ?
- Elle sera présent pour l’accouchement mais elle ne prendra pas la peine de venir avant que ton col ne soit dilaté d’au moins huit centimètres. Aussi… je m’apprêtais à t’acheter une gaufre à la cafétéria mais les infirmières m’ont dit que tu ferais mieux de manger léger. Elles vont t’apporter de la gelée et de la crème glacée d’une minute à l’autre.
Mackenzie remua dans le lit et contempla son ventre. Elle préférait regarder dans cette direction et éviter de se concentrer sur les machines et les moniteurs qui l’entouraient. Au moment où elle en effleurait la forme, elle entendit un coup frappé à la porte. Le nouveau médecin entra, son dossier à la main. Il semblait de bonne humeur, frais et dispos, après ce qui avait toutes les apparences d’une bonne nuit de repos.
Enfoiré, pensa Mackenzie.
Heureusement, le médecin ne se révéla pas bavard tandis qu’il menait son examen clinique. Mackenzie ne lui prêta honnêtement que très peu d’attention. Elle était épuisée et sentait qu’elle s’assoupissait tandis qu’il appliquait du gel sur son ventre pour vérifier les progrès du bébé. Elle se laissa aller et s’endormit pendant quelques instants jusqu’à ce que la voix du médecin la tire du sommeil.
- Mme White ?
- Oui ? demanda-t-elle, irritée qu’on ne la laisse pas se reposer.
Elle tentait de se délasser entre les contractions… elle faisait tout pour parvenir à dégager quelques instants de tranquillité.
- Avez-vous ressenti des douleurs croissantes, ces dernières heures ?
- Rien de nouveau depuis que je suis arrivée ici.
- Avez-vous senti que le bébé bougeait beaucoup ?
- Je ne crois pas. Pourquoi… y a-t-il quelque chose qui cloche ?
- Non, rien ne cloche, mais je crois que votre bébé s’est retourné. Il y a de grandes chances pour qu’il soit en siège. Et je perçois des battements de cœur irréguliers… rien de très préoccupant, mais suffisamment pour attirer mon attention.
Ellington s’approcha immédiatement d’elle pour lui prendre la main.
- En siège, est-ce dangereux ?
- Presque jamais, les rassura le médecin. Parfois, nous savons que le bébé est en siège quelques semaines avant l’accouchement. Mais votre bébé était dans la position correcte à la dernière échographie… il était même parfaitement positionné lorsque vous êtes arrivée hier soir. Il ou elle s’est retourné et à moins d’un changement drastique, je ne vois pas votre bébé se repositionner d’ici le début du travail. À l’instant, c’est son rythme cardiaque qui me préoccupe.
- Donc, que recommandez-vous ? s’enquit Mackenzie.
- Eh bien, j’aimerais me lancer dans un examen approfondi pour m’assurer que ce changement soudain de position n’a pas causé une situation de détresse pour le bébé – ce que le rythme cardiaque erratique pourrait indiquer. Si ce n’est pas le cas – et je n’ai aucune raison de le penser pour l’instant – alors nous vous réserverons un bloc opératoire aussi rapidement que possible.
La possibilité de ne pas accoucher par voies basses était attrayante, bien sûr, mais ajouter une opération au processus de l’accouchement ne lui semblait pas si rassurant, après tout.
- Faites au mieux, décréta Mackenzie.
- Est-ce sans danger ? demanda Ellington, sans même tenter de dissimuler le tremblement inquiet de sa voix.
- Parfaitement, l’informa le médecin en essuyant l’excès de gel sur le ventre de Mackenzie. Bien sûr, comme à chaque opération, nous nous devons de mentionner qu’il existe toujours un risque à cause de l’anesthésie. Mais les accouchements par césarienne sont très courants. J’ai personnellement procédé à plus de cinquante césariennes dans ma carrière. Et il me semble que votre obstétricienne est le docteur Reynolds. Elle est à peine plus âgée que moi… ne lui dites pas que je vous l’ai confié… et je vous garantis qu’elle a plus de césariennes à son actif que moi. Vous êtes entre de bonnes mains. Devrais-je réserver un créneau ?
- Oui, répondit Mackenzie.
- Très bien. Je vais vous trouver un créneau et m’assurer que le docteur Reynolds soit au courant de ce qui se passe.
Mackenzie l’observa partir avant que son regard ne se dirige à nouveau vers son ventre. Ellington fit de même et leurs doigts s’entrelacèrent au-dessus la demeure temporaire de leur enfant.
- C’est un peu effrayant, n’est-ce pas ? constata Ellington en l’embrassant sur la joue. Mais tout ira bien.
- Bien sûr, répondit-elle avec un sourire. Pense à nos vies et à notre relation. Il est presque logique que cet enfant vienne au monde sous des auspices un peu dramatiques.
Elle pensait chaque mot, mais même à cet instant, au cours de l’un de leurs moments de plus grande vulnérabilité, Mackenzie n’était pas prête à admettre à quel point elle était effrayée.
***
Kévin Thomas Ellington naquit à douze heures vingt. Il pesait trois kilos cinq-cents et d’après Ellington, avait la tête déformée et les joues roses de son père. Ce n’était pas l’expérience de l’accouchement à laquelle s’attendait Mackenzie mais lorsqu’elle entendit son premier petit cri, le vit respirer pour la première fois, elle réalisa que rien d’autre n’avait d’importance. Elle aurait pu lui donner naissance dans un ascenseur ou dans un bâtiment abandonné. Il était vivant, il était là, et c’était là l’essentiel.
Une fois qu’elle eut entendu Kévin crier, Mackenzie s’autorisa à baisser la garde. Elle souffrait de vertiges et était toujours groggy à cause de l’anesthésie générale. Elle sentait le sommeil la gagner. Elle avait vaguement conscience de la présence d’Ellington à côté d’elle, portant une charlotte d’hôpital blanche et une blouse bleue. Il l’embrassa sur le front, sans tenter le moins du monde de dissimuler les larmes qui coulaient sur ses joues.
- Tu as réussi, murmura-t-il entre ses larmes. Tu es tellement forte, Mac. Je t’aime.
Elle ouvrit la bouche pour lui répondre qu’elle l’aimait aussi mais ne sut pas si elle y parvint ou non. Elle s’endormit, bercée par le merveilleux son des cris de son fils.
L’heure qui suivit fut un fragment de bonheur pur dans sa vie. Elle était encore sous anesthésie et ne sentait rien alors que les médecins la recousaient. Elle se rendit à peine compte qu’on la déplaçait en salle de repos. Elle était vaguement consciente du ballet des infirmières qui venaient prendre ses constantes.
Cependant, ce fut en entendant une infirmière entrer dans la salle que l’esprit de Mackenzie commença à s’éclaircir. Elle tendit maladroitement la main pour lui attraper le bras mais n’y parvint pas.
- Depuis combien de temps ? marmonna-t-elle.
L’infirmière, qui avait déjà vécu cette situation de nombreuses fois par le passé, sourit.
- Vous avez dormi environ deux heures. Comment vous sentez-vous ?
- D’humeur à serrer le bébé qui vient de sortir de moi dans mes bras.
Sa réponse fit rire l’infirmière.
- Il est avec votre mari. Je vous les envoie tous les deux.
L’infirmière sortit et les yeux de Mackenzie restèrent fixés sur la porte pendant toute la durée de son absence. Ils y restèrent jusqu’à ce qu’Ellington entre, peu après. Il poussait l’un des couffins à roulettes de l’hôpital. Elle n’avait jamais vu un tel sourire sur son visage.
- Comment te sens-tu ? lui demanda-t-il en installant le couffin à côté du lit.
- Comme si mes entrailles avaient été déchirées.
- Ce qui a été le cas, répondit Ellington avec un froncement de sourcils rieur. Lorsqu’ils m’ont fait entrer dans le bloc, tes entrailles se trouvaient dans plusieurs bacs. Maintenant, je te connais de dedans comme de dehors, Mac.
Sans qu’elle ait besoin de le lui demander, Ellington se pencha sur le couffin pour en sortir leur fils. Lentement, il lui tendit Kévin. Elle le colla contre sa poitrine et sentit instantanément son cœur se gonfler. Une bouffée d’émotion la traversa. Elle n’aurait pas su dire si elle avait déjà pleuré de joie, dans sa vie, mais les larmes coulèrent lorsqu’elle embrassa son fils sur le front.
- Je pense que nous avons bien travaillé, dit Ellington. Enfin, ma contribution a été plutôt facile, mais tu vois ce que je veux dire.
- Oui, acquiesça-elle. (Elle se plongea dans le regard de son fils pour la première fois et sentit ce qu’elle n’aurait pu décrire autrement que comme un déclic émotionnel. C’était le sentiment que sa vie venait de changer à jamais). Et oui, nous avons très bien travaillé.
Ellington s’assit au bord du lit. Le mouvement sur le matelas lui fit mal au ventre, à cause de l’opération qu’elle avait subie il y avait moins de deux heures. Mais elle ne dit rien.
Elle resta là, appuyée sur le bras de son mari, son nouveau-né contre la poitrine, et se révéla incapable de se souvenir d’un seul moment où elle avait ressenti un bonheur aussi absolu.
CHAPITRE DEUX
Mackenzie avait passé les trois derniers mois de sa grossesse à lire tous les livres qu’elle avait pu trouver sur les bébés. Il ne semblait pas exister de réponse évidente à la question de savoir à quoi s’attendre à l’arrivée d’un nouveau-né dans sa vie. Certains expliquaient que dormir quand le bébé dormait était un gage de réussite. D’autres suggéraient de dormir chaque fois que possible avec le concours du père ou d’un autre membre de la famille disposé à donner un coup de main. Mackenzie avait au moins acquis une certitude après toute cette lecture : le sommeil deviendrait un lointain souvenir qu’elle chérirait une fois Kévin à la maison.
Cela se révéla exact pendant les deux premières semaines. Le premier bilan de santé de Kévin révéla qu’il souffrait d’un sévère reflux gastrique. Cela signifiait qu’après chaque tétée, il devait être tenu droit pendant quinze à trente minutes d’affilée. Cela semblait assez simple en théorie mais se compliquait aux heures tardives de la nuit.
Ce fut à ce moment que Mackenzie commença à repenser à sa mère. La seconde nuit qui suivit l’injonction de maintenir Kévin droit après l’avoir nourri, Mackenzie se demanda si sa mère avait été confrontée à un tel problème. Mackenzie s’interrogea sur la sorte de bébé qu’elle avait été.
Elle apprécierait probablement de rencontrer son petit-fils, songea Mackenzie.
Mais c’était une idée terrifiante. La possibilité d’appeler sa mère ne serait-ce que pour la saluer était assez effrayante comme ça. Si on y ajoutait un petit-fils surprise, ce serait chaotique.
Elle sentit Kévin se tortiller dans ses bras pour trouver sa place. Mackenzie jeta un coup d’œil au réveil du chevet et vit qu’elle l’avait maintenu droit pendant un peu plus de vingt minutes. Il semblait s’être assoupi sur son épaule, elle s’approcha donc du couffin et l’y installa. Il était bien emmailloté et paraissait être à son aise. Elle lui jeta un dernier regard avant de retourner dans son lit.
- Merci, marmonna Ellington, à moitié endormi. Tu es géniale.
- Je n’en ai pas l’impression. Mais je te remercie.
Elle s’installa, se laissant aller contre l’oreiller. Elle avait fermé les yeux depuis environ cinq secondes lorsque Kévin recommença à gémir. Elle se redressa brusquement dans le lit et laissa échapper un petit soupir. Elle se força à se reprendre, inquiète à la perspective d’éclater en sanglots. Elle était épuisée et, pire que tout, ses premières mauvaises pensées envers son fils venaient la hanter.
- Encore ? murmura Ellington, lâchant le mot comme un juron.
Il se leva, trébucha presque dans la chambre, tout en avançant vers le couffin.
- Je m’en occupe, le coupa Mackenzie.
- Non… tu t’es déjà levée quatre fois. Et je le sais… je me réveille à chaque fois.
Elle ne savait pas pourquoi (probablement le manque de sommeil, estima-t-elle vaguement), mais ce commentaire la mit hors d’elle. Elle bondit pratiquement hors du lit pour récupérer le bébé qui pleurait avant lui. Sur le chemin, elle lui donna un coup d’épaule un peu trop violent pour qu’il passe pour une taquinerie. Tandis qu’elle prenait Kévin dans ses bras, elle lança :
- Oh, je suis désolée. Il t’a réveillé ?
- Mac, tu sais ce que je veux dire.
- Oui. Mais seigneur, tu pourrais m’aider davantage.
- Je dois me lever tôt demain. Je ne peux pas juste…
- Oh seigneur, je t’en prie, termine cette phrase.
- Non. Je suis désolé. Je suis juste…
- Retourne te coucher, aboya Mackenzie. Kévin et moi nous en sortons très bien.
- Mac…
- La ferme. Retourne te coucher et dors.
- C’est impossible.
- Le bébé fait trop de bruit ? Va dormir sur le canapé, dans ce cas !
- Mac, tu…
- Va-t’en !
Elle pleurait maintenant. Elle se réinstalla dans le lit en tenant Kévin contre elle. Il geignait toujours, parce que son reflux le faisait souffrir. Elle savait qu’elle devrait le tenir droit, ce qui lui donnait envie de pleurer encore plus fort. Mais elle fit de son mieux pour se contenir alors qu’Ellington se ruait hors de la pièce. Il marmonnait dans sa barbe et elle fut ravie de ne rien entendre de ce qu’il disait. Elle cherchait une excuse pour exploser, le réprimander et, honnêtement, évacuer sa frustration.
Elle s’assit en s’appuyant contre la tête de lit, maintenant le petit Kévin aussi droit que possible, et en se demandant si sa vie reviendrait un jour à la normale.
***
Tant bien que mal, malgré les disputes nocturnes et le manque de sommeil, en moins d’une semaine, la famille avait trouvé son rythme. Mackenzie et Ellington traversèrent des phases d’essai-erreur pour trouver des solutions, mais après la première semaine de problèmes de reflux, tout sembla s’améliorer. Lorsque les médicaments réglèrent en grande partie le problème, le nourrisson devint plus facile à gérer. Kévin pleurait, Ellington le sortait du berceau pour changer sa couche puis Mackenzie lui donnait le sein. Il dormait bien pour un bébé, environ trois ou quatre heures d’affilée pendant les premières semaines suivant la découverte du reflux, et n’était absolument pas difficile.
Ce fut Kévin, cependant, qui commença à leur ouvrir les yeux sur les familles brisées dont ils venaient tous les deux. La mère d’Ellington leur rendit visite deux jours après leur retour chez eux et resta environ deux heures. Mackenzie fut aussi polie que possible, bavardant avec elle jusqu’à réaliser qu’il s’agissait d’une excellente opportunité pour s’accorder une pause. Elle alla dans la chambre pour faire une sieste pendant que Kévin restait avec son père et sa grand-mère, mais se révéla incapable de dormir. Elle écouta la conversation entre Ellington et sa mère, surprise qu’il ait décidé de tenter une réconciliation. Mme Nancy Ellington quitta l’appartement environ deux heures plus tard et même à travers la porte de la chambre, la tension qui marquait leurs relations était palpable.
Malgré tout, elle avait offert un cadeau à Kévin et avait même demandé des nouvelles du père d’Ellington – un sujet qu’elle essayait presque toujours d’éviter.
Le père d’Ellington, pour sa part, ne prit pas la peine de se déplacer. Ellington l’appela via FaceTime et même s’ils parlèrent environ une heure et que quelques larmes envahirent les yeux du grand-père, il ne fut pas question de venir voir son petit-fils dans un avenir proche. Il vivait sa propre vie depuis longtemps, une nouvelle vie qui excluait sa famille d’origine. Et cela n’allait apparemment pas changer. Certes, il avait fait un geste financier impressionnant l’année précédente en proposant de payer leur mariage (un cadeau qu’ils avaient finalement refusé), mais c’était toujours de l’aide à distance. Il vivait actuellement à Londres avec l’Épouse Numéro Trois et d’après ses dires, croulait sous le travail.
Quant à Mackenzie, même si elle avait fini par repenser à sa mère et à sa sœur – la seule famille qui lui restait – l’idée de les contacter lui donnait la chair de poule. Elle savait où vivait sa mère et, avec un peu d’aide du FBI, supposait qu’elle pourrait obtenir son numéro. Stéphanie, sa jeune sœur, serait probablement un peu plus difficile à localiser. Dans la mesure où Stéphanie n’était pas du genre à s’établir où que ce soit, Mackenzie n’avait pas la moindre idée d’où elle pouvait être.
C’était triste, mais elle découvrit que cela ne lui posait pas plus de problèmes que cela. Oui, elle estimait que sa mère méritait de connaître son premier petit-fils, mais cela signifierait rouvrir les cicatrices qu’elle avait refermées il y avait seulement un an, lorsqu’elle avait finalement clôt l’affaire du meurtre de son père. En résolvant cette enquête, elle avait aussi refermé la porte de cette partie de son passé – incluant sa relation conflictuelle avec sa mère.
Mais il était étrange que sa mère ne quitte pas ses pensées depuis qu’elle avait eu un bébé. Chaque fois qu’elle prenait Kévin dans ses bras, elle se rappelait à quel point sa mère était distante même avant le meurtre de son père. Elle se jura que Kévin saurait toujours que sa mère l’aimait, qu’elle ne laisserait jamais rien – ni Ellington, ni le travail, ni ses problèmes personnel – passer avant lui.
C’était la pensée qui l’obnubilait à la vingtième nuit que Kévin passait avec eux. Elle venait de terminer de l’allaiter en pleine nuit – il avait toujours faim entre une heure et demie et deux heures du matin. Ellington revint dans la chambre après l’avoir recouché dans le berceau de la pièce contiguë – le bureau où ils stockaient leur paperasse et leurs objets personnels s’était aisément transformé en chambre d’enfant.
- Pourquoi es-tu encore réveillée ? demanda-t-il en grommelant dans son oreiller tandis qu’il se recouchait.
- Penses-tu que nous serons de bons parents ?
Il acquiesça, l’air endormi, puis haussa les épaules.
- Je crois. Ou plutôt, je sais que tu seras une bonne mère. Mais moi… j’imagine que je lui mettrai trop de pression quand il commencera à faire du sport. C’est quelque chose que mon père n’a jamais fait et qui m’a toujours manqué.
- Je suis sérieuse.
- Je n’en doute pas. Pourquoi me poses-tu la question ?
- Parce que nos familles sont tellement dysfonctionnelles. Comment pouvons-nous élever correctement un enfant si nous n’avons que des expériences terribles comme modèles ?
- Je pense qu’on pourrait faire une liste de tout ce que nos parents ont mal fait et ne pas reproduire leurs erreurs.
Il tendit la main dans le noir pour la poser sur son épaule, rassurant. Honnêtement, elle aurait voulu qu’il la serre dans ses bras en cuillère, mais elle n’était toujours pas complètement remise après l’opération.
Ils restèrent allongés l’un à côté de l’autre, tout aussi épuisés et excités par la direction que prenait leurs vies, jusqu’à ce que le sommeil les emporte, l’un après l’autre.
***
Mackenzie se retrouva à nouveau dans un champ de maïs. Les tiges étaient si hautes qu’elle n’en voyait pas le sommet. Les épis de maïs, comme de vieilles dents jaunes émergeant de gencives malades, s’élevaient dans la nuit. Chaque épi mesurait facilement un mètre de haut ; le maïs et les tiges sur lesquels ils poussaient étaient ridiculement grands, lui donnant l’impression d’être un insecte.
Quelque part, un peu plus loin, un bébé pleurait. Pas seulement un bébé, mais son bébé. Elle reconnaissait le timbre des gémissements et des pleurs du petit Kévin.
Mackenzie se mit à courir à travers les rangées de maïs. Les plantes lui giflaient le visage, les tiges et les feuilles lui ouvraient la peau. Lorsqu’elle arriva au bout de la rangée dans laquelle elle courait, le sang perlait sur son visage. Elle le sentait dans sa bouche et le voyait dégouliner sur son menton et sur sa chemise.