Kitobni o'qish: «Avant Qu’il Ne Chasse »
AVANT QU’IL NE CHASSE
(UN MYSTÈRE MACKENZIE WHITE – VOLUME 8)
B L A K E P I E R C E
Blake Pierce
Blake Pierce est l’auteur de la populaire série de thrillers RILEY PAIGE. Il y a déjà onze tomes, et ce n’est pas fini ! Blake Pierce écrit également les thrillers MACKENZIE WHITE (sept tomes, série en cours), AVERY BLACK (six tomes) et KERI LOCKE (quatre tomes, série en cours).
Fan depuis toujours de polars et de thrillers, Blake adore recevoir de vos nouvelles. N'hésitez pas à visiter son site web www.blakepierceauthor.com pour en savoir plus et rester en contact !
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
SÉRIE MYSTÈRE RILEY PAIGE
UNE FOIS PARTIE (Volume 1)
UNE FOIS PRISE (Volume 2)
UNE FOIS DÉSIRÉE (Volume 3)
UNE FOIS ATTIRÉE (Volume 4)
UNE FOIS TRAQUÉE (Volume 5)
UNE FOIS ÉPINGLÉE (Volume 6)
UNE FOIS DÉLAISSÉE (Volume 7)
UNE FOIS FROIDE (Volume 8)
UNE FOIS POURSUIVIE (Volume 9)
UNE FOIS PERDUE (Volume 10)
UNE FOIS ENTERRÉE (Volume 11)
UNE FOIS LIÉE (Volume 12)
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)
AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)
AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)
AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)
AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)
AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)
SÉRIE MYSTÈRE AVERY BLACK
MOTIF POUR TUER (Volume 1)
MOTIF POUR S’ENFUIR (Volume 2)
MOTIF POUR SE CACHER (Volume 3)
MOTIF POUR CRAINDRE (Volume 4)
MOTIF POUR SAUVER (Volume 5)
MOTIF POUR REDOUTER (Volume 6)
SÉRIE MYSTÈRE KERI LOCKE
UNE EMPREINTE DE MORT (Volume 1)
UNE EMPREINTE DE MEURTRE (Volume 2)
UNE EMPREINTE DE VICE (Volume 3)
UNE EMPREINTE DE CRIME (Volume 4)
UNE EMPREINTE D’ESPOIR (Volume 5)
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT ET UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE ET UN
CHAPITRE UN
L’avion la ramenait au Nebraska.
Mackenzie cligna des yeux, incapable de chasser cette idée de sa tête.
Elle n’avait en général aucun problème pour s’endormir en avion. Mais cette fois-ci, c’était différent. Elle avait l’impression qu’il y avait quelque chose là-bas, au Nebraska, qui attirait l’avion tel un aimant. Et elle ne rentrerait pas à Washington avant d’avoir élucidé cette affaire qui remontait à près de vingt ans en arrière – au moment de la mort de son père.
C’était une affaire qui l’interpelait depuis des années. Elle s’était surpassée afin de prouver de quoi elle était capable, et McGrath lui laissait finalement le champ libre sur cette enquête. Il ne s’agissait plus seulement du meurtre non élucidé de son père, dix-sept ans plus tôt ; mais des meurtres similaires avaient lieu aujourd’hui, tous connectés par un mystérieux indice que personne n’était encore parvenu à déchiffrer. Des cartes de visite avec le nom d’une entreprise inexistante, celle des Antiquités Barker.
Mackenzie pensait à ces cartes de visite tout en regardant par le hublot. Le ciel de l’après-midi était dégagé. À travers les nuages blancs disséminés, elle pouvait à peine apercevoir le réseau des routes qui traversait le Midwest en-dessous d’eux. Le Nebraska n’était plus très loin maintenant, ses champs de maïs et ses étendues plates se profilant à environ quarante-cinq minutes devant eux.
« Tout va bien ? »
Elle cligna des yeux, détourna le regard du hublot et se tourna vers la droite. Ellington était assis sur le siège à côté d’elle. Elle savait qu’il était nerveux. Il savait combien cette affaire était importante pour elle et il se mettait inutilement la pression. Même maintenant, il tripotait de manière nerveuse le couvercle du gobelet qui avait contenu du soda à peine dix minutes plus tôt.
« Oui, ça va, » dit-elle. « Pour être tout à fait honnête, j’ai hâte de commencer à travailler. »
« Tu sais déjà par où commencer ? » demanda-t-il.
« Oui, » dit-elle.
En repassant en revue son plan d’attaque, elle réalisa que c’était là une des raisons pour lesquelles elle était tombée amoureuse de lui. Il savait qu’elle avait besoin d’en parler mais qu’elle ne le ferait pas s’il le lui demandait de but en blanc. Alors au lieu de lui poser des questions sur son état émotionnel, il utilisait l’excuse du travail pour en savoir davantage. Elle était bien consciente que c’était une manière détournée d’agir, mais ça ne lui posait pas de problème. Il savait comment contourner ses mécanismes de défense d’une manière qui était charmante et attentionnée.
Alors, elle lui fit part de son plan d’attaque, qui commencerait par une réunion avec la police locale et avec la petite équipe d’agents du FBI qui avaient travaillé sur l’affaire jusqu’à maintenant. Elle comptait également faire appel à Kirk Peterson, le détective privé qui travaillait sur l’enquête depuis quelques temps. Bien qu’il ait été dans un état misérable la dernière fois qu’elle l’avait vu, c’était la personne qui avait le plus de renseignements à offrir sur l’affaire.
À partir de là, elle voulait retrouver et parler avec un homme du nom de Dennis Parks. Ses empreintes digitales avaient été retrouvées sur Gabriel Hambry, un homme qui avait été stratégiquement placé en tant que fausse piste une semaine plus tôt. Elle était bien consciente que Parks pourrait également être une autre fausse piste, mais le fait que Dennis Parks ait connu son père rendait le tout beaucoup plus intéressant. La connexion était ténue – une connaissance mutuelle vu que Parks avait servi en tant qu’officier de police durant un an avant d’arrêter et de se lancer en tant qu’agent immobilier.
Son père, au final, semblait avoir été la première victime d’une série de meurtres apparemment aléatoires qui s’étendaient sur presque deux décennies.
Après avoir parlé avec Dennis Parks, elle voulait rencontrer la famille d’un homme qui avait était assassiné plusieurs mois plus tôt – un homme du nom de Jimmy Scotts. Scotts était mort d’une manière presque identique à son père et c’était ce meurtre qui avait véritablement rouvert l’enquête sur son père.
Elle s’arrêta là dans ses projets bien qu’elle sache qu’il y en avait encore davantage. Mais c’était quelque chose qu’elle n’était pas encore prête à affronter – et encore moins à verbaliser en face d’Ellington.
À un moment, il faudrait bien qu’elle affronte son passé. Elle l’avait déjà fait auparavant, en traversant sur la pointe des pieds la maison où elle avait grandi. Mais ça avait été bref et fugace. Elle ne s’en était pas rendu compte sur le moment, mais c’était quelque chose qui l’avait terrifiée. C’était comme traverser volontairement une maison qu’elle savait hantée, s’y enfermer et en jeter la clé.
Cette fois-ci, elle allait devoir y faire face. C’était déjà assez dur comme ça de se l’admettre à elle-même sans devoir en plus se demander ce qu’Ellington pourrait bien en penser.
Il hocha la tête à plusieurs reprises alors qu’elle lui expliquait son approche étape par étape. Ils avaient brièvement discuté de leurs rôles respectifs lors d’une réunion avec McGrath, au moment de réserver leur voyage au Nebraska. Un élément de cette affaire apparemment multidimensionnelle, c’était le meurtre récent de vagabonds. Ils en étaient maintenant à quatre meurtres et chaque cadavre avait été retrouvé avec une carte de visite des Antiquités Barker. Ellington s’était proposé pour travailler sur cet aspect de l’affaire pendant que Mackenzie restait sur le cœur de l’enquête – les morts de son père et de Jimmy Scotts, et le meurtre plus récent de Gabriel Hambry.
« Tu sais, » dit Ellington, quand elle eut terminé de parler, « si on parvient à élucider cette affaire, je pense que ta carrière à Washington va atteindre des sommets. Tu es déjà l’un des meilleurs agents de terrain qu’il y ait actuellement au FBI. J’espère que tu aimes t’occuper de la bureaucratie et être assise derrière un bureau. Car c’est ce que tu obtiens au FBI avec une feuille de service exemplaire. »
« Ah bon ? » demanda-t-elle. « Alors, pourquoi n’es-tu pas encore rangé derrière un bureau ? »
Il eut un petit sourire narquois. « Le doigt sur la plaie, White. »
Il tendit le bras et lui prit la main. Elle sentit une légère tension dans son étreinte, mais il y avait également ce réconfort habituel à son contact.
Elle était contente qu’il soit là avec elle. Bien qu’elle préfère en général abattre les obstacles toute seule, elle devait tout même admettre qu’elle allait avoir besoin du soutien moral et émotionnel que seul Ellington pouvait lui fournir si elle espérait pouvoir élucider cette affaire.
Elle s’accrocha à sa main alors que le Midwest continuait à défiler en-dessous d’eux. Le Nebraska se rapprochait de plus en plus, l’avion attiré par cette force magnétique que le passé de Mackenzie semblait avoir sur elle.
CHAPITRE DEUX
Le bureau régional d’Omaha était assez agréable. Il était plus petit que le siège de Washington, ce qui signifiait également moins de brouhaha. Il n’y avait pas non plus la tension permanente de quelque chose continuellement sur le point d’arriver, comme c’était monnaie courante dans les bureaux de Washington. L’endroit était apaisant.
Au moment où ils s’enregistraient à la réception, Mackenzie remarqua qu’un homme se dirigeait directement vers eux. Il marchait d’un pas décidé, un fin sourire aux lèvres. Son visage lui était familier mais elle était incapable de se rappeler son nom.
« Agent White, je suis content de vous revoir » dit l’homme, en s’approchant d’elle. Il faisait environ un mètre quatre-vingt-deux et avait une belle prestance. Il était plutôt mince, avec un air tout de même intimidant. Ses cheveux noirs lissés en arrière lui donnaient un air plus âgé qu’il ne l’était probablement.
« De même, » dit-elle, en serrant la main qu’il lui tendait.
Elle fut reconnaissante qu’Ellington se rappelle de son nom, le mentionnant au moment où les deux hommes se saluèrent. « Agent Penbrook, » dit-il. « Content de vous revoir. »
C’est alors qu’elle se rappela : l’agent Darren Penbrook menait l’enquête quand elle était venue jusqu’ici avec l’espoir d’arrêter Gabriel Hambry – pour se rendre compte en moins d’une heure qu’il avait été assassiné.
« Venez avec moi, » dit Penbrook. « On ne va pas vraiment faire une réunion, mais il y a quelques détails dont j’aimerais vous faire part… et dont certains sont assez récents. »
« Très récents ? » demanda Mackenzie.
« De ces dernières vingt-quatre heures. »
Mackenzie savait comment les choses se déroulaient au sein du FBI et elle supposa qu’elles ne seraient pas différentes à Omaha de ce qu’elles étaient à Washington. Ça ne servait à rien de poser des questions pour l’instant. Alors, pendant leur trajet en ascenseur jusqu’au deuxième étage et leur traversée d’un couloir menant à une salle de conférence, ils passèrent leur temps à parler de tout et de rien : du vol, du temps et de l’effervescence au sein des bureaux de Washington.
Mais toutes ces futilités cessèrent au moment où Penbrook les fit entrer dans la salle de conférence. Il ferma la porte derrière eux et ils se retrouvèrent tous les trois dans une vaste salle meublée d’une élégante table finement lustrée. Au centre, un projecteur y était déjà installé, prêt à être utilisé.
« Alors, à quelles nouveautés faisiez-vous allusion ? » demanda Mackenzie.
« Et bien, vous êtes au courant concernant le quatrième vagabond assassiné, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Oui. C’est arrivé hier, c’est ça ? Dans l’après-midi ? »
« C’est ça, » dit Penbrook. « Il a été tué avec le même modèle d’arme utilisé pour assassiner les autres. Mais cette fois-ci, l’assassin a placé la carte de visite entre les lèvres de la victime. On a testé la carte et il n’y avait aucune empreinte digitale. Le vagabond n’était pas quelqu’un d’ici. Sa dernière adresse connue était en Californie et date d’il y a quatre ans. Les recherches de membres de sa famille ou de personnes avec lesquelles il aurait travaillé se sont avérées inutiles. Et c’est le cas avec la plupart de ces vagabonds. Mais par contre, nous avons retrouvé son frère. C’est également un vagabond et selon les rapports à son sujet, il pourrait souffrir de légers délires. »
« Il y a autre chose ? » demanda Ellington.
« Oui. Et ça craint vraiment. Ça nous fait tourner en rond et c’est là où l’enquête piétine actuellement. Vous vous rappelez des empreintes digitales retrouvées sur le corps de Gabriel Hambry, n’est-ce pas ? »
« Oui, » dit Mackenzie. « Elles appartenaient à un homme du nom de Dennis Parks – un homme qui connaissait mon père. »
« Exactement. Ça avait l’air d’être une piste prometteuse, n’est-ce pas ? »
« J’imagine que je dois comprendre par là que la piste n’a mené à rien ? » demanda Mackenzie.
« Elle n’en a pas eu le temps. Dennis Parks a été retrouvé mort dans son lit ce matin. Tué d’une balle dans la tête. Sa femme a également été assassinée. D’après ce que nous pouvons en dire, elle fut également tuée alors qu’elle se trouvait dans leur lit mais son corps a été transporté jusqu’au divan. »
Penbrook et Ellington regardèrent en direction de Mackenzie. Elle savait ce qu’ils pensaient. L’assassin a tout mis en scène pour que ça ressemble au meurtre de Jimmy Scott… et au meurtre de mon père.
Penbrook en profita pour leur montrer une image de la scène de crime. C’était une photo de Dennis Parks, couché sur le ventre dans son lit, tué d’une balle dans la tête. La pose était presque irréelle pour Mackenzie. Si elle n’avait pas connu l’identité de la victime, elle aurait facilement pu penser qu’il s’agissait là d’une photo de la scène de crime de son père, prise des années plus tôt.
Apparut ensuite une image de la femme. Elle était sur le divan, les yeux légèrement levés vers le ciel. Il y avait du sang séché sur le côté de son visage.
« Il y avait une carte de visite sur la scène de crime ? » demanda Mackenzie.
« Oui, » répondit Penbrook. « Sur la table de nuit. Et afin que vous ayez une idée d’ensemble, voici une photo de la scène de crime impliquant le dernier vagabond. »
Il changea de photo et Mackenzie vit un homme gisant sur un trottoir. Le côté de son crâne était une bouillie de sang et contrastait de manière presque trop parfaite avec la carte de visite blanche qui avait été partiellement glissée entre ses lèvres.
« On dirait que l’assassin ne fait que s’amuser, à ce stade, » dit Ellington. « C’est vraiment tordu. »
Il avait raison. Mackenzie était certaine qu’il y avait quelque chose de presque ludique dans la manière dont la carte avait été placée dans la bouche de la victime. En ajoutant à ça le fait que l’assassin plaçait apparemment des empreintes digitales sur les cartes et d’autres victimes pour les mener vers des fausses pistes, et ça signifiait qu’ils avaient affaire à un tueur déterminé, intelligent et particulièrement morbide.
Il pense qu’il est drôle là, pensa-t-elle, en regardant la photo de la victime.
« Pourquoi choisit-il d’assassiner des vagabonds ? » demanda Mackenzie. « S’il est revenu pour tuer autant de temps après avoir tué mon père, pourquoi des sans-abris ? Et y a-t-il une connexion entre ces vagabonds et Jimmy Scotts ou Gabriel Hambry ? »
« Aucune que nous ayons découverte, » dit Penbrook.
« Peut-être qu’il fait ça pour nous narguer, » dit Mackenzie. « Peut-être qu’il sait que la mort de vagabonds ne sera pas aussi prioritaire que s’il assassinait des citoyens ordinaires. Et si c’est le cas, il le fait vraiment sous forme de jeu. »
« Au sujet de la communauté des vagabonds, » dit Ellington. « Si on pose des questions, pensez-vous qu’on pourrait obtenir des informations d’autres vagabonds de la région ? »
« Oh, on a essayé, » dit Penbrook. « Mais ils ne veulent rien dire. Ils ont peur d’être la prochaine victime de l’assassin s’ils se mettent à parler. »
« Il faut qu’on parle au frère de la dernière victime, » dit Mackenzie. « Vous savez où on peut le trouver ? Est-ce qu’il vit dans le coin ? »
« En quelque sorte, » dit Penbrook. « Comme son frère, il vit dans la rue. Enfin, il y vivait. À l’heure actuelle, il est en prison. Je ne me rappelle plus pour quel délit, mais peut-être pour ivresse sur la voie publique. Son dossier est rempli de petites infractions qui l’ont conduit en prison à plusieurs reprises, pour de courts séjours d’une à deux semaines. Ça arrive souvent, vous savez. Certains le font intentionnellement pour avoir un toit pendant quelques jours. »
« Est-ce que ça vous dérange si on lui rend visite ? » demanda Mackenzie.
« Pas du tout, » dit Penbrook. « Je m’assurerai qu’on les prévienne de votre arrivée. »
« Merci. »
« J’ai l’impression que c’est moi qui devrais vous remercier, » dit Penbrook. « On est vraiment content que vous soyez finalement là pour travailler avec nous sur cette affaire. »
Finalement, pensa-t-elle. Mais elle ne dit rien de plus.
Pour être honnête, elle aussi était vraiment contente. Elle était emballée à l’idée de finalement avoir l’occasion d’élucider une affaire vraiment bizarre qui remontait à son enfance et avait un lien direct avec la mort de son père.
CHAPITRE TROIS
L’établissement pénitentiaire Delcroix était situé à l’écart de la route, sur une parcelle quelconque et sans relief. C’était le seul édifice sur un terrain d’environ deux cents hectares – pas vraiment une prison en soi, mais définitivement pas un lieu où une personne ordinaire aurait souhaité passer un laps de temps significatif.
Le service de sécurité à l’entrée laissa passer Mackenzie et Ellington et leur indiqua d’aller se garer sur le parking des employés situé à l’arrière de la propriété. Ils passèrent ensuite par le service de sécurité principal et furent accompagnés vers une petite salle où une femme les attendait.
« Agents White et Ellington ? » demanda-t-elle.
Mackenzie lui serra la main pendant qu’elle faisait les présentations. La femme s’appelait Mel Kellerman. Elle était plutôt petite et légèrement en surpoids, mais elle avait l’air d’être le genre de femme à traverser les épreuves en leur riant au nez.
Ils la suivirent à l’extérieur de la salle d’attente pendant qu’elle leur faisait une brève présentation des lieux.
« Je suis responsable de la sécurité, » dit-elle. « En tant que tel, je peux vous dire que l’homme auquel vous venez rendre visite ne représente aucun danger. Il s’appelle Bryan Taylor. Cinquante ans et ancien héroïnomane. Il a parfois des conversations avec des gens invisibles. Son casier est léger mais nous continuons à le surveiller car c’est le quatrième délit mineur qu’il commet en moins d’un an. Nous pensons que c’est surtout pour avoir un toit et de la nourriture gratuite. »
« Et en quoi consiste son dernier délit ? » demanda Mackenzie.
« Il a uriné sur la roue arrière d’un bus en plein jour. »
Ellington gloussa. « Il était saoul ? »
« Non, » dit Kellerman. « Il a juste dit qu’il avait vraiment besoin de pisser. »
Elle les guida à travers un petit couloir qui menait à un autre encore plus étroit. Au bout, ils arrivèrent à une porte que Kellerman ouvrit pour les laisser entrer. La pièce ne contenait qu’une table et cinq chaises. Un homme échevelé occupait l’une des chaises tandis qu’un homme portant un uniforme de sécurité en occupait une autre. Le gardien tourna la tête dans leur direction au moment où ils entrèrent et se mit directement debout.
« Est-ce que monsieur Taylor vous a causé des soucis ? » demanda Kellerman au gardien.
« Non. Mais il radote par contre. Les Russes et Trump à nouveau. »
« Ah, une de mes histoires favorites, » dit Kellerman. Elle se tourna vers Mackenzie et Ellington. « Je serai dans la pièce d’à côté si vous avez besoin de moi. Mais je pense que ça va aller. »
Sur ces mots, Kellerman et le gardien sortirent de la pièce, en les laissant seuls avec Bryan Taylor.
« Bonjour, monsieur Taylor, » dit Mackenzie, en s’asseyant en face de lui, de l’autre côté de la table. « Est-ce qu’ils vous ont parlé de la raison de notre visite ? »
Taylor hocha tristement la tête. « Oui. Vous venez me poser des questions sur mon frère – sur la manière dont il est mort. »
« C’est bien ça, » dit Mackenzie. « Je suis désolée pour votre perte. »
Taylor se contenta de hausser les épaules. Il pianotait des doigts sur la table et regardait tour à tour Mackenzie et Ellington.
« Et bien, je suis l’agent White et voici mon partenaire, l’agent Ellington, » dit Mackenzie.
« Oui, je sais. Du FBI. » Il leva les yeux au ciel en prononçant ces mots.
« Monsieur Taylor… dites-moi… est-ce que votre frère avait des ennemis ? Des personnes qui pourraient lui en vouloir pour une raison ou une autre ? »
Taylor ne prit même pas la peine de réfléchir avant de répondre. « Non. Juste notre mère, et elle est morte depuis sept ans. »
« Est-ce que vous étiez proche de votre frère ? »
« On n’était pas les meilleurs amis du monde, » dit Taylor. « Mais on s’entendait plutôt bien. Bien qu’il traîne avec des types plutôt bizarres. Des Illuminati. Franchement, je n’étais pas si surpris que ça d’apprendre qu’il avait été tué. Ces sales types d’Illuminati, ils n’aiment pas trop les sans-abris. Les gens célèbres non plus, d’ailleurs. Vous savez qu’ils ont assassiné Kennedy, n’est-ce pas ? »
« J’en ai entendu parler, » dit Ellington, tout en ayant du mal à contenir un sourire moqueur.
Mackenzie lui donna un coup de pied en-dessous de la table et fit de son mieux pour continuer.
« Est-ce que vous avez d’autres amis qui ont été tués récemment ? » demanda-t-elle.
« Je ne pense pas. Mais je traîne rarement avec les mêmes personnes. Dans la rue, plus tu as d’amis, plus tu as de chances de te faire voler. »
« Encore une dernière question, monsieur Taylor, » dit Mackenzie. « Avez-vous déjà entendu parler d’une entreprise du nom d’Antiquités Barker ? »
À nouveau, il n’eut pas besoin de réfléchir longuement à la question avant de répondre. « Non. Jamais entendu parler. Jamais mis les pieds dans un magasin d’antiquités. Je n’ai pas d’argent à dépenser pour des vieilles reliques poussiéreuses. C’est les gens avec trop de fric qui gèrent ce genre d’endroit. Ou qui y font leurs achats. »
Mackenzie hocha la tête et poussa un soupir. « Et bien, je vous remercie pour votre coopération et le temps que vous nous avez consacré, monsieur Taylor. Si jamais vous vous souveniez de quoi que ce soit concernant votre frère qui pourrait nous aider à trouver son meurtrier, je vous serais reconnaissante d’en parler à une personne de l’établissement afin qu’ils puissent nous transmettre l’information. »
« Oh oui, bien sûr. Vous savez… vous devriez peut-être vous rendre au Nevada. Je suis certain que vous y trouveriez des réponses. »
« Au Nevada ? » demanda Mackenzie. « Et pourquoi ça ? »
« La zone 51. Groom Lake. Ce n’est pas les Illuminati mais tout le monde sait que c’est dans cet endroit top secret du gouvernement que disparaissent des sans-abris depuis des lustres. Ils font des expériences sur eux là-bas dans le désert. »
Mackenzie tourna la tête avant que Taylor ne puisse voir le sourire qui lui venait aux lèvres. D’après ce qu’elle savait à son sujet, elle savait qu’il ne pouvait pas s’en empêcher – il avait l’esprit légèrement dérangé. Ellington par contre ne parvint pas à rester aussi professionnel.
« Merci pour le conseil, monsieur Taylor. Nous y jetterons définitivement un coup d’œil. »
Alors qu’ils étaient sur le point de sortir, Mackenzie s’approcha de lui et se pencha assez près pour lui murmurer à l’oreille : « C’était limite méchant, » dit-elle.
« Pourquoi ? J’essayais juste qu’il ait l’impression d’avoir vraiment contribué à l’enquête. »
« Tu brûleras en enfer, » dit-elle, en souriant.
« Oh, je sais. Avec tous les Illuminati, j’en suis sûr. »
***
En se dirigeant vers leur voiture, Mackenzie avait déjà en tête quelle serait leur prochaine étape. Elle sentait que c’était du solide, bien qu’elle comprenne également pourquoi cette piste n’avait pas encore été explorée à fond par le FBI.
« Tu sais, Taylor a quand même raison sur un point, » dit Mackenzie.
« Ah bon ? » demanda Ellington. « Ça a dû m’échapper. »
« Il a parlé du fait que certaines de ces communautés de sans-abris avaient des liens très forts. Je pense que le FBI s’est tellement préoccupé de savoir quel était le genre de lien qui existait entre les vagabonds qu’ils ont omis d’examiner de près comment des personnes telles que Jimmy Scotts et Gabriel Hambry pouvaient être connectés à eux. »
Ils entrèrent dans leur voiture, Ellington prenant place derrière le volant cette fois. « Ah, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Les refuges pour sans-abris et les soupes populaires ont été contactés pour savoir si l’un de ces deux hommes avait une quelconque affiliation avec ce genre d’endroits. »
« Exactement, » dit Mackenzie. « On a supposé que le lien qu’ils auraient avec les vagabonds les placerait au-dessus d’eux. Mais peut-être qu’il y a autre chose. »
« Comme quoi ? Tu penses que Scotts et Hambry aient pu être des sans-abris à un moment de leur vie ? »
« Je n’en ai aucune idée. Mais disons qu’ils l’aient été. Cela nous donnerait un lien solide et nous indiquerait que notre type ne cible que des vagabonds, pour une raison ou une autre. »
« Ça vaut la peine d’y jeter un coup d’œil, » dit Ellington. « Mais ça ne répond toujours pas à l’importante question de savoir pourquoi ? »
« Et bien, vérifions d’abord mon hypothèse, puis on verra pour le reste. »
« Comment ? »
« D’après ce que j’ai lu dans les rapports, Gabriel Hambry n’a aucun parent proche. La seule famille qui lui reste, c’est ses grands-parents qui vivent dans le Maine. Mais Jimmy Scotts a une femme et deux enfants à Lincoln. »
« Et tu veux qu’on y aille ? » demanda Ellington.
« Et bien, en tenant compte du fait que l’endroit où je veux me rendre après ça se trouve à plus de six heures de route, oui… je pense qu’on devrait commencer par là. »
« Six heures de route ? Où est-ce que tu veux qu’on aille ? De l’autre côté du Nebraska ? »
« Oui, de fait. Le comté de Morrill. Une petite ville du nom de Belton. »
« Et qu’est-ce qu’on est sensé y trouver ? »
Faisant de son mieux pour réprimer un léger tremblement, Mackenzie répondit : « Mon passé. »