Faqat Litresda o'qing

Kitobni fayl sifatida yuklab bo'lmaydi, lekin bizning ilovamizda yoki veb-saytda onlayn o'qilishi mumkin.

Kitobni o'qish: «Aristophane; Traduction nouvelle, tome premier», sahifa 3

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DIKÆOPOLIS

Et comment?

NIKARKHOS

Un Bœotien peut l'attacher à l'aile d'une tipule, la lancer sur l'arsenal au moyen d'un tube, par un grand vent de Boréas; et, le feu prenant une fois aux vaisseaux, ils flambent tout de suite.

DIKÆOPOLIS

Méchant, digne de mille morts! ils flamberaient embrasés par une tipule et par une mèche?

NIKARKHOS, battu par Dikæopolis

Des témoins!

DIKÆOPOLIS

Fermez-lui la bouche! Donne-moi du foin: je vais l'emballer comme de la poterie, pour qu'il ne se casse pas en route.

LE CHŒUR

Emballe bien, mon cher, cette marchandise destinée à l'étranger, afin qu'il n'aille pas la briser.

DIKÆOPOLIS

J'y veillerai, car elle rend le son grêle d'un objet fêlé par le feu, et désagréable aux dieux.

LE CHŒUR

Que va-t-il en faire?

DIKÆOPOLIS

Un vase utile à tout, une coupe de maux, un mortier à procès, une lanterne pour espionner les comptables, un récipient à brouiller les affaires.

LE CHŒUR

Mais qui oserait se servir d'un vase qui craque de la sorte dans la maison?

DIKÆOPOLIS

Il est solide, mon bon, et il ne cassera jamais, s'il est suspendu par les pieds, la tête en bas.

LE CHŒUR

Le voilà empaqueté comme tu le veux.

LE BŒOTIEN

Je vais enlever ma gerbe.

LE CHŒUR, à Dikæopolis

O le meilleur des hôtes, aide-le dans le transport, et jette où tu voudras ce sykophante bon à tout.

DIKÆOPOLIS

J'ai eu bien de la peine à empaqueter ce maudit scélérat. Allons, Bœotien, emporte ta poterie.

LE BŒOTIEN

Viens ici, et baisse ton épaule, Ismènikhos.

DIKÆOPOLIS

Veille à la porter avec précaution. En réalité, tu ne porteras là rien de bon; fais-le toutefois. Tu gagneras à te charger de ce fardeau. Les sykophantes te porteront bonheur.

UN SERVITEUR DE LAMAKHOS

Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

Qu'y a-t-il? Pourquoi m'appelles-tu?

LE SERVITEUR

Pourquoi? Lamakhos te prie de lui céder, moyennant cette drakhme, quelques grives pour la fête des Coupes, et, au prix de trois drakhmes, une anguille du Kopaïs.

DIKÆOPOLIS

Qui est ce Lamakhos avec son anguille?

LE SERVITEUR

Le terrible, l'infatigable, qui agite sa Gorgôn et qui remue les trois aigrettes, dont il est ombragé.

DIKÆOPOLIS

Par Zeus! je refuse, me donnât-il son bouclier. Qu'il remue ses aigrettes en mangeant du poisson salé! S'il vient faire du bruit, j'appelle les agoranomes. Pour moi, j'emporte ces provisions, destinées à ma personne. J'entre sur les ailes des grives et des merles.

LE CHŒUR

Tu as vu, oui, tu as vu, ville tout entière, la prudence et l'éminente sagesse de cet homme. Depuis qu'il a conclu une trêve, il peut acheter ce dont il a besoin pour sa maison et ce qui convient à des repas chaudement servis. D'eux-mêmes tous les biens lui arrivent.

Non, jamais je ne recevrai chez moi la Guerre; jamais elle ne me chantera l'air de Harmodios, assise à ma table, parce que c'est un être qui, pris de vin, et faisant ripaille chez ceux qui ont tous les biens, y cause tous les maux, renverse, ruine, détruit, et cela quand on lui a fait nombre d'avances: «Bois, assieds-toi, prends cette coupe de l'amitié,» tandis que lui porte partout le feu sur nos échalas, et répand brutalement le vin de nos vignes.

Chez l'homme que je dis le repas est grandement, libéralement ordonné, et les preuves de sa bonne chère se voient dans les plumes étalées devant sa porte.

DIKÆOPOLIS

O compagne de la belle Kypris et des Grâces aimables, Réconciliation, comme tu as un beau visage! Ai-je pu l'ignorer? Puisse un Amour nous unir, moi et toi, semblable à celui qui est présent, et couronné de fleurs! Crois-tu donc, par hasard, que je suis trop vieux? Mais si je te prends, je crois pouvoir t'offrir trois avantages. Et d'abord je puis aligner un long plant de vignes, puis élever auprès de tendres rejetons de figuier, en troisième lieu, tout vieux que je suis, y marier de jeunes ceps de vigne, et enfin garnir d'oliviers tout le tour de mon champ pour nous oindre d'huile, toi et moi, aux Noumènia.

UN HÉRAUT

Écoutez, peuple. A la façon de vos pères, buvez dans les coupes au son de la trompette. Celui qui l'aura vidée le premier recevra une outre faite comme Ktésiphon.

DIKÆOPOLIS

Enfants, femmes, n'avez-vous pas entendu? Que faites-vous? N'entendez-vous pas le Héraut? Faites bouillir, rôtissez, retournez et enlevez ces lièvres prestement; tressez les couronnes… Apporte les broches, pour enfiler les grives.

LE CHŒUR

J'envie ta prudence, mon cher homme, et encore plus ta bonne chère actuelle.

DIKÆOPOLIS

Que sera-ce, quand vous verrez rôtir ces grives?

LE CHŒUR

Je crois que tu dis juste encore sur ce point.

DIKÆOPOLIS

Attise le feu.

LE CHŒUR

Entends-tu avec quelle habileté culinaire, avec quelle science et avec quelle entente de gourmet il se fait servir?

UN LABOUREUR

Malheureux que je suis!

DIKÆOPOLIS

Par Hèraklès! quel est cet homme?

LE LABOUREUR

Un homme infortuné.

DIKÆOPOLIS

Suis ton chemin devant toi.

LE LABOUREUR

O cher ami, puisque la trêve est pour toi seul, cède-moi un peu de pain, ne fût-ce que de cinq ans.

DIKÆOPOLIS

Que t'est-il arrivé?

LE LABOUREUR

Je suis ruiné, j'ai perdu deux bœufs.

DIKÆOPOLIS

Comment?

LE LABOUREUR

Les Bœotiens les ont pris à Phyla.

DIKÆOPOLIS

O trois fois malheureux! Et tu es encore vêtu de blanc?

LE LABOUREUR

Ces deux bœufs, par Zeus! me nourrissaient de leur fumier.

DIKÆOPOLIS

Que te faut-il donc, maintenant?

LE LABOUREUR

J'ai perdu la vue à pleurer mes bœufs. Mais si tu prends intérêt à Derkélès de Phyla, frotte-moi vite les deux yeux avec de la poix.

DIKÆOPOLIS

Mais, malheureux, je ne suis pas en situation de rendre service à tout le monde.

LE LABOUREUR

Allons, je t'en conjure, peut-être retrouverais-je mes bœufs.

DIKÆOPOLIS

Impossible. Va-t'en pleurer auprès des disciples de Pittalos.

LE LABOUREUR

Rien pour moi qu'une seule goutte de poix, verse-la dans ce chalumeau.

DIKÆOPOLIS

Pas un fétu! Va-t'en gémir ailleurs!

LE LABOUREUR

Infortuné que je suis; plus de bœufs de labour!

LE CHŒUR

Cet homme, avec son traité, s'est fait une vie douce, et il ne semble vouloir partager avec personne.

DIKÆOPOLIS

Toi, arrose les tripes avec du miel; fais griller les sépias.

LE CHŒUR

Entends-tu ses éclats de voix?

DIKÆOPOLIS

Grillez les anguilles!

LE CHŒUR

Tu vas nous faire mourir, moi de faim, et les voisins de fumée et de ta voix, en criant de la sorte.

DIKÆOPOLIS

Rôtissez cela, et que la couleur en soit dorée!

UN PARANYMPHE

Dikæopolis! Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

Quel est cet homme?

LE PARANYMPHE

Un jeune marié t'envoie ces viandes de son repas de noces.

DIKÆOPOLIS

Il fait bien, quel qu'il soit.

LE PARANYMPHE

Il te prie, en échange de ces viandes, pour ne pas aller à la guerre et pour rester à caresser sa femme, de lui verser dans cette fiole un verre de poix.

DIKÆOPOLIS

Remporte, remporte les viandes et ne me les donne pas, je ne verserais pas de la poix pour mille drakhmes. Mais quelle est cette femme?

LE PARANYMPHE

C'est la meneuse de la noce: elle demande à te parler de la part de la mariée, à toi seul.

DIKÆOPOLIS

Voyons, que dis-tu? Par les dieux! elle est plaisante la demande de la mariée! Elle désire que la partie essentielle du marié reste à la maison. Allons! qu'on apporte la trêve; je lui en donnerai à elle seule; elle est femme; elle ne doit pas souffrir de la guerre. Femme, approche; tends-moi la fiole. Sais-tu la manière de s'en servir? Dis à la mariée, quand on fera une levée de soldats, d'en frotter la nuit la partie essentielle de son mari. Qu'on remporte la trêve. Vite, la cruche au vin, pour que j'en verse dans les coupes!

LE CHŒUR

Mais voici un homme aux sourcils froncés: il se presse comme pour annoncer un malheur.

UN PREMIER MESSAGER

O fatigues, lames en bataille, Lamakhos!

LAMAKHOS

Quel bruit résonne autour de mes demeures étincelantes d'airain?

LE MESSAGER

Les stratèges t'ordonnent de prendre sur-le-champ tes cohortes et tes aigrettes, et d'aller garder la frontière, malgré la neige. Car on leur annonce qu'au moment de la fête des Coupes et des Marmites, des bandits bœotiens vont faire une invasion.

LAMAKHOS

O stratèges, plus nombreux qu'utiles! n'est-il pas dur pour moi de ne pouvoir être de la fête?

DIKÆOPOLIS

O armée polémolamaïque!

LAMAKHOS

Malheur à moi! Tu ris de mon infortune!

DIKÆOPOLIS

Veux-tu combattre contre un Géryôn à quatre ailes?

LAMAKHOS

Hélas! hélas! quelle nouvelle m'apporte ce second messager?

UN SECOND MESSAGER

Dikæopolis!

DIKÆOPOLIS

Qu'est-ce?

LE SECOND MESSAGER

Viens vite au banquet, et apporte ta corbeille et ta coupe. Le prêtre de Dionysos t'y invite. Mais hâte-toi, tu retardes le repas. Tout est prêt: lits, tables, coussins, tapis, couronnes, parfums, friandises, courtisanes, galettes, gâteaux, pains de sésame, tartes, belles danseuses, l'air bien-aimé de Harmodios. Ainsi, accours au plus vite.

LAMAKHOS

Infortuné que je suis!

DIKÆOPOLIS

C'est que tu as pris pour emblème cette grande Gorgôn. Fermez la porte, et qu'on apprête le repas.

LAMAKHOS

Esclave, esclave, apporte-moi ici mon sac.

DIKÆOPOLIS

Esclave, esclave, apporte-moi ici ma corbeille.

LAMAKHOS

Du sel mêlé de thym et des oignons.

DIKÆOPOLIS

Et à moi du poisson; les oignons me répugnent.

LAMAKHOS

Apporte-moi ici, esclave, une feuille de figuier, pleine de hachis rance.

DIKÆOPOLIS

Et à moi une feuille de figuier bien graissée, je la ferai cuire ici.

LAMAKHOS

Mets là les plumes de mon casque.

DIKÆOPOLIS

Mets là ces ramiers et ces grives.

LAMAKHOS

Belle et blanche est cette plume d'autruche.

DIKÆOPOLIS

Belle et dorée est cette chair de ramier.

LAMAKHOS

Hé! l'homme! cesse de rire de mes armes.

DIKÆOPOLIS

Hé! l'homme! veux-tu bien ne pas guigner mes grives!

LAMAKHOS

Apporte l'étui de mes trois aigrettes.

DIKÆOPOLIS

Et à moi le civet de lièvre.

LAMAKHOS

Mais les mites n'ont-elles pas mangé les aigrettes?

DIKÆOPOLIS

Mais ne vais-je pas manger du civet avant le dîner?

LAMAKHOS

Hé! l'homme! veux-tu bien ne pas me parler?

DIKÆOPOLIS

Je ne te parle pas; moi et mon esclave, nous sommes en discussion. Veux-tu gager et nous en rapporter à Lamakhos? Les sauterelles sont-elles plus délicates que les grives?

LAMAKHOS

Je crois que tu fais l'insolent.

DIKÆOPOLIS

Il donne la préférence aux sauterelles.

LAMAKHOS

Esclave, esclave, décroche ma lance, et apporte-la-moi ici.

DIKÆOPOLIS

Esclave, esclave, retire cette andouille du feu et apporte-la-moi ici.

LAMAKHOS

Voyons, je vais retirer ma lance du fourreau. Tiens ferme, esclave.

DIKÆOPOLIS

Et toi aussi, esclave, ne lâche pas.

LAMAKHOS

Approche, esclave, les supports de mon bouclier.

DIKÆOPOLIS

Apporte les pains, supports de mon estomac.

LAMAKHOS

Apporte ici l'orbe de mon bouclier à la Gorgôn.

DIKÆOPOLIS

Apporte ici l'orbe de ma tarte au fromage.

LAMAKHOS

N'y a-t-il pas là pour les hommes de quoi rire largement?

DIKÆOPOLIS

N'y a-t-il pas là pour les hommes de quoi savourer délicieusement?

LAMAKHOS

Verse de l'huile, esclave, sur le bouclier. J'y vois un vieillard qui va être accusé de lâcheté.

DIKÆOPOLIS

Verse du miel, esclave, sur la tarte. J'y vois un vieillard qui fait pleurer de rage Lamakhos le Gorgonien.

LAMAKHOS

Apporte ici, esclave, ma cuirasse de combat.

DIKÆOPOLIS

Apporte ici, esclave, ma cuirasse de table, ma coupe.

LAMAKHOS

Avec cela, je tiendrai tête aux ennemis.

DIKÆOPOLIS

Avec cela, je tiendrai tête aux buveurs.

LAMAKHOS

Esclave, maintiens les couvertures du bouclier.

DIKÆOPOLIS

Esclave, maintiens les plats de la corbeille.

LAMAKHOS

Moi, je vais prendre et porter moi-même mon sac de campagne.

DIKÆOPOLIS

Moi, je vais prendre mon manteau pour sortir.

LAMAKHOS

Prends ce bouclier, esclave, emporte-le, et en route! Il neige. Babæax! C'est une campagne d'hiver.

DIKÆOPOLIS

Prends le dîner: c'est une campagne de buveurs.

LE CHŒUR

Mettez-vous de bon cœur en campagne. Mais quelles routes différentes ils suivent tous les deux! L'un boira, couronné de fleurs, et toi, transi de froid, tu monteras la garde. Celui-là va coucher avec une jolie fille et se faire frictionner je ne sais quoi.

PREMIER DEMI-CHŒUR

Puisse Antimakhos, fils de Psakas, historien et poète, être tout simplement confondu par Zeus, lui qui, khorège aux Lénæa, m'a renvoyé tristement sans souper! Puissé-je le voir guetter une sépia qui, cuite, croustillante, salée, est servie sur table; et qu'au moment de la prendre, elle lui soit enlevée par un chien, qui s'enfuit!

SECOND DEMI-CHŒUR

Que ce soit là pour lui un premier malheur; puis, qu'il lui arrive une autre aventure nocturne! Que revenant fiévreux chez lui des manœuvres de cavalerie, il rencontre Orestès ivre, qui lui casse la tête, pris d'un accès de fureur, et que, voulant ramasser une pierre, durant la nuit, il saisisse à pleine main un étron encore tout chaud; qu'il lance ce genre de pierre, manque son coup, et frappe Kratinos!

UN SERVITEUR DE LAMAKHOS

Serviteurs de la maison de Lamakhos, vite de l'eau! Faites chauffer de l'eau dans une petite marmite, préparez des linges, du cérat, de la laine grasse et des tampons de charpie pour la cheville. Notre maître s'est blessé à un pieu, en sautant un fossé; il s'est déboîté et luxé la cheville, s'est brisé la tête contre une pierre et a fait jaillir la Gorgôn hors du bouclier. La grande plume du hâbleur gisant au milieu des pierres, il a fait retentir ce chant terrible: «O astre radieux, je te vois aujourd'hui pour la dernière fois; la lumière m'abandonne; c'est fait de moi! » A ces mots, il tombe dans un bourbier, se relève, rencontre des fuyards, poursuit les brigands et les presse de sa lance. Mais le voici lui-même. Ouvre la porte.

LAMAKHOS

Oh! là, là! Oh! là, là! Horribles souffrances, je suis glacé. Malheureux, je suis perdu; une lance ennemie m'a frappé! Mais ce qu'il y aurait pour moi de plus cruel, c'est que Dikæopolis me vît blessé, et me rît au nez de mes infortunes.

DIKÆOPOLIS, entrant avec deux courtisanes

Oh! là, là! Oh! là, là! quelles gorges! C'est ferme comme des coings! Baisez-moi tendrement, mes trésors; vos bras autour de mon cou; vos lèvres sur les miennes! Car j'ai le premier vidé ma coupe.

LAMAKHOS

Cruel concours de malheurs! Hélas! hélas! quelles blessures cuisantes!

DIKÆOPOLIS

Hé! hé! salut, cavalier Lamakhos!

LAMAKHOS

Malheureux que je suis!

DIKÆOPOLIS

Infortuné que je suis!

LAMAKHOS

Pourquoi m'embrasses-tu?

DIKÆOPOLIS

Pourquoi me mords-tu?

LAMAKHOS

Quel malheur pour moi d'avoir payé ce rude écot!

DIKÆOPOLIS

Est-ce qu'il y avait un écot à payer à la fête des Coupes?

LAMAKHOS

Ah! ah! Pæan! Pæan!

DIKÆOPOLIS

Mais il n'y a pas aujourd'hui de Pæania.

LAMAKHOS

Soulevez, soulevez ma jambe. Oh! oh! tenez-la, mes amis.

DIKÆOPOLIS

Et vous deux, prenez-moi juste la moitié du corps, mes amies.

LAMAKHOS

J'ai le vertige de ce coup de pierre à la tête. Je suis pris d'étourdissements.

DIKÆOPOLIS

Et moi je veux aller me coucher; je suis pris de redressements et d'éblouissements.

LAMAKHOS

Portez-moi au logis de Pittalos, entre ses mains médicales.

DIKÆOPOLIS

Portez-moi auprès des juges. Où est le roi du festin? Donnez-moi l'outre!

LAMAKHOS

Une lance m'a percé les os. Quelle douleur!

DIKÆOPOLIS, montrant l'outre

Voyez, elle est vide! Tènella! Tènella! Chantons victoire!

LE CHŒUR

Tènella! comme tu dis, bon vieillard, victoire!

DIKÆOPOLIS

J'ai rempli ma coupe d'un vin pur et je l'ai bue d'un trait.

LE CHŒUR

Tènella! donc, brave homme! Emporte l'outre!

DIKÆOPOLIS

Suivez, maintenant, en chantant: «Tènella! Victoire!»

LE CHŒUR

Oui, nous te ferons un cortège de fête, chantant: «Tènella! Victoire! » pour toi et pour l'outre!

FIN DES AKHARNIENS

LES CHEVALIERS

(L'AN 425 AVANT J.-C.)

Les Chevaliers sont dirigés contre le démagogue Cléon qui s'était mis à la tête des affaires après la mort de Périclès, et qui, à la suite de son succès de Sphactérie, était devenu l'idole du peuple, personnifié dans la pièce par le bonhomme Dèmos. Le vieillard, circonvenu à la fois par Cléon, transformé en corroyeur, et par le marchand d'andouilles Agoracritos, finit par voir clair dans leur jeu. Cléon est chassé. Agoracritos, faisant amende honorable, sert consciencieusement son maître qui recouvre la jeunesse et la raison.

PERSONNAGES DU DRAME

Dèmosthénès.

Nikias.

Un marchand d'andouilles nommé Agorakritos.

Kléôn.

Chœur de chevaliers.

Dèmos.

La scène se passe devant la maison de Dèmos.

LES CHEVALIERS

DÈMOSTHÉNÈS

Iattatæax! Que de malheurs! Iattatæ! Que ce Paphlagonien, cette nouvelle peste, avec ses projets, soit confondu par les dieux! Depuis qu'il s'est glissé dans la maison, il ne cesse de rouer de coups les serviteurs.

NIKIAS

Malheur, en effet, à ce prince de Paphlagoniens, avec ses calomnies!

DÈMOSTHÉNÈS

Pauvre malheureux, comment vas-tu?

NIKIAS

Mal, comme toi.

DÈMOSTHÉNÈS

Viens, approche, gémissons de concert sur le mode d'Olympos.

DÈMOSTHÉNÈS et NIKIAS

Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu.

DÈMOSTHÉNÈS

Pourquoi ces plaintes inutiles? Ne vaudrait-il pas mieux chercher quelque moyen de salut pour nous et ne pas pleurer davantage?

NIKIAS

Mais quel moyen? Dis-le-moi.

DÈMOSTHÉNÈS

Dis-le plutôt, afin qu'il n'y ait pas de dispute.

NIKIAS

Non, par Apollôn! pas moi. Allons, parle hardiment, puis je te dirai mon avis.

DÈMOSTHÉNÈS

Que ne me dis-tu plutôt ce qu'il faut que je dise?

NIKIAS

Ce courage barbare me manque. Comment m'exprimerais-je en grand style, en style euripidien?

DÈMOSTHÉNÈS

Non, non, pas à moi, pas à moi: ne me sers pas un bouquet de cerfeuil, mais trouve un chant de départ de chez notre maître.

NIKIAS

Eh bien, dis: «Échappons!» comme cela, tout d'un trait.

DÈMOSTHÉNÈS

Je le dis: «Échappons!»

NIKIAS

Ajoute ensuite le mot: «Nous», au mot: «Échappons».

DÈMOSTHÉNÈS

«Nous!»

NIKIAS

A merveille! A présent, comme procédant par légères secousses de la main, dis d'abord: «Échappons,» ensuite: «Nous,» puis: «A la hâte!»

DÈMOSTHÉNÈS

«Échappons, échappons-nous, échappons-nous à la hâte!»

NIKIAS

Hein! N'est-ce pas délicieux?

DÈMOSTHÉNÈS

Oui, par Zeus! Si ce n'est que j'ai peur que ce ne soit pour ma peau un mauvais présage.

NIKIAS

Pourquoi cela?

DÈMOSTHÉNÈS

Parce que les plus légères secousses de la main emportent la peau.

NIKIAS

Ce qu'il y aurait de souverain dans les circonstances présentes, ce serait d'aller tous les deux nous prosterner devant les statues de quelque dieu.

DÈMOSTHÉNÈS

Quelles statues? Est-ce que tu crois vraiment qu'il y a des dieux?

NIKIAS

Je le crois.

DÈMOSTHÉNÈS

D'après quel témoignage?

NIKIAS

Parce que je suis en haine aux dieux. N'est-ce pas juste?

DÈMOSTHÉNÈS

Tu me ranges de ton avis. Mais considérons autre chose. Veux-tu que j'expose l'affaire aux spectateurs?

NIKIAS

Ce ne serait pas mal. Seulement, prions-les de nous faire voir clairement, par leur air, s'ils se plaisent à nos paroles et à nos actions.

DÈMOSTHÉNÈS

Je commence donc. Nous avons un maître, d'humeur brutale, mangeur de fèves, atrabilaire, Dèmos le Pnykien, vieillard morose, un peu sourd. Au commencement de la noumènia, il a acheté un esclave, un corroyeur paphlagonien, coquin fieffé et grand calomniateur. Ce corroyeur paphlagonien, connaissant à fond le caractère du vieux, fait le chien couchant, flatte son maître, le caresse, le choie, le dupe avec des rognures de cuir et des mots comme ceux-ci: «Dèmos, il suffit d'avoir jugé une affaire: va au bain, mange, avale, dévore, reçois trois oboles: veux-tu que je te serve un souper?» Alors le Paphlagonien fait main-basse sur ce que l'un de nous a préparé et l'offre gracieusement à son maître. L'autre jour, je venais de pétrir à Pylos une galette lakonienne; par ses roueries et par ses détours il me la subtilise, et il sert comme de lui le mets de ma façon. Il nous éloigne et ne permet pas à un autre de soigner le maître; mais, armé d'une courroie, debout près de la table, il en écarte les orateurs. Il lui chante des oracles, et le bonhomme sibyllise. Puis, quand il le voit à l'état de brute, il met en œuvre son astuce; il lance effrontément mensonges et calomnies contre les gens de la maison; alors nous sommes fouettés, nous; et le Paphlagonien, courant après les esclaves, demande, menace, escroque en disant: «Voyez Hylas, comme je le fais fouetter; si vous ne m'obéissez pas, vous êtes morts aujourd'hui.» Nous donnons. Autrement, le vieux nous piétinerait et nous ferait chier huit fois davantage. Hâtons-nous donc, mon bon, de voir maintenant quelle voie à suivre et vers qui.

NIKIAS

Le mieux, mon bon, c'est notre: «Échappons-nous! »

DÈMOSTHÉNÈS

Mais il n'est pas facile de rien cacher au Paphlagonien; il a l'œil à tout. Une de ses jambes est à Pylos, et l'autre à l'assemblée; si bien que, ses jambes ainsi écartées, son derrière est en Khaonia, ses mains en Ætolia et son esprit en Klopidia.

NIKIAS

Le mieux pour nous est donc de mourir. Mais voyons à mourir de la mort la plus héroïque.

DÈMOSTHÉNÈS

Mais quelle sera cette mort très héroïque?

NIKIAS

La plus belle pour nous est de boire du sang de taureau. Une mort comme celle de Thémistoklès n'est pas à dédaigner.

DÈMOSTHÉNÈS

Oui, par Zeus! buvons du vin pur à notre Bon Génie, et peut-être trouverons-nous quelque utile dessein.

NIKIAS

Comment? Du vin pur? Tu songes à boire? Jamais homme ivre a-t-il trouvé quelque utile dessein?

DÈMOSTHÉNÈS

Vraiment, mon bon? Tu es un robinet de sottes paroles. Tu oses accuser le vin de pousser à la démence? Trouve-moi donc quelque chose de plus pratique que le vin. Vois-tu? Quand on a bu, on est riche, on fait ses affaires, on gagne ses procès, on est en plein bonheur, on rend service aux amis. Allons, apporte-moi vite une cruche de vin! Que j'arrose mon esprit pour trouver une idée ingénieuse!

NIKIAS

Hélas! Que nous fera ta boisson?

DÈMOSTHÉNÈS

Beaucoup de bien. Apporte-la; moi je vais m'étendre. Une fois ivre, je te débiterai sur tout ce qui nous intéresse un tas de petits conseils, de petites sentences et de petites raisons.

NIKIAS. Il rentre dans la maison et revient avec une cruche

Quelle chance de n'avoir pas été pris volant ce vin!

DÈMOSTHÉNÈS

Dis-moi, le Paphlagonien, que fait-il?

NIKIAS

Bourré de gâteaux confisqués, le drôle ronfle, cuvant son vin et couché sur des cuirs.

DÈMOSTHÉNÈS

Eh bien, maintenant, verse-moi un plein verre de vin pur, en manière de libation.

NIKIAS

Prends et fais une libation au Bon Génie: déguste, déguste la liqueur du Génie de Pramnè.

DÈMOSTHÉNÈS

O Bon Génie, c'est ta volonté et non pas la mienne.

NIKIAS

Dis, je t'en prie, qu'y a-t-il?

DÈMOSTHÉNÈS

Va vite voler les oracles du Paphlagonien endormi, et rapporte-les de la maison.

NIKIAS

Soit; mais je crains que ce Bon Génie ne se trouve en être un Mauvais.

DÈMOSTHÉNÈS

Et maintenant approche-moi la cruche, pour arroser mon esprit et dire quelque parole ingénieuse.

NIKIAS. Il sort un instant et il rentre aussitôt

Comme il pète, comme il ronfle, le Paphlagonien! Aussi ne m'a-t-il pas surpris dérobant l'oracle, qu'il garde avec le plus de soin.

DÈMOSTHÉNÈS

O le plus fin des hommes! Donne, que je lise. Toi, verse-moi à boire sans retard. Voyons ce qu'il y a là dedans. Oh! les oracles! Donne, donne-moi vite à boire!

NIKIAS

Voyons, que dit l'oracle?

DÈMOSTHÉNÈS

Verse encore!

NIKIAS

Est-ce qu'il y a dans l'oracle: «Verse encore! »

DÈMOSTHÉNÈS

O Bakis!

NIKIAS

Qu'y a-t-il?

DÈMOSTHÉNÈS

A boire! Vite!

NIKIAS

Il paraît que Bakis aimait à boire.

DÈMOSTHÉNÈS

Ah! maudit Paphlagonien, voilà donc pourquoi tu gardais depuis si longtemps l'oracle qui te concerne, tu avais peur!

NIKIAS

De quoi?

DÈMOSTHÉNÈS

Il est dit là comment il doit finir.

NIKIAS

Et comment?

DÈMOSTHÉNÈS

Comment? L'oracle annonce clairement que d'abord un marchand d'étoupes doit avoir en main les affaires de la cité.

NIKIAS

Voilà déjà un marchand! Et ensuite, dis?

DÈMOSTHÉNÈS

Après lui, en second lieu, un marchand de moutons.

NIKIAS

Cela fait deux marchands. Et que lui advient-il à celui-là?

DÈMOSTHÉNÈS

D'être le maître, jusqu'à ce qu'il en arrive un plus scélérat. Alors il périt, et à sa place arrive le marchand de cuirs, le Paphlagonien rapace, braillard, à voix de charlatan.

NIKIAS

Il faut donc que le marchand de moutons soit exterminé par le marchand de cuirs?

DÈMOSTHÉNÈS

Oui, par Zeus!

NIKIAS

Malheureux que je suis! Où trouver un autre marchand, un seul?

DÈMOSTHÉNÈS

Il en est encore un, qui exerce un métier hors ligne.

NIKIAS

Dis-moi, je t'en prie, qui est-ce?

DÈMOSTHÉNÈS

Tu le veux?

NIKIAS

Oui, par Zeus!

DÈMOSTHÉNÈS

C'est un marchand d'andouilles qui le renversera.

NIKIAS

Un marchand d'andouilles! Par Poséidôn! le beau métier! Mais, dis-moi, où trouverons-nous cet homme?

DÈMOSTHÉNÈS

Cherchons-le.

NIKIAS

Tiens! le voici qui, grâce aux dieux, s'avance vers l'Agora.

DÈMOSTHÉNÈS

O bienheureux marchand d'andouilles, viens, viens, mon très cher; avance, sauveur de la ville et le nôtre.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Qu'est-ce? Pourquoi m'appelez-vous?

DÈMOSTHÉNÈS

Viens ici, afin de savoir quelle chance tu as, quel comble de prospérité.

NIKIAS

Voyons; débarrasse-le de son étal, et apprends-lui l'oracle du dieu, quel il est. Moi, je vais avoir l'œil sur le Paphlagonien.

DÈMOSTHÉNÈS

Allons, toi, dépose d'abord cet attirail, mets-le à terre; puis adore la terre et les dieux.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Soit: qu'est-ce que c'est?

DÈMOSTHÉNÈS

Homme heureux, homme riche; aujourd'hui rien, demain plus que grand, chef de la bienheureuse Athènes.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Hé! mon bon, que ne me laisses-tu laver mes tripes et vendre mes andouilles, au lieu de te moquer de moi?

DÈMOSTHÉNÈS

Imbécile! Tes tripes! Regarde par ici. Vois-tu ces files de peuple?

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Je les vois.

DÈMOSTHÉNÈS

Tu seras le maître de tous ces gens-là; et celui de l'Agora, des ports, de la Pnyx; tu piétineras sur le Conseil, tu casseras les stratèges, tu les enchaîneras, tu les mettras en prison; tu feras la débauche dans le Prytanéion.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Moi?

DÈMOSTHÉNÈS

Oui, toi. Et tu ne vois pas encore tout. Monte sur cet étal, et jette les yeux sur toutes les îles d'alentour.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Je les vois.

DÈMOSTHÉNÈS

Eh bien! Et les entrepôts? Et les navires marchands?

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

J'y suis.

DÈMOSTHÉNÈS

Comment donc! N'es-tu pas au comble du bonheur? Maintenant jette l'œil droit du côté de la Karia, et l'œil gauche du côté de la Khalkèdonia.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Effectivement; me voilà fort heureux de loucher!

DÈMOSTHÉNÈS

Mais non: c'est pour toi que se fait tout ce trafic; car tu vas devenir, comme le dit cet oracle, un très grand personnage.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Dis-moi, comment moi, un marchand d'andouilles, deviendrai-je un grand personnage?

DÈMOSTHÉNÈS

C'est pour cela même que tu deviendras grand, parce que tu es un mauvais drôle, un homme de l'Agora, un impudent.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Je ne me crois pas digne d'un si grand pouvoir.

DÈMOSTHÉNÈS

Hé! hé! pourquoi dis-tu que tu n'en es pas digne? Tu me parais avoir conscience que tu n'es pas sans mérite. Es-tu fils de gens beaux et bons?

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

J'en atteste les dieux, je suis de la canaille.

DÈMOSTHÉNÈS

Quelle heureuse chance! Comme cela tourne bien pour tes affaires!

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Mais, mon bon, je n'ai pas reçu la moindre éducation; je connais mes lettres, et, chose mauvaise, même assez mal.

DÈMOSTHÉNÈS

C'est la seule chose qui te fasse du tort, même sue assez mal. La démagogie ne veut pas d'un homme instruit, ni de mœurs honnêtes; il lui faut un ignorant et un infâme. Mais ne laisse pas échapper ce que les dieux te donnent, d'après leurs oracles.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Que dit donc cet oracle?

DÈMOSTHÉNÈS

De par les dieux, il y a de la finesse et de la sagesse dans son tour énigmatique: «Oui, quand l'aigle corroyeur, aux serres crochues, aura saisi dans son bec le dragon stupide, insatiable de sang, ce sera fait de la saumure à l'ail des Paphlagoniens, et la divinité comblera de gloire les tripiers, à moins qu'ils ne préfèrent vendre des andouilles.»

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

En quoi cela me regarde-t-il? Apprends-le-moi.

DÈMOSTHÉNÈS

L'aigle corroyeur, c'est ce Paphlagonien.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Que signifie: «Aux serres crochues»?

DÈMOSTHÉNÈS

Cela veut dire qu'avec ses mains crochues il enlève et emporte tout.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Et le dragon?

DÈMOSTHÉNÈS

C'est ce qu'il y a de plus clair: le dragon est long, le boudin aussi, et boudin et dragon se remplissent de sang. Or, l'oracle dit que l'aigle corroyeur sera dompté par le dragon, si celui-ci ne se laisse pas enjôler par des mots.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Oui, l'oracle me désigne; mais j'admire comment je serai capable de gouverner Dèmos.

DÈMOSTHÉNÈS

Tout ce qu'il y a de plus simple. Fais ce que tu fais: brouille toutes les affaires comme tes tripes; amadoue Dèmos en l'édulcorant par des propos de cuisine: tu as tout ce qui fait un démagogue, voix canaille, nature perverse, langage des halles: tu réunis tout ce qu'il faut pour gouverner. Les oracles sont pour toi, y compris celui de la Pythie. Couronne-toi, fais des libations à la Sottise, et lutte contre notre homme.

LE MARCHAND D'ANDOUILLES

Qui sera mon allié? Car les riches le craignent, et les pauvres en ont peur.

DÈMOSTHÉNÈS

Mais il y a les Chevaliers, braves gens au nombre de mille, qui l'ont en haine: ils te viendront en aide, et avec eux les citoyens beaux et bons, les spectateurs sensés, moi et le dieu. Ne crains rien: tu ne verras pas ses traits. Pris de peur, aucun artiste n'a voulu faire son masque; on le reconnaîtra tout de même: le public n'est pas bête.

NIKIAS

Malheur à moi! Le Paphlagonien sort.

KLÉÔN

Non, par les douze dieux, vous n'aurez pas à vous réjouir vous deux qui, depuis longtemps, conspirez contre Dèmos. Que fait là cette coupe de Khalkis? Pas de doute que vous n'excitiez les Khalkidiens à la révolte. Vous mourrez, vous périrez, couple infâme!

DÈMOSTHÉNÈS

Hé! l'homme! Tu fuis, tu ne restes pas là? Brave marchand d'andouilles, ne gâte pas nos affaires. Citoyens Chevaliers, accourez: c'est le moment. Hé! Simôn, Panætios, n'appuyez-vous pas l'aile droite? Voici nos hommes. Toi, tiens bon, et fais volte-face. La poussière qu'ils soulèvent annonce leur approche. Oui, tiens ferme, repousse l'ennemi et mets-le en fuite.

LE CHŒUR

Frappe, frappe ce vaurien, ce trouble-rang des Chevaliers, ce concussionnaire, ce gouffre, cette Kharybdis de rapines, ce vaurien, cet archivaurien! Je me plais à le dire plusieurs fois; car il est vaurien plusieurs fois par jour. Oui, frappe, poursuis, mets-le aux abois, extermine. Hais-le comme nous le haïssons; crie à ses trousses! Prends garde qu'il ne t'échappe, vu qu'il connaît les passes par lesquelles Eukratès s'est sauvé droit dans du son.

KLÉÔN

Vieillards hèliastes, confrères du triobole, vous que je nourris de mes criailleries, en mêlant le juste et l'injuste, venez à mon aide, je suis battu par des conspirateurs.

Yosh cheklamasi:
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03 avgust 2018
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Ushbu kitob bilan o'qiladi