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Contes de bord

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Dès que toute ma cargaison se trouva embarquée, je fis mes dispositions pour partir, et j'appareillai enfin avec une bonne brise de terre. La nuit qui suivit mon départ ne fut marquée par aucun incident extraordinaire; mais le lendemain, vers deux ou trois heures de l'après-midi, j'aperçus à une assez grande distance, et un peu sous le vent de moi, un bâtiment qui paraissait courir la même bordée que la mienne ou vouloir me rallier. Le peu de vent qui se jouait en ce moment sur la mer, pour ainsi dire endormie, ne permettait pas au navire en vue de m'approcher promptement, et cependant, au bout de quelque temps, je crus remarquer qu'il m'avait assez sensiblement gagné. Je braquai ma longue-vue sur lui avec quelque inquiétude, et à force de chercher à découvrir tous ses mouvemens, je m'aperçus qu'il avait bordé une assez grande quantité d'avirons, et je demeurai convaincu qu'au bout de peu d'instans, il pourrait bien m'avoir accosté.

Privé, au sein du calme plat qui se fit bientôt, de m'éloigner de ce diable de navire qu'un pressentiment secret me faisait déjà regarder comme suspect, j'attendais avec anxiété le moment où la brise du soir s'élèverait. Cette brise maudite n'arrivait pas, et chaque minute d'attente me paraissait longue comme une heure de torture. La goélette s'approchait toujours; et, quand il me fut permis de l'observer de plus près que je ne l'avais encore fait, je reconnus, ou je crus reconnaître l'Isabella.... Un quart d'heure après cette triste découverte, il ne me resta plus de doute sur l'espèce de rencontre que je venais de faire. La goélette hissa, une fois à deux portées de canon de moi, un grand pavillon rouge à croix blanche au haut de son mât de misaine. Malgré le trouble de mes idées, je me rappelai que c'était le signal particulier auquel le capitaine Manfredo m'avait dit que je le reconnaîtrais si nous avions quelque jour le bonheur de nous rencontrer à la mer..... Quel bonheur!… J'étais consterné: il n'y avait plus moyen de lui échapper, car il venait trop bon train.... Mais au moment où je réunissais toutes mes forces pour me résigner au sort que je ne prévoyais que trop, la brise, cette brise que j'avais attendue si vainement jusque là, s'éleva tout-à-coup du côté de terre, et je la vis avec un ravissement indicible enfler mes voiles abattues et faire plier mollement mon navire sur le côté de tribord. C'était la vie et l'espoir qui me revenaient avec la fraîcheur du vent. Plus de crainte du pirate! Mes voiles, arrondies par les risées dont je profite, m'enlèvent comme des ailes rapides, à l'avidité de mon infatigable vautour. Il a beau rentrer ses avirons en double, et larguer toutes ses petites voiles pour me poursuivre sans relâche; au bout d'une heure de chasse il n'a rien gagné sur moi; au contraire, il parait avoir perdu du terrain, et il se voit bientôt contraint d'abandonner la partie, avant la nuit qui s'avance, apportant dans ses flancs une brise forte et ronde, qu'elle étend, avec ses ombres immenses, sur la mer doucement agitée.

Mais mon ami le pirate ne voulut pas me quitter sans me faire solennellement ses adieux. Au moment où il virait de bord pour s'éloigner de moi, il m'envoya quatre coups de canon dont les boulets allèrent se perdre à quelque cents brasses de mon navire.

Ce furent là ses derniers adieux! Ah! si jamais je confie encore mou existence aux flots, puisse le ciel ne plus me faire rencontrer d'anciens amis à qui il aurait pris fantaisie de faire, pour leur compte, de petites affaires sur mer!

FIN

NOTES

[1] On trouvera peut-être ce conte d'assez mauvais goût, et je conviendrai sans peine moi-même qu'il est bien loin de donner aux lecteurs une idée favorable de la littérature de bord; mais l'intention qui m'a guidé en publiant ces esquisses, c'est celle d'offrir aux gens du monde la peinture, aussi exacte que possible, des moeurs des marins, et, sous ce dernier rapport, on ne peut nier que les contes dont s'amusent les hommes de mer ne portent l'empreinte la plus fidèle de leur caractère et des idées qu'ils se sont formées sur la plupart des choses qui occupent à terre une société à laquelle ils sont pour ainsi dire étrangers. Le Roi-Matelot n'est pas une oeuvre d'imagination, tant s'en faut: c'est, si l'on peut se permettre cette expression, le croquis d'un site, la copie d'un bizarre paysage, prise dans une contrée aride, inconnue. On rapporte souvent des pays de découvertes des choses plus étranges que belles. La science et l'étude seules y trouvent leur compte, et c'est déjà beaucoup.

[2] Un long nez.

[3] Il est bon de remarquer, pour comprendre cette allusion, que le conteur parlait alors sous la Restauration, et que la Restauration avait des espions partout.

[4] Les noms que je donne à ces deux frégates sont supposés.

[5] Nom que l'on donne aux petits porte-voix.

[6]Yole, pirogue, embarcation légère à rames et à voiles.

[7] Il est nécessaire de ne pas confondre, en lisant cette petite notice, l'île de la Barboude avec celle de la Barbade. Toutes deux appartiennent aux Anglais. Mais la Barbade, riche et jolie colonie, est située par les 13 degrés de latitude nord et les 62 degrés de longitude ouest, tandis que la Barboude, une des plus septentrionales des îles du Vent, située par les 18 degrés de latitude nord, et 65 degrés 55 minutes de longitude ouest, n'est qu'une langue de terre à peu près inculte, et depuis peu habitée par quelques colons. Il est à remarquer que les Connaissances des temps, malgré les dangers que présente l'approche de la Barboude, ne donnent pas, dans la liste des situations géographiques des lieux les plus important la position de cet écueil.

[8] On appelle rouffle ou carrosse, à bord des navires, ces sortes de grandes cabanes que l'on élève sur l'arrière du pont des bâtimens pour loger les officiers ou les passagers. Un rouffle présente à peu prés l'aspect d'une caisse de diligence.

[9] On nomme le poste des aspirans, la partie du faux-pont où logent et mangent les aspirans de marine.

[10] On nomme ainsi à bord, les haricots secs de la cambuse.

[11] La poste-aux-choux est l'embarcation qui va tous les matins à terre pour chercher les provisions fraîches du bord.

[12] Soifier ou soifeur, buveur qui a toujours soif et qui soife toujours. C'est un terme d'orgie.

[13] Ces couplets, qui eurent un grand succès dans la marine, furent en effet composés par MM. Luco et Rinjard, deux aspirans de la division navale de Lorient, embarqués sur le vaisseau l'Eylau et la corvette la Diligente.