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Les épaves de Charles Baudelaire

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Vraiment oui! vieux monstre, je t'aime!
 

XIII

FRANCISCÆ MEÆ LAUDES
VERS COMPOSES POUR UNE MODISTE ERUDITE ET DEVOTE7
 
Novis te cantabo chordis,
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.
 
 
Esto sertis implicata,
O femina delicata,
Per quam solvuntur peccata!
 
 
Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quæ imbuta es magnete.
 
 
Quum vitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,
 
 
Velut stella salutaris
In naufragiis amaris.
– Suspendam cor tuis aris!
 
 
Piscina plena virtutis,
Fons æternæ juventutis,
Labris vocem redde mutis!
 
 
Quod erat spurcum, cremasti;
Quod rudius, exæquasti;
Quod debile, confirmasti!
 
 
In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
 
 
Adde nunc vires viribus,
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus!
 
 
Meos circa lumbos mica,
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica;
 
 
Patera gemmis corusca,
Panis salsus, mollis esca,
Divinum vinum, Francisca!
 

EPIGRAPHES

XIV

VERS POUR LE PORTRAIT
DE M. HONORE DAUMIER8
 
Celui dont nous t'offrons l'image,
Et dont l'art, subtil entre tous,
Nous enseigne à rire de nous,
Celui-là, lecteur, est un sage.
 
 
C'est un satirique, un moqueur;
Mais l'énergie avec laquelle
Il peint le Mal et sa séquelle,
Prouve la beauté de son cœur.
 
 
Son rire n'est pas la grimace
De Melmoth ou de Méphisto
Sous la torche de l'Alecto
Qui les brûle, mais qui nous glace.
 
 
Leur rire, hélas! de la gaîté
N'est que la douloureuse charge;
Le sien rayonne, franc et large,
Comme un signe de sa bonté!
 

XV

LOLA DE VALENCE9
 
Entre tant de beautés que partout on peut voir,
Je comprends bien, amis, que le désir balance;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir.
 

XVI

SUR LE TASSE EN PRISON
D'EUGENE DELACROIX
 
Le poëte au cachot, débraillé, maladif,
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
Mesure d'un regard que la terreur enflamme
L'escalier de vertige où s'abîme son âme.
Les rires enivrants dont s'emplit la prison
Vers l'étrange et l'absurde invitent sa raison;
Le Doute l'environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.
 
 
Ce génie enfermé dans un taudis malsain,
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,
 
 
Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille,
Voilà bien ton emblême, Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs!
 
1842.

PIECES DIVERSES

XVII

LA VOIX
 
Mon berceau s'adossait à la bibliothèque,
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
Se mêlaient. J'étais haut comme un in-folio.
Deux voix me parlaient. L'une, insidieuse et ferme,
Disait: «La Terre est un gâteau plein de douceur;
Je puis (et ton plaisir serait alors sans terme!)
Te faire un appétit d'une égale grosseur.»
Et l'autre: «Viens! oh! viens voyager dans les rêves,
Au delà du possible, au delà du connu!»
Et celle-là chantait comme le vent des grèves,
Fantôme vagissant, on ne sait d'où venu,
Qui caresse l'oreille et cependant l'effraie.
Je te répondis: «Oui! douce voix!» C'est d'alors
Que date ce qu'on peut, hélas! nommer ma plaie
Et ma fatalité. Derrière les décors
De l'existence immense, au plus noir de l'abîme,
Je vois distinctement des mondes singuliers,
Et, de ma clairvoyance extatique victime,
Je traîne des serpents qui mordent mes souliers.
Et c'est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
J'aime si tendrement le désert et la mer;
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
Et trouve un goût suave au vin le plus amer;
Que je prends très-souvent les faits pour des mensonges,
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
Mais la Voix me console et dit: «Garde tes songes:
Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!»
 

XVIII

L'IMPREVU10
 
Harpagon, qui veillait son père agonisant,
Se dit, rêveur, devant ces lèvres déjà blanches:
«Nous avons au grenier un nombre suffisant,
Ce me semble, de vieilles planches?»
 
 
Célimène roucoule et dit: «Mon cœur est bon,
Et naturellement, Dieu m'a faite très-belle.»
– Son cœur! cœur racorni, fumé comme un jambon,
Recuit à la flamme éternelle!
 
 
Un gazetier fumeux, qui se croit un flambeau,
Dit au pauvre, qu'il a noyé dans les ténèbres:
«Où donc l'aperçois-tu, ce créateur du Beau,
Ce Redresseur que tu célèbres?»
 
 
Mieux que tous, je connais certain voluptueux
Qui bâille nuit et jour, et se lamente et pleure,
Répétant, l'impuissant et le fat: «Oui, je veux
Etre vertueux, dans une heure!»
 
 
L'Horloge, à son tour, dit à voix basse: «Il est mûr,
Le damné! J'avertis en vain la chair infecte.
L'homme est aveugle, sourd, fragile comme un mur
Qu'habite et que ronge un insecte!»
 
 
Et puis, Quelqu'un paraît, que tous avaient nié,
Et qui leur dit, railleur et fier: «Dans mon ciboire,
Vous avez, que je crois, assez communié,
A la joyeuse Messe noire?
 
 
Chacun de vous m'a fait un temple dans son cœur;
Vous avez, en secret, baisé ma fesse immonde!11
Reconnaissez Satan à son rire vainqueur,
Enorme et laid comme le monde!
 
 
Avez-vous donc pu croire, hypocrites surpris,
Qu'on se moque du maître, et qu'avec lui l'on triche,
Et qu'il soit naturel de recevoir deux prix,
D'aller au Ciel et d'être riche?
 
 
Il faut que le gibier paye le vieux chasseur
Qui se morfond longtemps à l'affût de la proie.
Je vais vous emporter à travers l'épaisseur,
Compagnons de ma triste joie
 
 
A travers l'épaisseur de la terre et du roc,
A travers les amas confus de votre cendre,
Dans un palais aussi grand que moi, d'un seul bloc
Et qui n'est pas de pierre tendre;
 
 
Car il est fait avec l'universel Péché,
Et contient mon orgueil, ma douleur et ma gloire!»
– Cependant, tout en haut de l'univers juché,
Un Ange sonne la victoire
 
 
De ceux dont le cœur dit: «Que béni soit ton fouet,
Seigneur! que la douleur, ô Père, soit bénie!
Mon âme dans tes mains n'est pas un vain jouet,
Et ta prudence est infinie.»
 
 
Le son de la trompette est si délicieux,
Dans ces soirs solennels de célestes vendanges,
Qu'il s'infiltre comme une extase dans tous ceux
Dont elle chante les louanges.
 
7Le sous-titre de cette pièce, supprimé dans la seconde édition des Fleurs du Mal, se trouve dans la première avec la drôle de note suivante: «Ne semble-t-il pas au lecteur, comme à moi, que la langue de la dernière décadence latine, – suprême soupir d'une personne robuste, déjà transformée et préparée pour la vie spirituelle, – est singulièrement propre à exprimer la passion, telle que l'a comprise et sentie le monde poëtique moderne? La mysticité est l'autre pôle de cet aimant, dont Catulle et sa bande, poëtes brutaux et purement épidermiques, n'ont connu que le pôle sensualité. Dans cette merveilleuse langue, le solécisme et le barbarisme me paraissent rendre les négligences forcées d'une passion qui s'oublie et se moque des règles. Les mots, pris dans une acception nouvelle, révèlent la maladresse charmante du barbare du Nord, agenouillé devant la beauté romaine. Le calembour lui-même, quand il traverse ces pédantesques bégaiements, ne joue-t-il pas la grâce sauvage et baroque de l'enfance?» – C. B.
8Ces stances ont été faites pour un portrait de M. Daumier, gravé d'après le remarquable médaillon de M. Pascal, et reproduit dans le second volume de l'Histoire de la caricature, de M. Champfleury, où cet écrivain a rendu justice au caricaturiste avec la raison passionnée qui lui est habituelle. (Note de l'éditeur.)
9Ces vers ont été composés pour servir d'inscription à un merveilleux portrait de mademoiselle Lola, ballerine espagnole, par M. Edouard Manet, qui, comme tous les tableaux du même peintre, a fait esclandre. – La muse de M. Charles Baudelaire est si généralement suspecte, qu'il s'est trouvé des critiques d'estaminet pour dénicher un sens obscène dans le bijou rose et noir. Nous croyons, nous, que le poëte a voulu simplement dire qu'une beauté, d'un caractère à la fois ténébreux et folâtre, faisait rêver à l'association du rose et du noir. (Note de l'éditeur.)
10Ici l'auteur des Fleurs du Mal se tourne vers la Vie Eternelle. Ça devait finir comme ça. Observons que, comme tous les nouveaux convertis, il se montre très-rigoureux et très-fanatique. (Note de l'éditeur.)
11Voir à propos de la messe et de la fesse, la Sorcière, de Michelet, la Monographie du Diable, de Charles Louandre, le Rituel de la haute Magie, d'Eliphas Lévi, et, en général, tous les auteurs traitant de la sorcellerie, de la démonologie et du rit diabolique. (Note de l'éditeur.)